Il avait mis son pied dans les affaires du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita dans le dossier Tomi. Il s’agit du très contesté journaliste français Hervé Edwy Plenel, président et co-fondateur du site web d’informations et d’opinions Mediapart. A la faveur de la 10e édition de la Rentrée littéraire du Mali qui vient de connaitre son épilogue, la presse malienne était à l’école de M. Plenel. La rencontre s’est tenue à la Maison de la presse sous la modération de notre consur Ramata Diaouré. Fustigeant la politique française en Afrique, il a souligné que le journalisme n’est de faire plaisir à quelqu’un ou de donner du tort à une personne, mais c’est de porter la plume dans la plaie afin d’informer l’opinion publique.
L’occasion était unique et opportune pour écouter l’homme, partager son expérience et comprendre ses impressions sur des questions d’actualité, notamment la migration, le développement, la politique française en Afrique, etc.
Né le 31 août 1952 à Nantes, Plenel a travaillé pour le compte du journal Le Monde pendant 24 ans. Au cours de ce long séjour, l’homme s’est fait de la personnalité et de la renommée à travers des enquêtes de grande envergure. Au cur des secrets d’Etat, Edwy fut l’une des grandes figures du journalisme indépendant et critique. Ses enquêtes sur la présidence de François Mitterrand, ses publications dont “La face cachée du monde”, les révélations dans les affaires Woerth-Béthencourt, Cahuzac, Aguilino Morelle et Sarkozy-Kadhafi ont été des aventures exceptionnelles.
A celles-ci s’ajoutent des dossiers brûlants comme Football Leaks ou les Malta Files. Sans détour, il a indiqué que le journalisme, c’est l’investigation. “L’enquête est au cur du journalisme”, a noté Hervé. A ses dires, dans ce monde numérisé, le journaliste a le devoir d’informer l’opinion sur ce qu’elle ne connait pas et éviter le préjugé. Face aux professionnels des médias maliens, Hervé a fait remarquer que le journaliste est seulement au service du peuple et non un homme de main de son employeur.
Parlant de mondialisation, il a soutenu que la sécurité est utilisée pour faire régresser la défense des droits de l’Homme au profit de la politique de la peur. Selon lui, la guerre en Libye a dépassé le mandat de l’ONU. Cette situation a eu une conséquence plus dramatique avec la dispersion des armes de la Libye les plus sophistiquées et plus nombreuses que l’ensemble des armes de l’Afrique.
Abordant la crise malienne, il a déclaré que la France doit se montrer plus sincère avec le Mali dans ses rapports. Selon lui, n’y a nulle part de solution militaire pour la sécurité. Le patron de Mediapart a indiqué que : “Quand on s’entête dans les solutions militaires, on crée des monstres. Il faut des options politiques basées sur une vision du monde”.
Sur la migration, Edwy a soutenu que l’Afrique n’est pas assignée à résidence. Pour lui, la question de nationalité est l’arme des pouvoirs en péril. Il a poursuivi en disant qu’à cause de l’égoïsme européen, le développement de l’Afrique est devenu une dangereuse aventure. A cet effet, il a affirmé ceci : “La vision européenne concernant l’immigration est contraire à la solidarité africaine”.
Pour finir, il a dénoncé la démarche du locataire de la Maison Blanche en ces termes : “Trump est l’ennemi de l’égalité. On le combat avec l’argumentation rationnelle”.