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Que sont-ils devenus : Oumar Guindo : Projecteurs sur un dur à cuir
Publié le samedi 24 fevrier 2018  |  Aujourd`hui
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Mopti, la Venise malienne, fait partie des régions dont les natifs ont contribué fortement à donner un renom au football malien. Parmi ceux-ci, on peut citer Cheick Fantamady Diallo, Bandiougou Bagayoko, Aly Diarra, Adama Fofana dit Agni, Mamadou Diarra ” Zami “, El Hadj Moussa Bagayoko, Mahamadou Cissé ” Tostao “. Après un temps à Mopti, ils terminent leur carrière à Bamako et se signalent en équipe nationale. Dans le cadre de la rubrique ” Que sont-ils devenus ? “, nous avons retrouvé un joueur qui a suivi les traces de ses ainés. Son nom, c’est Oumar Guindo, plus connu sous le nom de Barou Guindo dans sa ville natale. Le doyen Mamadou Diarra de l’Amap le qualifie d’un garçon très sérieux, discipliné et rigoureux sur le terrain. Ce qui justifie d’ailleurs son brassard de capitaine au Djoliba, quand on sait que dans ce club, il était rare à l’époque qu’on accorde un tel privilège à un transfuge, au détriment des produits de l’équipe. Les qualités de l’enfant du quartier de Mossi kiin de Mopti lui ont permis de réaliser une carrière riche et un palmarès honorable : une CAN et une coupe du monde junior, une CAN et une coupe Amilcar Cabral avec les Aigles, plus trois titres de champion et deux doublés avec le Djoliba.

our corroborer tous ces commentaires sur Oumar Guindo, nous rappelons aussi que le doyen Djibril Traoré de l’Ortm ne s’était pas trompé sur un reportage réalisé en 1989 sur le joueur, qui avait alors 20 ans. Le confrère a défini Oumar Guindo comme un défenseur tenace sur lequel le pays pouvait compter pour défendre le drapeau national. Parce que sa rage de vaincre, son courage et surtout son bon comportement annonçaient des lendemains meilleurs par rapport à sa carrière de jeune joueur.

“Rendez-moi mes terres !”

Toujours très humble, c’est un homme calme qui nous a reçus à son domicile à Banankabougou. Le refrain relatif à l’indifférence des autorités vis-à-vis des anciennes gloires a refait surface dans notre débat. Cependant, Oumar Guindo refuse d’être ingrat à l’égard du football malien. Parce que, justifie-t-il, il y a tout gagné : des terrains à usage d’habitation, de l’argent et surtout beaucoup de relations. Pourtant, il a eu d’énormes soucis dans la gestion d’un de ses terrains acquis à la faveur de la CAN de Tunisie 1994. Comment ?

Oumar Guindo aurait dû bénéficier de trois lots à usage d’habitation pour sa constance : d’abord en tant que junior en 1988 quand le Mali se qualifia pour la Coupe du monde (jouée en février 1989 en Arabie Saoudite) ; puis, en coupe Amilcar Cabral 1989, après le sacre des Aigles à Bamako ; enfin au retour de la CAN 1994. Mais hélas ! Puisque les lots des juniors et des séniors ont été attribués en même temps, on a trouvé une explication fallacieuse pour l’exclure de la liste du groupe de la Coupe du monde junior. Oumar Guindo s’est résigné.

Lors de la campagne de Tunis 1994 à laquelle il a pris part, tous les Aigles ont reçu une parcelle à Banankabougou. Curieusement, Guindo a failli perdre le sien, pour l’avoir loué à des mécaniciens garagistes. Après des années de location, ceux-ci ont maladroitement fait des investissements sur le terrain et à l’insu du propriétaire.

Très audacieux, ces mécaniciens finiront par lui demander de leur vendre le terrain, au motif qu’ils ont investi sur la parcelle. Face à un tel culot des locataires, l’ancien international dit avoir réagi avec la dernière rigueur pour exprimer sa désapprobation. De tractations en tractations, le différend passe devant les tribunaux et va jusqu’au bout. La Cour suprême départage les protagonistes. Oumar Guindo est (re)mis dans ses droits.

