Le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM) du district, Sanoussi Bouya SYLLA, non moins 5è vice-président du bureau national de l’APCAM, a animé, le jeudi dernier, une conférence de presse, pour tirer la sonnette d’alarme face à la menace, qui plane sur le cheptel au Mali, due aux conséquences de la mauvaise pluviométrie de 2017, et à l’exportation, jugée abusive, du tourteau de la part des promoteurs d’usines de production d’aliment bétail.
Le conférencier était entouré de certains de ses collaborateurs, notamment : le président de la FENALAIT, Abdou Abou NIANGADO ; le président de filière bétail, Ibrahima Diodo DIALLO; le président de la Chambre d’agriculture de Kidal, Abdoul Karim Ag TAKI, etc.
Dans son exposé liminaire, le chargé des questions d’élevage au sein de l’APCAM, Sanoussi Bouya SYLLA, a souligné de depuis un certain temps les éleveurs maliens n’ont plus accès à l’aliment bétail à base de graines de cotons produit chez nous.
A son avis, c’est une question de survie nationale de notre cheptel et pour le secteur de l’élevage. Et cela, à cause de la mauvaise pluviométrie à l’origine de la rareté des pâturages, l’exportation abusive de l’aliment bétail, et la fermeture des frontières de certains pays voisins comme la Guinée Conakry au bétail malien.
Aussi, a-t-il accusé, les usines d’huilerie du Mali de jouer à la surenchère dans la vente de l’aliment bétail.
Pour M SYLLA, il est inadmissible que les produits du coton cultivé par les producteurs malien et subventionné par le gouvernement malien soient inaccessibles aux éleveurs maliens.
Le Mali-t-il souligné, est un pays à vocation agro-sylvo-pastoral. Et le secteur de l’élevage, bien que mal exploité, contribue à hauteur de 10% du PIB national ; 80% aux revenus des populations des zones exclusivement pastorales ; et 15% des recettes d’exportation.
«Nous sommes malheureux de constater que la couverture végétale commence à faire défaut mettant en danger le pastoralisme», s’est-il lamenté. Et comme pour ne pas arranger les choses, certains pays voisins, notamment la Guinée Conakry, où nos animaux partaient en transhumance viennent de fermer leurs frontières au bétail malien.
De même, a-t-il fait savoir, c’est dans ce contexte difficile que le gouvernement du Mali avait décidé de subventionner l’aliment bétail.
«Nous apprécions ce geste à sa juste valeur et remercions très sincèrement le gouvernement pour cet acte hautement patriotique», a-t-il dit.
Cependant, a-t-il expliqué, les éleveurs sont face à un paradoxe, vis-à-vis de la Fédération nationale des producteurs d’huile et d’aliment bétail (FNAPHAB) du Mali, qui malgré les faveurs accordées par l’Etat malien, refuse de vendre le tourteau fait à base de graine de coton aux éleveurs maliens. Et cela, en raison de la sollicitation des éleveurs de certains pays voisins qui les proposent des prix d’or du sac de tourteau.
«Nous sommes étonnés de constater que les 76 unités de production d’aliment bétail au Mali refusent de jouer leur rôle dans cette situation particulièrement difficile que connaissent les éleveur maliens».
Pourtant, dans un passé récent, a-t-il rappelé, les responsables de la FNAPHAB avaient sollicité l’appui de l’APCAM afin qu’il intercède auprès du gouvernement pour que ses membres puissent avoir accès aux subventions.
M SYLLA a dénoncé le refus des promoteurs d’usine de production de tourteau de recevoir les responsables de la FENALAIT qui voulaient lancer une commande. Et pourtant, au même moment, a-t-il déploré, les éleveurs voient des files de camions chargés du précieux sésame se diriger vers les pays voisins.
Le conférencier estime que l’Etat doit examiner cette situation de près et prendre les dispositions adéquates en vue d’empêcher cette exportation massive de notre aliment bétail».
Par la même occasion, M SYLLA invite les membres de la FNAPHAB à revoir leur position et à revenir à la table de négociation.
«Nous ne menaçons personne, mais nul ne peut avoir accès à la graine de coton malien si l’Etat malien et les agriculteurs maliens ne concèdent pas d’énormes sacrifices».
Par ailleurs, a rappelé le conférencier, il y a trois ans de cela, les responsables de la Fédération nationale des producteurs d’huile et d’aliment bétail (FNAPHAB) avait sollicité l’appui de l’Etat pour la fourniture d’intrants face à la concurrence que les faisaient les industries des pays de la sous-région. Face à cette situation, jugée préjudiciable à l’essor de nos unités industrielles, le gouvernement avait fait injonction à la CMDT en l’interdisant d’exporter de la graine de coton et, lui enjoindre de la vendre aux unités de production d’huile implantées au Mali.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que malgré les énormes potentialités, les éleveurs du Mali sont confrontés à plusieurs problèmes qui ont trait entre autres à l’alimentation du bétail, l’insécurité dans les zones de pâturages, l’accès aux prêts bancaires et à la propriété foncière, la mauvaise organisation et structuration des opérateurs du secteur, etc.