A Bamako, la rumeur n’en est plus une. Aliou Boubacar Diallo, entrepreneur et Président de la 4e force politique, se présentera à l’élection présidentielle de juillet prochain. Une candidature hors des sentiers battus qui pourrait rebattre les cartes dans le jeu politique malien.
Depuis plusieurs jours, les médias locaux évoquent avec insistance la candidature du fondateur de Wassoul’Or et président du parti ADP-Maliba au scrutin présidentiel. Les journalistes de Maliweb avancent même un lieu et une date : les 10 et 11 mars à Nioro du Sahel à l’occasion de la Conférence nationale du parti ADP-Maliba.
Issu du monde des affaires, nouveau sur la scène politique, celui que les observateurs politiques surnomment le « Talon malien » a de nombreux atouts dans sa manche pour remporter la présidentielle face à une caste politicienne auxquels les Maliens n’accordent plus aucun crédit.
Le premier atout réside dans la déception croissante des populations à l’endroit du président sortant. Elu triomphalement en 2013, Ibrahim Boubacar Keïta (dit IBK) a déçu au Mali et à l’international. En cause, sa passivité face à la menace terroriste, dont la gestion a été très (trop ?) largement sous-traitée à la France ; mais aussi des accusations récurrentes de népotisme et de corruption qui collent à son mandat et à ses proches. IBK donne l’impression de n’avoir jamais répondu aux aspirations populaires notamment celles de la jeunesse malienne en matière d’emploi.
Mais pire, Ibrahim Boubacar Keita donne l’image d’un homme politique ayant trahi l’essentiel de ses compagnons de 2013. Sur ce registre, dans l’imaginaire populaire, Aliou Boubacar Diallo apparait comme la principale victime du système IBK et surtout comme le principal opposant.
Combattu par le gouvernement lorsqu’il relancait la production de Wassoul’Or, mis en minorité lorsqu’il critiquait certains comportements au sein de la Majorité présidentielle, Aliou Boubacar Diallo et son parti claquent la porte et se posent rapidement en principaux animateurs de l’opposition malienne.
Lors de la contestation du projet de révision constitutionnelle, Aliou Diallo prend à nouveau position en dénonçant énergiquement l’initiative d’IBK. Ses principaux lieutenants seront d’ailleurs au devant des marches populaires organisées dans la capitale malienne.
Le Chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé, s’est pour sa part discrédité aux yeux des populations qui ont toujours du mal à comprendre les fonds publics qui lui sont attribués (environs 1 millions d’euros) alors que sa posture et ses critiques du système se font de plus en plus rares.
Ce contexte de défiance de l’opinion publique à l’égard des élites politiques classiques pourrait profiter à Aliou Diallo dont le parcours d’entrepreneur séduit fortement les jeunes et les femmes. C’est tout particulièrement son opiniâtreté et sa détermination à réussir les projets qu’il entreprend qui laissent penser aux Maliens que le PDG de Wassoul’Or dispose de la recette pour relancer la croissance et faire baisser le chômage des jeunes. L’annonce du potentiel de son projet gazier a fini de convaincre les plus sceptiques sur son flair et ses qualités.
Une nouvelle image pour le Mali est donc souhaitée par beaucoup. Selon les leaders d’un mouvement qui soutient un appel à sa candidature, Ko-koura, l’image nouvelle du Mali serait également axée sur des programmes sociaux ambitieux visant à réduire les inégalités au sein de la population, y compris dans les zones aujourd’hui abandonnées par le gouvernement aux groupuscules djihadistes. Car si Aliou Diallo est nouveau sur la scène politique, il est depuis de nombreuses années à la tête de la Fondation Maliba, l’une des ONG les plus actives à travers le pays.
C’est cette action sociale, portée jusqu’aux zones contrôlées par AQMI, qui explique peut-être plus que tout les réelles chances de victoire d’Aliou Boubacar Diallo en juillet prochain. Son volontarisme philanthropique lui vaut non seulement une forte popularité auprès de la population, mais cela lui permet également de pouvoir s’appuyer sur le soutien de la plupart des dignitaires religieux du pays.