Chat échafaudé, craint eau froide. Oumar Guindo profita des retombées de son lot de 1989, pour construire celui de 1994. Et, c’est dans cette grande cour, avec des appartements et des magasins commerciaux que nous nous sommes entretenus avec notre héros du jour.

D’emblée notre mémoire va à ce match Mali- Brésil. En ce jour de 19 février 1989, les juniors maliens ont joué contre leurs homologues du Brésil en phase finale de la Coupe du monde, jouée en Arabie Saoudite. Les auditeurs sportifs eurent droit à une première mi-temps vierge, bien agrémentée par les commentaires du doyen Djibril Traoré au moment où les fidèles musulmans s’apprêtaient pour la grande prière du vendredi. Mais, coup de théâtre, en deuxième mi-temps, les Aiglons sombrent. Les descendants de Salif Kéïta “Domingo” boivent la tasse de la défaite jusqu’à la lie face aux “enfants” de Pelé. Score final : 5 buts à 0. Et nous revoyons encore le jeune Oumar Guindo déboussolé sur son couloir par les assauts répétés des Brésiliens. Comment expliquer cette déconvenue des Aiglons en seconde période ? L’enfant de Mopti explique : “Le score de zéro but partout en première mi-temps a été un facteur de motivation. Seulement, à la reprise, le coach brésilien a changé de système, tout en accentuant la pression. Ce qui a créé la panique dans le camp malien. Il y avait chevauchement entre le milieu et la défense. Les Brésiliens en ont profité pour pilonner la défense et multiplier les attaques pour nous assommer”.

Et que dire de cette autre lourde défaite en demi-finale de la CAN en 1994 à Tunis contre la Zambie ? Oumar Guindo affirme que l’entraineur Mamadou Kéïta dit Capi voyait déjà le Mali en finale. Ce qui l’a poussé à modifier son classement et cela a été un fiasco. Sinon, Barou se dit convaincu qu’après sa victoire en match d’ouverture contre la Tunisie, pays hôte, le Mali faisait partie des prétendants les plus sérieux au titre.

Les plus belles pages

du football malien

La vie sportive de notre héros Oumar Guindo commence dans sa région natale, Mopti, et plus précisément dans le quartier Mossi kiin au milieu des années 1970. Il a évolué d’abord au Tout Puissant, puis au Bani club de Mopti, avant de transférer au Débo Club en 1984.

Mais auparavant, Barou Guindo s’était fait suffisamment remarqué lors des rencontres inter scolaires de Mopti et Sévaré. Particulièrement, les matches entre les deux seconds cycles du Bloc scientifique de Mopti drainaient une foule immense sur le terrain “Caral école” de Bougoufié. Parce qu’on y rencontrait des jeunots qui écriront par la suite les plus belles pages de d’histoire du football malien, à l’image de Boubacar Barry “Bory Pelé”, Harouna Coulibaly “Diégo”, Bakary Traoré dit Bakarni, Mamoutou Kané “Mourlé” et, bien sûr, notre héros, Barou Guindo. Tous ces joueurs évolueront à partir de 1988 en Coupe du monde junior et avec les Aigles, pour certains d’entre eux.

Titulaire à part entière, Oumar Guindo s’imposa au Débo jusqu’au mois de juin 1988, à l’issue d’un match de championnat contre la Commune II. Après cette rencontre, il est convoqué en équipe nationale junior, coachée à l’époque par Idrissa Touré dit Nany et Mamadou Diakité dit Doudou. Oui c’est cette belle génération des Aiglons composée, entre autres, de Bouba Diabaté, Mamoutou Kané “Mourlé”, Amadou Bass, Oumar Sidibé, N’Faly Kanté, Malick Tandjigora, Mamoutou Tolo, Sory Ibrahim Touré dit Binkè, Mady Diallo et autres qui a offert au Mali sa première qualification à une phase finale de Coupe du monde, après avoir échoué en finale de la CAN face au Nigeria. Cette compétition a été l’occasion d’une part de redorer le blason du Mali sur le plan international et d’autre part, elle a permis à des jeunes de s’affirmer. Et tous les clubs maliens ont cherché à purger dans ce lot de jeunes talentueux et ambitieux.

