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Faut-il craindre le développement du numérique ?
Publié le mercredi 28 fevrier 2018  |  Le Pays
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Depuis fin 17eme et début 18eme siècle, nous assistons à un développement exponentiel des outils numériques. De nos jours, tous les domaines se sont numérisés. Cette numérisation croissante n’est pas sans conséquence sur l’homme. Faut-il alors éviter le recours aux objets numériques ? Quelle déontologie pour l’utilisation du numérique ? Avons-nous une vie privée avec les nouvelles technologies ? Autant de questions qui vont nous occuper dans ce billet.

L’avènement des nouvelles technologies facilite la gestion du temps et sauve l’homme

Le numérique est utilisé dans tous les domaines parce qu’il est rapide et efficace. Dans le domaine de l’éducation, l’internet est utilisé par les professeurs et les élèves pour préparer des leçons, prendre des cours en ligne. Ce réseau est également utilisé de nos jours par tous les citoyens de part et d’autre le monde pour entrer en contact avec des parents éloignés. Cela est rendu possible grâce aux réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Wattsapp, Viber, LinKindin, etc.).

Le développement du numérique a également permis l’explosion des plateformes de vente en ligne (Amazon, Fnac, Dlicom, etc.) Grâce à ceux-ci, les distances se rétrécissent. Au lieu de se rendre dans un autre continent pour l’achat d’un produit quelconque, les internautes peuvent directement commander en ligne.

En outre de tous ceux-ci, il convient de mentionner toutes les productions technologies rendues possibles grâce au développement du numérique. La robotisation fait de grandes avancées à ce 21eme siècle. Les robots dans les entreprises permettent de réaliser en une heure ce que plusieurs travailleurs accomplissent en une semaine environ. L’explosion du numérique a permis de trouver des solutions à maintes maladies qui causaient inévitablement la mort jadis. Le numérique dans sa folie a mis en place des techniques de greffage d’organes. La numérisation rend possible la conservation à grande échelle des données personnelles et nationales grâce aux banques de données.

Avec ce développement numérique, l’homme est arrivé à mettre en place des technologies susceptibles de substituer un organe par un autre. L’artificiel prend le dessus sur le naturel. Nous assistons au développement du clonage. Tout récemment, nous avons assisté à un autre fait majeur, le développement des poupées sexuelles susceptibles de remplacer l’homme ou la femme.

Cependant, ce développement exponentiel n’est pas sans crainte. Que restera-t-il de l’humain ? Est-il appelé à disparaitre ? C’est ce que nous devons analyser.

L’humanité dans son propre hameçon

Nonobstant tous ces avantages, il convient de comprendre que cette explosion du numérique prive l’homme de toute sa liberté. Plus de vies privées une fois que nous utilisons ces nouvelles technologies. En effet, tout genre d’individus utilise ces canaux pour faire du bien ou du mal. Aujourd’hui, s’il y a une chose qui fait plus peur aux internautes, c’est bien l’usurpation d’identité. Le travail des pirates ne consiste à rien d’autre que d’utiliser le profil des internautes dans des pratiques pas claires dans le seul but de faire des chantages aux intéressés afin d’avoir de l’argent. Avant-hier, au Mali, nous avons appris avec regret l’arrestation de trois de nos confrères journalistes de Maliactu. Aux dires de la rédaction dudit journal, il s’agit bien d’une usurpation d’identité.

Ces pratiques sont les plus développées sur l’internet de nos jours. En France, on parle du « Dark Web ». Une plateforme d’internet cachée spécialisée dans la vente des produits nuisibles à la santé à moindre prix. Cette plateforme permet également l’utilisation des anciennes cartes bancaires pour des opérations financières.

La numérisation croissante peut encourager le chômage avec l’usage acharné des robots dans tous les secteurs d’activité. Dans les boutiques de vente, dans les restaurants, sur les champs de bataille, etc. Nous assistons également à un usage croissant des drones pour assurer des contrôles. En Chine, nous savons que les drones sont utilisés dans les surveillances à l’école. Si autrefois, nous pouvions nous promener sans être inquiétés par quoi que ce soit, aujourd’hui il est possible de nous suivre partout dans le monde, de contrôler toutes nos activités, toutes nos fréquentations, etc. C’est la fin de la vie privée.

Par ailleurs, il convient de comprendre que les outils numériques sont à la base de la dégénérescence des mœurs sociétales. En effet, tout porte à croire que si des efforts ne sont pas ménagés, le numérique risque d’engloutir l’humain. L’éducation est au bas-fond parce que les enfants utilisent le numérique de façon déraisonnée rendant ainsi la vie au sein de la société difficile à vivre. Plus de dignité humaine puisque tout a désormais un prix. Les pièces humaines se vendent sur le marché, des banques de sperme existent, etc. Si l’humanité n’est pas finie, sa fin n’est plus longue. En conséquence, faut-il lutter contre le numérique ?

Le numérique, un mal nécessaire

Renoncer à l’utilisation du numérique à travers ses nouvelles technologies, c’est se fermer les yeux au progrès. De nos jours, il nous est pratiquement impossible de se passer de ces outils parce que nous avons déjà pris corps avec eux. C’est le constat d’un blogueur malien, Youssouph Ag Ibrahim : « Je crois qu’on ne doit surtout pas s’en passer. C’est comme la politique. Si tu ne l’as fait pas, elle te fera. Je pense qu’aujourd’hui ces outils sont indispensables pour se former et rester à la page vis-à-vis de l’évolution des choses et du monde. Tout se passe à travers eux et tout se passe sur eux. » Cependant, tout ce qui pourrait se faire, c’est de recommander un usage raisonnable, une déontologie du numérique. À cet égard, les hommes doivent arriver à la compréhension que les nouvelles technologies doivent rester sous le contrôle strict des humains afin d’éviter le pire, la guerre des nouvelles technologies contre les hommes. C’est aussi la préoccupation de notre blogueur : « Il faut instaurer une forme de déontologie autour du numérique et cela passe d’abord par la formation et une large sensibilisation. Avec cette déontologie, les gens auront au moins peur d’enfreindre les normes sous peine d’être poursuivis. Il sera aussi possible de mettre en place des mesures de contrôle afin que les créateurs de multiples comptes soient identifiés et qu’ils justifient les raisons. »

Préférer le numérique à l’humain, c’est encourager du coup le chômage. Or, cet encouragement équivaut à celui du terrorisme puisqu’un homme sans travail est un homme affamé et prêt à tout pour trouver de quoi subvenir à ses besoins quotidiens.

Nous ne pouvons pas nous prononcer pour la cessation des outils numériques, mais il convient juste de les utiliser rationnellement pour éviter l’autodestruction de l’homme. Aujourd’hui, nous sommes dans une posture de confirmation des philosophes de l’école de Francfort, il s’agit d’Adorno et de Horkheimer. Ces deux auteurs soutiennent que la raison devient de plus en plus déraisonnable. Alors, il faut une nouvelle rationalité.

Le développement du numérique est un phénomène qu’il convient de bien veiller puisqu’il constitue un phénomène vraiment craintif au fond. Il convient d’accentuer un contrôle rationnel sur ces nouveaux outils afin de sauver la dignité de l’humain. Il s’agit d’être rationnel dans leur usage et non pas de se passer de leur usage puisqu’il constitue un mal nécessaire. Nous ne sommes plus capables de nous en passer. Alors, il ne faudrait pas qu’ils nous dominent sinon ce sera la fin de l’humanité.

Fousseni Togola

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