Dans son rapport annuel 2017-2018 auquel le journal Le pays a eu accès, l’Amnesty internationale établit la présence de plusieurs violations des droits de l’homme. La plupart d’entre elles restent tributaires à la montée en puissance du terrorisme.
Au cours de l’année écoulée, les commissions d’enquête des droits de l’homme ont enregistré plusieurs violations, dont 252 imputables aux forces de sécurité ou à des terroristes. 660 personnes ont été victimes de ces guerres terroristes. Selon la MINUSMA, il y a eu 21 exécutions extrajudiciaires et homicides, 12 disparitions et 31 cas de tortures, etc.
En outre de tous ceux-ci, il convient de noter qu’ « Entre janvier et septembre, la MINUSMA a dénombré au moins 155 attaques contre ses forces de maintien de la paix, les forces de sécurité maliennes et les militaires français de l’opération Barkhane. Pendant l’année, plus de 30 personnes travaillant pour la MINUSMA, y compris des civils et des contractuels, ont été tuées par des groupes armés», lit-on dans ce rapport annuel.
Il faut ajouter à tous ceux-ci, les 8 otages retenus jusqu’à présent au Mali. Il s’agit de Gloria Cecilia Agoti Narvaez (une missionnaire colombienne), Sophie Pétronin (une Française), Béatrice Stockly (une missionnaire suisse), Mamadou Diawara (Malien), Ken Eliott (Australien), Julian Ghergut (Roumain), Soungalo (Malien) et Jeffery Woodke (Américain). Ces otages ont soit été enlevés au Mali, au Burkina Faso, au Niger, etc.
L’année 2016-2017 a été aussi celle des violences policières d’un État policier contre ses citoyens. En effet, dans le rapport, nous retenons notamment la violence de la liberté d’expression du peuple malien lors des manifestations contre le projet de révision constitutionnelle institué par l’Assemblée nationale en compromis avec le gouvernement. Ces manifestations ont fait plusieurs blessés. « En juin, des affrontements entre des personnes manifestant contre la révision et des policiers, qui ont utilisé du gaz lacrymogène et des matraques, ont fait au moins huit blessés», écrit Amnesty internationale dans son rapport. Pour prouver cette violation contre la liberté d’expression, Amnesty Internationale cite le cas de l’arrestation de l’activiste et chroniqueur malien Youssouph Bathily dit Ras Bath par les autorités de l’État pour incitation à la désobéissance des forces de l’ordre.
La situation désastreuse des prisons et les conditions dans lesquelles les prisonniers vivent n’ont pas échappé aux analyses des experts des droits de l’homme. À cet effet, il est possible de lire dans ce document de plus de 400 pages qu’« À la fin de l’année, la Maison centrale d’arrêt de Bamako, d’une capacité de 400 détenus, en accueillait 1 947, dont 581 avaient été déclarés coupables et 1 366 étaient dans l’attente de leur procès. »
Le problème de l’impunité est également souligné dans ce rapport. Des détenues qui ne sont pas jugées comme convenu ou des prisonniers qui devraient être libérés, mais qui continuent à séjourner dans leur cellule. À cet effet, le cas d’Amadou Aya Sanogo est celui qui retient l’attention des experts des droits de l’homme qui regrettent que « Les efforts de lutte contre l’impunité ont perdu de leur vigueur, dans la mesure où plusieurs procès médiatiques concernant des violences perpétrées dans le nord du pays pendant l’occupation de 2012-2013 n’ont pas véritablement progressé. »
L’insécurité grandissante a engendré la fermeture de plusieurs écoles au centre et au nord du pays. Aux dires des commissions d’enquêtes de l’Amnesty Internationale, « Plus de 500 écoles de Gao, Kidal, Ségou, Mopti et Tombouctou ont gardé porte close toute l’année. » À cet effet, le rapport indique l’incinération d’une école à Mopti par des groupes terroristes islamistes qui veulent instaurer une éducation islamique coûte que coûte dans les écoles.
Le rapport se termine sur la justice internationale. C’est le lieu d’évoquer l’arrestation et le jugement d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi, l’auteur de la destruction des mausolées à Tombouctou. Ce collaborateur de terroriste est condamné à payer plus 2 millions d’euros. C’est ce que nous indique le rapport : « En août, la CPI a condamné Ahmad Al Faqi Al Mahdi à verser 2,7 millions d’euros au titre de réparations individuelles et collectives.»
Ce qui est regrettable dans ce rapport constitue le silence des experts des droits de l’homme sur toutes les violations des droits des travailleurs au Mali. L’année 2016-2017 fut également marquée par des grèves récurrentes dans plusieurs secteurs d’activités. Des grèves relevant en grande partie du non-payement des salaires, des conditions exécrables de travail, etc. La paralysie de l’éducation ne relève pas dans tous les cas des menaces terroristes, mais aussi des grèves des professeurs revendiquant une amélioration des conditions de vie. Les manifestants de ces grèves ont été empêchés à maintes reprises de leur droit de manifester.