Bamako, - La ville de Gao, dans le nord du Mali, est le théâtre depuis plusieurs jours de tensions entre les populations songhaï (noire) et arabe, les deux communauté s’accusant mutuellement d’être responsable de la mort d’un des leurs, ont indiqué jeudi des sources locales.
Gao, situé sur le fleuve Niger, où cohabitent des populations songhaï, sédentaires et vivant principalement de l’agriculture et de l’artisanat, et des commerçants arabes, avait jeudi des "allures de ville morte", selon un habitant joint pour l’AFP.
"Toutes les boutiques sont fermées. Des arabes armés ont pris position" sur une place et "tirent des coups de feu en l’air pour que la foule ne vienne pas", selon cette source, qui a précisé que les services publics étaient également quasiment tous fermés.
"La tension est vive. On ne voit aucune boutique de commerçants arabes ouverte. Des jeunes sédentaires ont en mains des gourdins", a pour sa part expliqué à l’AFP un responsable du gouvernorat local.
"Ils veulent venger la mort du militaire de la garde nationale tué mercredi soir à Gao, selon eux assassiné par un arabe", a-t-il ajouté.
La semaine dernière, deux jeunes commerçants arabes de Gao avaient disparu alors qu’ils circulaient à moto. Le corps de l’un d’entre eux a été retrouvé quelques jours plus tard dans le fleuve Niger, à quelques kilomètres de la ville. Dans la communauté arabe, certains soupçonnent des membres de l’ethnie songhaï.
"Tous ceux qui ne respecteront pas désormais les autochtones de Gao n’auront plus leur place à Gao", a déclaré un jeune manifestant songhaï.
Une source sécuritaire à Gao a fait part à l’AFP de son "inquiétude" face aux risques d’escalade de la situation.
Grande ville du nord du Mali, Gao, à 1.200 km au nord-est de Bamako, avait été occupée en 2012 par des combattants jihadistes liés à Al-Qaïda, chassés en janvier 2013 par une intervention militaire française.
Mais des zones entières du nord du Mali échappent au contrôle des forces
maliennes, française et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques
meurtrières malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé
isoler définitivement les jihadistes.