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Violences aux femmes : le long chemin de croix des Maliennes
Publié le jeudi 1 mars 2018  |  Le Point
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L'émoi suscité par les récents cas de violences sexuelles a contribué à libérer la parole des victimes. Et l'on découvre une dure réalité derrière le tabou autour des mœurs.

Série noire. C'est par ces termes que peut se résumer l'actualité malienne de ces dernières semaines. Une vidéo d'une jeune fille de 14 ans violée par quatre hommes relayée sur les réseaux sociaux au début du mois, une employée de Koulaba tué par son mari en décembre dernier et un gardien – d'une mosquée – de 73 ans pris en flagrant délit de viol sur une enfant de trois ans. Voici la liste des épisodes récents et connus qui secouent le Mali. Preuve que le sort des femmes dans ce pays d'Afrique de l'Ouest reste très préoccupant. Ce qui ne laisse pas de marbre la population, comme en témoigne Mohamed, étudiant en master à Bamako. « Cela me coupe le souffle. Je trouve que cela n'a pas de sens. Concernant le viol de l'enfant de trois ans, pour moi, la sanction doit être ferme et sans pitié. Je ne peux même pas en dire plus, tellement que cela est révoltant », dit-il consterné. Ce dernier ajoute que les cas de viols sont connus de la population, car « dans les quartiers, on retrouve fréquemment ces cas de viols [collectifs, NDLR]. Souvent, les gens le font et cela est considéré comme une fierté », précise-t-il avant de souligner que « ces femmes victimes sont nos mères, nos sœurs et nos cousines ». Même son de cloche pour Djouma, agent commercial et consciente de cette banalisation. Cette dernière estime que « c'est d'abord à nos parents de bien éduquer les hommes », afin d'éviter ce genre de bavure. D'après une étude de Sous Cluster Mali publiée en mai 2017, 51 % des cas de violences recensés sont des agressions sexuelles et dans 89 % des cas, il s'agit d'abus sexuel sur des enfants (viols et mutilations génitales féminines). Quant aux agressions physiques, elles concernent 22 % des faits rapportés.

État des lieux
« Le Mali est partie prenante de presque toutes les conventions de protection et de promotion des droits des femmes. Ce qui est un grand acquis. Mais, aujourd'hui, nous sommes confrontés à l'application de ces textes », explique Founé Bintou Samaké, présidente du réseau panafricain Woman In Law and Development in Africa (Wildaf) pour le Mali. Malgré ces conventions, les mœurs maliennes sont très imprégnées et cela est un problème. « Il y a les pratiques qui sont très différentes du contenu des textes. C'est ce qui complique beaucoup la situation des femmes au Mali, parce que les gens vivent leurs us et coutumes et ne tiennent pas compte des textes, souvent méconnus », avoue Mme Samaké. Dans un document publié par la Fédération internationale des droits de l'homme à la suite de l'adoption du nouveau Code de la famille au Mali, le texte législatif comporte un caractère discriminatoire. « L'article 311 du Code dispose aujourd'hui que la femme doit obéissance à son mari et selon l'article 314, l'homme est considéré comme l'unique chef de famille . De plus, l'article 282 consacre l'âge légal du mariage à 16 ans pour les filles et à 18 ans pour les hommes. » Un pouvoir est, donc, toujours conféré à la gent masculine.

Une loi qui peine à arriver
« Cette loi devient une obligation vu le nombre des cas médiatisés qui augmente tous les jours. Ces cas ne représentent que 1 % des cas vécus par les femmes et les filles. La lutte contre l'impunité sur les violences faites aux femmes doit être une priorité », s'alarme Djingarey Maïga, directrice exécutive de l'ONG Femmes et droits humains qui, en décembre dernier, a organisé un atelier avec d'autres associations et ONG afin de porter à la connaissance de la société civile le contenu de cet avant-projet de loi sur les violences basées sur le genre.

« Il va falloir que la société civile se lève. Nous avons, dans le circuit, un projet de loi basée sur les VBG [violences basées sur le genre, NDLR], mais c'est toujours en attente. Nous savons que le blocage se trouve quelque part. Il s'agit tout simplement des religieux – je ne dis pas religieux musulmans, religieux chrétiens –, il y a aussi les chefs traditionnels qui ne veulent pas de cette loi. Tant qu'il n'y aura pas de loi dans ce domaine, cela sera compliqué et les violences vont toujours continuer. »

Souffrir en silence
... suite de l'article sur Le Point

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