L’Administration est une société anonyme à irresponsabilité illimitée” disait, du haut de sa stature d’1m,93, l’humoriste, journaliste et écrivain français, Jean Amadou. On ne peut ainsi, mieux que lui, décrire cette nébuleuse d’administration, laquelle, au lieu d’impulser le développement de nos pays, finit par devenir une pieuvre à la tête de l’Etat, qui happe tout sur son passage.
Et pourtant, à voir les communiqués du Conseil des ministres qui se succèdent au fil des mercredis avec son lot de nominations à des postes dits de responsabilité, il y a de quoi se demander de quelle responsabilité s’agit-il et pour quel intérêt du pays.
Ce qui est plus grave, c’est l’instabilité qui caractérise les ministères, notamment avec la valse des ministres déménageant à chaque fois les Cabinets, parce que des fonctionnaires amenés par le partant doivent céder la place aux amis et courtisans du nouveau venu.
C’est dire que, finalement, au sein des départements ministériels, la coloration politique de l’occupant en chef ou du chef du gouvernement est une camisole de force pour tous les membres des Cabinets ministériels devenus ainsi des refuges de recasés politiques au lieu d’être de hauts lieux de la compétence administrative.
Combien de fois, un ministre installé dans ses fonctions s’est-il adressé aux membres de son Cabinet en ces termes : “Je n’y connais rien, je viens pour apprendre et je compte sur vous”. Le temps d’apprendre, comme il le dit, il est encore viré, non sans attendre qu’on lui enseigne comment se servir du budget du Département.
“N’aspirez jamais à un emploi que vous n’ayez acquis auparavant les connaissances nécessaires pour le bien remplir : Il n’est plus temps d’apprendre quand il faut exécuter ” avertissait dès 1763, Gabriel Bonnot de Mably dans” Entretiens de Phocion “. Et plus près de nous, Albert Camus de clore ce débat en ces termes : “Le pouvoir ne se sépare pas de l’injustice. Le bon pouvoir est l’administration saine et prudente de l’injustice”.
Sans vouloir offenser, craignant un jour on ne vienne me reprocher l’exercice illégal de la morale, je peux, en attendant, crier haut et fort que ce n’est pas dans la discontinuité au nom de considérations politiciennes que l’on peut parler d’administration. Si un ministre ne devait s’installer qu’avec au maximum deux autres personnes, laissant les techniciens vaquer à leurs occupations et qui eux seraient nommés sur la base de leurs compétences et expériences, l’administration publique sen sentirait mieux.