Le choix du Djoliba AC tombe sur Oumar Guindo. Pour l’enrôler, le doyen Salif Diarra a été mandaté pour le convaincre à jouer au Djoliba. S’il soutient qu’il n’y a pas eu de compromis pour son transfert, Oumar Guindo justifie sa décision par l’amour du club. Au-delà, son frère ainé le confia au mandataire du Djoliba AC.

Une fois chez les Rouges de Bamako, comme l’a dit le doyen Mamadou Diarra, la discipline et le sérieux lui traceront la voie de la réussite. Pilier de la défense Djolibiste et capitaine à un moment donné de la vie du club, Oumar Guindo a remporté trois titres de champion, réalisé deux doublés (coupe-championnat) et disputé plusieurs matches des éliminatoires de la ligue des champions.

Sa sélection en équipe nationale junior en 1988 lui ouvre également les portes des Aigles. La fin de la campagne de la Coupe du monde junior, coïncide avec les éliminatoires de la CAN de 1990. Les Aigles, après avoir éliminé le Maroc, croisent sur leur chemin les Eléphants de Côte d’Ivoire. Qui ne se rappelle ce duel de titan, à Bamako, le 16 juillet 1989, entre Oumar Guindo et l’attaquant vedette ivoirien, Youssouf Falikou Fofana. Le jeune défenseur malien a mis sous l’éteignoir l’enfant de Makono dont les victimes ne se comptaient plus à travers les stades africains. Mieux, Barou Guindo a même marqué ce jour-là un but incontestable aux yeux de tout le monde sauf celui de l’arbitre. Mais ça, c’est l’histoire.

La même année, les Aigles ont remporté la coupe Amilcar Cabral à Bamako en battant en finale le Syli national de Guinée 3 à 0. Oumar Guindo est de cette campagne et il est imperturbable dans son couloir droit.

Son premier grand rendez-vous continental avec les Aigles fut la CAN de Tunisie en 1994. Il venait d’atteindre un des objectifs majeurs de sa carrière. Dommage qu’après cette coupe d’Afrique, le Mali ait mis assez de temps pour s’offrir une qualification à une phase finale de CAN. Oumar Guindo, lui, est demeuré constant au sein des Aigles et du Djoliba.

En 2000, il décide de mettre un terme à sa carrière, pour des raisons de fatigue, parce qu’en réalité, Oumar Guindo a été beaucoup utilisé dans sa jeunesse.

Comme bons souvenirs, l’enfant de Mopti retient la coupe du monde junior en 1989, le sacre des Aigles en coupe Cabral la même année, la CAN de Tunisie 1994 et les deux doublés en 1996 et 1998 avec le Djoliba AC.

Le double échec du Djoliba aux portes de la phase de poules de la ligue des champions, et l’élimination des Aigles en demie finale de la CAN à Tunis sont les plus mauvais souvenirs de son parcours footballistique.

A la question de savoir pourquoi il était toujours sur la défensive sur un terrain de football et paradoxalement très courtois et moins bavard en dehors du terrain, Oumar Guindo répond : ” La plus grande différence entre notre génération et celle d’aujourd’hui est l’amour de la nation. Parce que personne ne voulait quitter l’équipe nationale à notre époque. Dans ce cas, je suis obligé d’être rigoureux pour garder ma place, surtout que j’avais des ambitions. Sur le terrain, c’est le sérieux qui commandait mon comportement. Mais en dehors des 90 minutes, la vie continue et j’ai toujours été l’ami de tous les joueurs, quels que soient leurs clubs. La force de notre société est cette courtoisie quotidienne entre nous”.

A-t-il des ambitions pour la gestion du football ? Oumar Guindo ne cache pas ses prétentions, mais selon lui, il ne forcera rien. Dit autrement, il est prêt pour toute sollicitation.

Actuellement, il travaille à son propre compte, après avoir longtemps évolué chez un opérateur économique. Après ses heures de travail, il consacre le reste de son temps au jeu de cartes et s’entraine avec les anciens footballeurs.

O. Roger Sissoko

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