Amnesty International a organisé une conférence de presse, jeudi 22 février, à la Maison de la presse. Le thème portait sur le lancement de son rapport annuel 2018. Elle était animée par Alioune Tine, Directeur du bureau régional d’Amnesty International, Mme Ramata Guissé, Directrice exécutive d’Amnesty International et Drissa Fomba, Président de la section Amnesty International au Mali.
Pour Drissa Fomba, « Amnesty est dans cette perspective de rapportage, année après année, en vue d’amener les gouvernants et tous ceux qui peuvent exercer une quelconque influence sur les humains, à faire leur autocritique en lien avec la joie ou la détresse dont ils se sont rendus coupables, au cours de l’année. » Il a déclaré que ce rapport annuel est l’occasion, pour l’opinion, nationale et internationale d’être mieux édifiée sur l’évolution des droits humains.
Mme Ramata Guissé a soutenu que ce rapport fait l’état des lieux de la situation des violations des droits de l’homme commises dans les régions du nord, du centre et dans le district de Bamako durant l’année 2017. Il informe, a-t-elle dit, sur les exactions perpétrées par les groupes armés, la liberté d’expression, l’impunité, les conditions de détention dans les centres de privation de liberté et enfin du droit à l’éducation. Elle a ajouté : « les attaques se sont multipliées dans les régions centrales de Mopti et de Ségou. La présence accrue des groupes armés et l’intensification du recrutement local ont aggravé les tensions entre différentes ethnies… Entre janvier et septembre, la MINUSMA a dénombré au moins 155 attaques contre ses forces de maintien de la paix, les forces de sécurité maliennes et les militaires français de l’opération Barkhane… La plupart des attaques ont été revendiquées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. » Elle a signalé les menaces contre la liberté d’expression, les mauvaises conditions de détention et l’impunité, au Mali. La crise de 2012, a-t-elle dit, a porté un rude coup au droit à l’éducation.
Alioune Tine a déclaré : « Cette année, au niveau mondial, nous mettons en lumière le fait que la haine est passée du discours à la réalité, ce qui a eu de terribles conséquences. À mesure que la haine encouragée par les États se généralise, nous risquons de voir se banaliser une discrimination à grande échelle des groupes marginalisés. Toutefois, la riposte s’organise. Frustrées et indignées par l’attitude des autorités, qui ne cessent de les priver de leurs libertés fondamentales, de nombreuses personnes font désormais campagne pour que leurs droits soient respectés et concrétisés et pour défendre d’autres victimes. » Il a signalé la répression des manifestations au Tchad, Au Cameroun, Au Togo, en Sierra Leone et les attaques visant des défenseurs des droits humains. Alioune Tine a cité des cas de menaces contre la liberté des médias. Il s’est exprimé sur des infractions perpétrées par les forces de sécurité au Cameroun et au Nigeria.
A propos des migrants africains, il a soutenu qu’Amnesty International estime que les images choquantes d’une vente aux enchères de migrants en Libye, diffusées par CNN, doivent amener les dirigeants européens et africains à ouvrir les yeux sur le fait que les accords passés, afin d’empêcher les migrants et les réfugiés de quitter la Libye, exposent ces personnes à de terribles atteintes aux droits humains. Répondant aux questions relatives à l’affaire du général Amadou Haya Sanogo, il a soutenu qu’il n’y aura pas de détention sans procès et pas de prescription de l’action.
Il a ajouté que la suspension du procès a été demandée par la défense, pour des raisons d’expertise.