Le lundi 5 février 2018, le Congrès national d’initiative démocratique – Faso Yiriwa Ton (CNID-FYT) a décidé de mettre en veilleuse sa participation à la Convention de la majorité présidentielle (CMP). Une décision annoncée sur les réseaux sociaux par son président. Dans cet entretien, Me Mountaga Tall donne les raisons de cette décision, évoque les élections générales de 2018 et parle du bilan de la participation de son parti au Gouvernement.
Le Matin : Nous avons appris, via les réseaux sociaux, que le CNID-FYT a suspendu sa participation à la Convention de la majorité présidentielle (CMP). Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
Me Mountaga Tall : Nous avons décidé, au sortir du premier tour de l’élection présidentielle de 2013, de reporter nos voix sur le candidat Ibrahim Boubacar Keïta. La logique a donc voulu que nous nous retrouvions dans le regroupement politique, c’est-à-dire la Convention de la majorité présidentielle (CMP), qui supportait ses actions. Nous l’avons fait avant d’entrer au Gouvernement.
Nous avons continué à le faire quand nous étions au Gouvernement. Mais, aujourd’hui, le parti, à travers son comité directeur, a décidé de suspendre sa participation à cette structure avant de soumettre la question aux instances habilitées qui devraient valider cette première décision et aller vers un retrait définitif.
La raison principale est que, de moins en moins, nous nous reconnaissons aussi bien dans l’organisation de la CMP que dans ses objectifs mais aussi et surtout dans la politique aujourd’hui menée. Avec cohérence, honnêteté et loyauté, nous avons donc décidé de notifier notre départ afin que les choses soient claires.
Cela a-t-il un lien avec votre sortie du Gouvernement?
Nous-nous sommes retirés après que le Président de la République nous a consultés pour un retour au Gouvernement. Donc, bien évidemment, on ne peut faire de lien. Il nous aurait suffi, au cours de ces consultations, d’accepter le principe du retour dans le Gouvernement pour en faire partie.
Le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, a annoncé le 11 février 2018 à Mopti que le premier tour de la présidentielle aura lieu le 29 juillet. Êtes-vous sûr de cela ?
Il ne m’appartient pas d’organiser les élections qui relèvent des prérogatives du Gouvernement, de la CENI et de la Délégation générale aux élections (DGE). Mais, en tant que citoyen, en tant que parti politique, nous devons tous nous impliquer très fortement afin que les élections se tiennent dans les délais, dans la transparence et sur l’ensemble du territoire national. Tenir ces élections constitue un défi important pour la consolidation de la démocratie dans notre pays. Chacun, à la place qui est la sienne, devrait s’atteler le plus fortement possible afin que des élections transparentes, démocratiques se tiennent dans les délais impartis. Si cela n’est pas le cas, c’est la porte ouverte à toutes les aventures.
Et si jamais il est impossible d’organiser les élections aux dates prévues. Quel scénario préconisez-vous ?
Je n’ai pas de plan B. Il faudrait tout faire pour que les élections se tiennent.
Quelle part de responsabilité assumez-vous dans la gestion du Président de la République ?
Au CNID, nous n’avons pas l’habitude de nous débiner, de fuir nos responsabilités. Nous avons accepté de soutenir le Président de la République élu en 2013 parce que nous avions une conscience très claire, très aiguë des difficultés que notre pays connaissait, des défis extrêmement importants qui nous étaient posés et aussi de l’ampleur de la tâche.
Nous ne pouvions pas être spectateurs, nous avons décidé d’être acteurs. Ce faisant, j’ai personnellement été appelé à assumer des responsabilités ministérielles. D’abord au niveau de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique puis au niveau de l’Economie numérique et de la Communication (porte-parole du Gouvernement). En fin de mandat, dans les deux cas, j’ai publié le bilan de mes actions. Ce bilan nous engage fortement et c’est en toute connaissance de cause que nous l’avons publié parce que, encore une fois, nous ne fuyons pas nos responsabilités. Nous les assumons !
Quel est votre regard sur les quatre ans d’IBK ?
Le peuple malien sera appelé à se prononcer sur le bilan du Président de la République dans quelques mois. C’est le seul jugement qui vaille. Tous les autres procèdent soit de considérations subjectives, soit d’agenda propre. Mais le jugement du peuple est celui qui est péremptoire et tout le monde doit s’y conformer.
Face à l’ensemble des défis auxquels la République fait face depuis 2012, quel appel lancez-vous à la classe politique malienne ?
La classe politique malienne doit avoir l’humilité aujourd’hui de considérer que, seule, elle ne pouvait pas relever le défi. Ma démarche, ma conviction la plus intime, est qu’il convient de décloisonner entre la classe politique et la société civile, de faire en sorte que les Maliens et les Maliennes puissent se retrouver dans un seul et même creuset, se tenir résolument la main et faire face aux défis multiples qui nous interpellent : le défi de la sécurité, celui du développement, celui du mieux-être individuel et collectif !