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Joutes électorales 2018 : L’imam Mahmoud Dicko dans une logique de hold-up politique
Publié le mardi 27 fevrier 2018  |  Le Témoin
Cérémonie
© aBamako.com par Androuicha
Cérémonie de signature de l`accord de paix d`Alger
Bamako, le 15 mai 2015 au CICB. Le Gouvernement malien et les groupes rebelles du nord ont procédé en présence de nombreux chefs d`Etats africains et de la médiation internationale à la signature du document de paix issu du processus d`Alger. (Photo Mahmoud DICKO, imam et président du Haut Conseil Islamique du Mali)
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L’intérêt du président du Haut conseil islamique pour la chose publique prend des accents intrigants, à mesure qu’approche l’échéance présidentielle de cette année. Et s’il n’est pas lui-même candidat, l’Imam Mahmoud Dicko semble tout au moins déterminé à y jouer un rôle prépondérant. Une transhumance du spirituel vers le politique ? Rien n’est plus évident, à en juger par la liberté de ton que s’offre cette célébrité religieuse à la faveur de ses apparitions sur nombre de tribunes publiques. C’est ainsi qu’il multiplie les apparitions sur certains sites, chaînes de télévision et radios et ne rate aucune occasion de tomber à bras raccourci sur le système politique et la conduite de l’action publique.

La gouvernance est au cœur de la crise malienne, défend- il, en pointant le curseur sur la trahison des idéaux du 26 Mars et des nombreux innocents gisant au Carré des Martyrs, pendant que les meneurs de la révolution s’enrichissent de façon spectaculaire.

Les démocrates maliens ont fait pires que tout ce qu’ils avaient dénoncé, a déclaré Mahmoud Dicko, en dénonçant la corruption, la gabegie, le népotisme, avec leur corollaire d’injustice, de privatisation de l’administration ainsi que des services sociaux de base, etc.
Autant de dérives qui ont provoqué le dégoût du peuple et la rupture entre celui-ci et l’élite, a expliqué l’illustre imam, avant d’en déduire que ce sont ces contradictions qui ont fini par travestir la démocratie malienne et ont contribué à dilapider la confiance dont l’Etat jouissait auprès du Mali. Et de prédire un système forcément condamné à la disparition, à cause d’une corruption systémique affectant tous les segments et compartiments du champ publique : de l’éducation aux projets de développement en passant par les études et statistiques, entre autres. «Tout est faux», a martelé le président du HCIM, en donnant l’air de s’en délecter plus que d’en être réellement préoccupée.

Car, devant la noyade collective qu’il décrit, son apparente indignation cache mal une intention plus ou moins voilée de paraître aux yeux du public comme une alternative au déluge imminent. Seulement voilà : il n’est point évident que la mal-gouvernance en est la cause exclusive. Il peut en résulter certes «l’absence de justice» et la «privatisation de l’administration», mais la crise malienne découle tout aussi bien d’une effroyable disparition des repères spirituels dans un ensemble national où les références morales n’éprouvent plus de la gêne à monnayer leurs arbitrages sur la scène politique.

Le parti-pris subjectif – le plus souvent très peu désintéressé – a ainsi pris le pas sur le devoir d’impartialité des religieux dans le jeu politique, au risque de les rendre blâmables et responsables des déroutes collectives : par immixtion malencontreuse dans le choix des dirigeants, par manipulation et intoxication du public quant au risque de disparition de nos us au nom de la laïcité, par indifférence aux dérives djihadistes ou par banalisation du terrorisme et de leur violence, etc. Autant de pratiques qui concourent à l’émergence d’une élite alternative sans doute à son profit.

A Keïta
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