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Bah Assitan Traoré : “La relation Fnam-Fafpa s’inscrit dans le financement de la formation des chefs d’entreprises ou des apprentis des entreprises membres de la Fnam”
Publié le mardi 27 fevrier 2018  |  confident
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Une interview exclusive de la présidente de la Fédération nationale des artisans du Mali (Fnam)

Pouvez-vous-vous présenter ?

Je suis Mme Bah Assitan Traoré teinturière et couturière de profession, présidente de la Fédération nationale des artisans du Mali (Fnam)

Comment avez-vous eu l’idée de mettre en place une Fédération au nom des artisans du Mali ?

Dans les années 1960, après l’indépendance du Mali, le secteur de l’artisanat était en ballotage entre différentes structures telles que l’Office de la main d’œuvre et le ministère de la Jeunesse. C’est ainsi que le projet BIT fut instauré en 1980 avec comme seul objectif l’organisation du secteur non structurer qui était l’artisanat. De 1980 jusqu’en 1982 à 1986 le projet BIT en conclave avec l’Office de la main d’œuvre a avec le soutien de feu Kary Dembélé, a pu faire des activités pouvant renforcer le secteur de l’artisanat. C’est en 1986 que le projet BIT, à travers ses activités, a pu regrouper les artisans en différentes associations et différents regroupements.

A l’époque il a été constaté que tous les artisans au sein des associations et regroupements étaient confrontés à de nombreux problèmes entre autres des problèmes de fiscalité, de formation qualifiante, d’accès aux marchés et de manque de financement fiable. Parlant de financement bon nombre parmi les artisans manquaient de moyen pour préfinancer les activités de leurs entreprises.

Pour pallier les problèmes et atteindre ces quatre objectifs, il y a eu la nécessité de mise en place d’une fédération artisane pour convaincre l’Etat à suivre et accompagner les artisans. Cela ne saurait être possible individuellement pour aucun artisan d’être accompagné financièrement et théoriquement par l’Etat malien à l’époque. La Fédération à son début concernait les artisans du district de Bamako dont la Fédération des artisans du district de Bamako (FAD).

C’est en 1986, et cela jusqu’en 1992 avec l’appui du projet BIT, que la Fédération s’est implantée, en dehors du district de Bamako, dans les régions, dans les cercles et les arrondissements tout en se transformant en Fédération des artisans du Mali (Fam). Toujours dans le même optique avec l’appui du projet BIT et la révélation de l’accompagnement sans faille de l’Etat la Fédération nationale des artisans du Mali (Fnam) a été mise en place en 1992 ainsi que la création des chambres de métiers.

Quelles sont les missions de la Fnam ?

En plus des aspects sus cités la Fnam a toujours comme mission la création de jumelage entre les artisans maliens et ceux d’autres pays de l’Afrique et des autres continents, la promotion de la formation professionnelle qui est source du renforcement et le développement des entreprises artisanales. Pour anecdote la Fnam est membre d’une organisation regroupant les Fédérations d’artisans de l’espace Uémoa.

La Fnam a-t-elle des partenaires ?

La Fnam travaille en partenariat avec des structures étatiques telles que le Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (Fafpa), l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi (ANPE) et l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (Apej). En ce qui concerne les chambres de métiers et d’industries elles sont liées à la Fnam à travers une relation de complémentarité car les chambres de métiers et d’industries sont des constituantes de l’Assemblée permanente des chambres de métiers qui a été mise en place par la Fnam. Autrement dit l’Assemblée permanente des chambres de métiers est la structure représentante de la Fnam auprès de l’Etat.

La Fnam regroupe combien d’associations artisanes en son sein présentement ?

Actuellement, 1226 associations se regroupent au sein de la Fnam. Et toutes ces associations sont aussi constituées de plusieurs chefs d’entreprises artisanes. Ce qui fait qu’aujourd’hui la Fnam a 80 000 chefs d’entreprises comme membres actifs en son sein.

Quelles sont les procédures d’adhésion à la Fnam ?

L’adhésion à la Fnam est volontaire et le strict respect des règles du statut et règlement est obligatoire sur ses membres dès leurs adhésions à la fédération.

Vous disiez tantôt que le Fafpa est parmi les partenaires de la Fnam, quelle sorte de partenariat elle a avec le Fafpa ?

La Fnam, bien qu’étant accompagnée par des ONG à travers le projet BIT, ses membres se sont posé une question à l’époque. Si la Fnam reste toujours en marge des activités de l’Etat tout en travaillant avec les ONG dans l’ombre, qu’est-ce qu’elle va devenir au terme des missions du projet BIT ? C’est ainsi que la Fnam a entrepris les démarches nécessaires auprès du Fafpa étant une institution de l’Etat en charge de la formation professionnelle pour qu’elle soit reconnue. Alors le Fafpa a tout d’abord été une porte d’entrée en contact avec l’Etat du Mali pour la Fnam. En plus d’être une porte d’entrée, la relation Fnam-Fafpa s’inscrit dans le financement de la formation des chefs d’entreprises ou des apprentis des entreprises membres de la Fnam. C’est dans cette optique que le Fafpa et la Fnam ont élaboré un projet de formation scindé en deux branches.

