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Général Moussa Traoré, ancien chef de l’Etat du Mali : « Lorsque la classe politique faillit, les populations se tournent vers les religieux »
Publié le jeudi 22 fevrier 2018  |  Le challenger
Moussa
© AFP par FRANCOIS ROJON
Moussa Traoré
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Dans une vidéo de trois minutes, vingt-neuf secondes, diffusée le 14 février dernier sur le site internet du journal en ligne « Mondafrique », l’ex-dictateur du Mali sort de sa réserve. Trempé dans un boubou bazin de couleur bleue et coiffé d’un bonnet rouge, le Général de corps d’armées analyse l’influence des dignitaires religieux sur la scène politique au Mali. Moussa Traoré affirme : « Je crois qu’il ne faut pas exagérer ou dire qu’on tend vers un extrémisme, inapplicable au Mali. Nous ne sommes pas sur le point d’aller vers une République islamique », précise d’entrée de jeu le général Moussa Traoré.

A 82 ans, le plus jeune chef de l’Etat dans l’histoire du Mali (le lieutenant Moussa Traoré n’avait que 32 ans en 1960 lorsque lui et la bande de 14 renversaient le père de l’indépendance, Modibo Kéïta) accable la classe politique. Selon lui, c’est la défaillance de la classe politique qui a permis aux religieux d’occuper le champ politique avec un discours qui remporte l’adhésion des populations à la fois perdue et désespérée. « Il est réel que la classe politique ne donne pas aux citoyens, aux populations, la réponse à leurs légitimes aspirations. Cela est réel. C’est un échec. C’est pourquoi les populations se tournent vers les religieux où elles entendent des discours d’entraide, de tolérance », déclare-t-il. Pour l’ancien chef de l’Etat qui a géré le Mali pendant 23 ans, ce discours d’entraide et de tolérance des dignitaires séduit les jeunes, voire les anciens. « Vous savez, cela remporte l’adhésion des jeunes et même des anciens », détaille l’ex-dictateur devenu très populaire auprès des populations. Il fustige la défaillance de l’élite politique qui a poussé les citoyens vers les dignitaires religieux. « Lorsque la classe politique faillit, les populations se tournent vers les religieux. Cela ne veut pas dire qu’on va vers une République islamique. Non ! », affirme-t-il sans ambages.

« Ce sont les religieux qui mènent la campagne pour les candidats »
A en croire le Général Moussa Traoré, cette situation n’est pas propre au Mali. Sans citer de nom, l’ancien locataire de la Maison du peuple et du Palais de Koulouba affirme connaître des pays où ce phénomène gagne du terrain. « Ce n’est pas au Mali seulement. Dans certains pays voisins, lorsqu’ils veulent se faire élire, ils s’adressent aux religieux parce que les responsables politiques ne répondent pas aux critères de choix. On ne peut plus se référer à eux pour mener des campagnes. Ce sont les religieux qui mènent la campagne pour les candidats à l’élection présidentielle….. », explique-t-il. Cette influence des religieux, selon Moussa Traoré, ne veut nullement dire que la République est islamique. « En dehors du Mali, je connais des pays où, si les religieux disent que vous serez élus, vous le serez. Pour autant la République n’est pas islamique », argue l’ancien chef de l’Etat.

Le Général Moussa Traoré, qualifié de « grand républicain» par le Président Ibrahim Boubacar Kéïta dans son discours d’investiture, affirme : « C’est sûr que le Haut Conseil Islamique a joué un rôle dans l’élection du Président de la République. Il est vrai que d’autres religieux ont joué un grand rôle ». Pour le moment, le retraité doré de Djicoroni, un quartier de la commune IV du district de Bamako, est persuadé que les musulmans qui ont voté massivement en 2013 ne veulent pas vivre dans une République islamique.

Chiaka Doumbia

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