Par Après plusieurs mois d’intenses débats, la nouvelle est tombée en début de semaine à travers une déclaration du Comité d’experts pour des élections apaisées au Mali. L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) va mener un audit du fichier électoral malien. Cette révélation fait suite au travail de lobbying intense mené par l’Alliance démocratique pour la paix (ADP-Maliba), l’un des principaux partis d’opposition, et de son président d’honneur Aliou Boubacar Diallo. Ce dernier se trouvait récemment à Paris pour sensibiliser les responsables de l’OIF et de l’Union Européenne sur les risques d’un scrutin mal organisé et opaque.
La tension monte au Mali à l’approche de l’élection présidentielle, dont le premier tour est prévu pour le 29 juillet. De nombreuses voix dans l’opposition s’inquiètent d’éventuelles manipulations de la part du camp du président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), et recherchent des garanties pour une élection équitable, transparente et indépendante. Depuis plusieurs semaines, des informations mettent en doute la fiabilité du fichier électoral et des fameuses cartes NINA, ces cartes d’électeur biométriques.
Le chef de file d’ADP-Maliba, Aliou Boubacar Diallo a, pour sa part, joint les actes aux paroles en se rendant discrètement à Paris et à Bruxelles en début d’année pour rencontrer, entre autres personnalités, l’état-major de l’OIF et le service européen d’action extérieure. Des rencontres qui n’avaient qu’un but : obtenir l’implication des partenaires du Mali dans le scrutin malien du mois de juillet.
Aliou Boubacar Diallo a finalement obtenu gain de cause. Malick Touré, le président du Comité d’experts pour les élections apaisées, a annoncé lundi que l’OIF s’était engagé à chapeauter un audit du fichier électoral malien. Cet audit des sept millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales devrait être mené conjointement avec un cabinet international.
L’audit du fichier électoral malien semble être un préalable indispensable pour la tenue d’élections crédibles au Mali. Le pays, en proie à de fortes tensions sécuritaires et à un climat politique marqué par une crispation autour des échéances à venir, attend impatiemment la présidentielle à venir. C’est à ce titre que, dans le but d’avoir des élections apaisées, depuis plusieurs mois, l’ensemble des leaders de l’opposition pointent régulièrement du doigt des « anomalies » dans le fichier électoral et doutent de la volonté d’IBK de se soumettre à une compétition transparente.
D’ailleurs, les représentants de la majorité présidentielle n’avaient pas souhaité voir l’OIF assurer l’audit du fichier électoral, comme le regrette Malick Touré. « Malgré l’absence des membres de la majorité présidentielle, le travail se passe bien et nous venons de valider les termes de référence de l’audit du fichier électoral ».
Les modalités de l’audit n’ont pas encore été décidées, mais il se murmure que la mission sera co-dirigée par la CENI et l’OIF, qui prendra de surcroît à sa charge le financement des opérations.
Du côté de l’opposition, les acteurs restent aux aguets et exigent un calendrier qui ne compromette pas l’élection dans les délais constitutionnels de Juillet. Pour la rassurer, le comité d’experts a annoncé que l’audit doit impérativement être finalisé d’ici le 31 avril afin de laisser à la Délégation générale aux élections (CENI) le temps de réajuster le répertoire des bureaux de vote.