La première branche est la formation professionnelle de type duale qui concerne la formation des artisans et des apprentis au sein des entreprises et dans les centres de formation professionnelle. Avec l’évolution de la technologie la formation continue devient une nécessité pour les artisans c’est pourquoi le Fafpa s’est intéressé a une deuxième type de formation qui est la formation qualifiante basée sur la formation continue des maîtres artisans (chefs d’entreprises). Cette formation qualifiante est organisée par une structure nommée la COFPA mise en place par la Chambre des métiers et la Fnam, elle est fonctionnée par une cellule composée des chargés de formations de la chambre et de la Fnam.

Le choix des bénéficiaires de la formation se fait comment ?

Les formations sont organisées en duo par le Fafpa et la Fnam, mais les demandes de formations sont adressées à la Fnam. Quand un chef d’entreprise constate une nécessite de formation au sein de son entreprise il formule une demande adressée à la Fnam à travers la représentation de sa région, commune ou cercle au nom de la personne ou l’entreprise qui est dans le besoin. La Fnam à travers la cellule composée des chargés de formations fait une planification des demandes et formule une demande de formation au bénéfice de ses adhérents auprès du Fafpa. Le Fafpa à son tour finance les formations à part entière.

Peut-on dire sans risque de se tromper que toutes les 80 000 entreprises ont bénéficié de l’aide du Fafpa ?

Etant donné que les formations sont faites selon les demandes exprimées par spécialités toutes les entreprises ne peuvent pas en bénéficier ensemble. Par exemple il peut y avoir des demandes de formation sur les techniques de séchage de bois, la transformation alimentaire telle que celle du fonio, etc. Présentement, les 40 % des entreprises membres de la Fnam ont bénéficié de l’appui du Fafpa. Je suis persuadée que le 100 % se réalisera au fur et à mesure avec l’engagement sans faille de la Fnam et du Fafpa.

Avez-vous une idée sur le nombre d’enfants introduits dans le secteur de l’artisanat ?

Je ne vous apprends rien en cela, aujourd’hui au Mali c’est l’artisanat le secteur le plus pourvoyeur d’emplois et qui utilise le plus grand nombre de jeunes et d’enfants. Cela est dû au fait que l’artisanat demeure le dernier rempart pour bon nombre de parents quand leurs enfants ne sont pas bons à l’école ou abandonnent l’école. Ainsi je peux dire aujourd’hui, sans risque de me tromper que les 60 % des membres de la Fnam sont des jeunes entre 25 à 40 ans. En ce qui concerne les apprentis au sein des différentes entreprises ils représentent 70 % et sont entre 10 à 25 ans. Alors avec ces résultats, il est incontestable d’admettre que l’artisanat demeure le plus grand pourvoyeur d’emploi au Mali.

Avec tous ces projets que vous venez d’énumérer que la Fnam a entrepris et continue d’entreprendre avec le Fafpa, qu’attendez-vous du Fafpa dans l’avenir ?

Au-delà de la Fnam, j’exprime le souhait de tous les Maliens à l’endroit du Fafpa et de l’Etat. Ce souhait n’est et ne serait autre que le renforcement des capacités du Fafpa par les autorités en charge de son fonctionnement. Le Fafpa joue un rôle prépondérant dans la formation professionnelle et devient indispensable pour le développement des activités génératrices de l’artisanat malien. Ceci étant j’exhorte les dirigeants du Fafpa à œuvrer davantage pour rester l’irremplaçable espoir et partenaire toujours prêt à intervenir auprès des artisans du Mali.

L’artisanat étant un pourvoyeur d’emplois et le Fafpa étant son soutien de tous les temps il est indispensable qu’il soit doté de plus de moyens pour endiguer au problème du chômage qui gangrène la stabilité du monde aujourd’hui. J’ai eu à le dire lors d’une rencontre africaine et je le réitère, que Dieu nous en préserve, mais s’il doit y avoir une Troisième Guerre mondiale elle aura sa source dans le chômage des jeunes. Nos universités produisent des jeunes chômeurs chaque année. Ces jeunes passent leur temps à prendre du thé sous les arbres. Si l’Etat procure plus de moyens au Fafpa, il pourra, à travers la Fnam, aider ces jeunes à se lancer dans le domaine de l’artisanat.

Votre mot de fin ?

Je ne peux clore cette interview sans affirmer mes sincères remerciements à l’équipe Fafpa+ composée de journalistes et cameraman, aux medias nationaux et internationaux qui font la promotion de tout ce que nous faisons et constituent la voix et les yeux du citoyen lambda. Mes remerciements à l’endroit du département du ministère de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage à travers le Fafpa ainsi qu’à tout le personnel du Fafpa partout au Mali, je remercie également toutes et tous les artisanes et artisans membres ou non membres de la Fnam partout au Mali. Que le Tout Puissant ramène la paix et la quiétude d’antan au Mali, en Afrique et partout dans le monde.

Propos recueillis par Cheick Hamalla Dao et Dognoumé Diarra

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