De bonnes sources, la collaboration n’est pas aisée avec le président de la République, du moins sur des sujets majeurs de la gouvernance du pays. Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga en ferait, lui aussi la triste expérience notamment sur la question de la crise sécuritaire, la gouvernance politique…
Dans sa détermination à juguler rapidement la crise sécuritaire, notamment au centre et au nord du pays, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, explique une source haut placée, avait besoin d’agir dans la célérité. Le chef du gouvernement a-t-il les coudées franches pour prendre des mesures fortes avant que le locataire du palais de Koulouba ne soit… « convaincu » de la pertinence de la démarche ? Ce n’est point évident, tant que le chef de l’Etat a son rythme d’appréciation des situations, de consultations de partenaires privilégiés. Alors que le temps est compté pour mettre en œuvre le plan de sécurisation intégré du centre et dialoguer avec les terroristes qui n’ont pas du sang sur les mains.
Cette posture ne semble pas être celle qu’envisage IBK. Il vient de rejeter catégoriquement la possibilité de négocier avec ces criminels. Ce qui doit bien embarrasser le Premier ministre et freiner ses ardeurs.
Dans une récente interview accordée à notre confrère Le Monde, le président de la République est revenu sur les missions de bons offices lancées par son ancien Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga. Et de déclarer qu’il était loin d’avoir approuvé ces démarches pour discuter avec les terroristes maliens.
La question du journaliste était ainsi formulé : «…Quid d’un dialogue direct avec le chef touareg malien Iyad Ag-Ghali, fondateur d’Ansar Eddine en 2012 et à la tête de la coalition du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), officialisée en mars 2017? ». IBK sera plutôt catégorique : « Pas question ! Le président du Haut Conseil islamique, l’imam Mahmoud Dicko, avait reçu mandat de l’ancien premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga [avril-décembre 2017] de conduire une mission de bons offices dans le centre et le nord du pays. Je l’assume en tant que chef de l’Etat, mais j’étais bien loin de l’approuver. Nous avons mis fin à cette mission ».
On peut s’étonner que le président ait accepté une telle initiative alors qu’il ne l’approuvait pas. Surtout que ces missions de bons offices avaient été solennellement annoncées à l’Assemblée Nationale par le chef du gouvernement lors de sa déclaration de politique générale. Laquelle DPG a été approuvée par une écrasante majorité des députés.
Par ailleurs, ce désaveu avec repentir actif avait déjà été remarqué avec la visite du Premier ministre Moussa Mara à Kidal en mai 2014. Le chef du gouvernement avait bénéficié de l’onction du chef de l’Etat pour cette mission risquée. Et Mara assure avoir été reçu à son retour à Sébénikoro avant qu’IBK ne le désavoue plus tard : « Aucune fanfaronnade ne me fera aller à Kidal… ».
Avant cela, le Premier ministre Oumar Tatam Ly avait lui, aussi, essuyé bien de …réticences du président avant de rendre son tablier. Dur, dur donc d’être Premier ministre d’IBK ?