C’est le résultat d’un forum sur l’insécurité des espaces scolaire et universitaire que la Maison des Ainés a abrité les 26 et 27 janvier 2018. Initié par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, le forum a mobilisé de nombreux acteurs et partenaires de l’Education malienne autour du triste constat selon lequel les espaces scolaire et universitaire, censés être des lieux d’apprentissage, sont en train de rater leur vocation pour devenir des lieux de violences. Une tendance qu’illustrent les affrontements entre clans rivaux de l’AEEM, les coups et blessures, les cas d’assassinats, l’utilisation de gaz lacrymogène par les étudiants, le viol collectif d’une fille par certains étudiants se réclamant du comité AEEM, la destruction de biens publics et privés.
Face à cette situation, le Gouvernement s’était illustré par des mesures de lutte contre le phénomène, à travers la mise en place d’une commission interministérielle de travail sur l’insécurité dans les espaces scolaires et universitaires, l’élaboration d’un plan d’actions, l’audit sécuritaire des établissements d’enseignement supérieur, l’opérationnalisation des conseils de discipline et la prise des sanctions disciplinaires contre les étudiants responsables de la violence dans certaines facultés, ainsi que l’adoption d’une loi et d’un décret sur les franchises et les libertés universitaires etc…
Selon les informations recueillies auprès des organisateurs, ce forum s’inscrit dans le cadre d’une recommandation formulée par l’Assemblée Nationale lors de l’adoption du projet de Loi sur les franchises et les libertés universitaires en juillet 2017. Il vise à établir l’état des lieux, procéder à une analyse approfondie pour identifier les causes et conséquences de l’insécurité dans les établissements scolaires et universitaires.
Le forum s’est déroulé en trois étapes dont une première étape consacrée à plusieurs thématiques liées à l’insécurité dans les espaces scolaires et universitaires, une deuxième aux travaux de groupes et la dernière étape à l’élaboration du rapport final sur les causes de l’insécurité universitaire et scolaire. Les travaux ont été par ailleurs assortis d’une kyrielle de recommandations pour mieux affronter le défi.
Lesdites recommandations tendent à mieux optimiser l’occupation des dortoirs et l’acquisition des reçus parallèlement vendus par l’AEEM, ainsi qu’au transfert de la gestion des parkings, cantines, gargotes et kiosques au CENOU ou à l’Administration des structures.
S’y ajoutent en outre la suppression du quota de lits pour mettre tous les étudiants au même pied d’égalité, le conditionnement de l’accès au œuvres universitaires à l’acquisition de la carte CENOU, et la sécurisation permanente des espaces scolaire et universitaire. Les participants au forum ont aussi suggéré d’exiger la justification par l’AEEM des fonds publics reçus, de mettre un terme à tout financement public à son profit et d’augmenter les bourses des étudiants. Ce n’est pas tout. Les recommandations ont trait également à l’abrogation de tous les protocoles d’accord pour confier la gestion des franchises scolaires et universitaires au CENOU et/ou à l’Administration.
Pour l’accès audits espaces, les acteurs du monde scolaire et universitaire militent en faveur d’une rigoureuse réglementation ainsi que l’exigibilité de badges pour les enseignants et de cartes d’identité pour les étudiants. La multiplication des formations pédagogiques dans les ordres d’enseignement et la transparente dans la gestion des ressources ne sont pas en reste. Il s’agit, pour eux, d’instaurer une culture de recevabilité, d’initier à l’intention des enseignants des formations sur l’éthique et la déontologie, de les sensibiliser de même que les étudiants sur leur conduite, d’appliquer le règlement quant au respect de l’ordre hiérarchique.
S’agissant du cadre sécuritaire, les participants au forum ont insisté sur le retrait à l’AEEM de la gestion de toutes les œuvres universitaires, la clôture des établissements et l’élévation les murs, la délimitation des espaces scolaires et universitaires, la révision du cadre partenarial entre le CENOU et l’AEEM, la création et ou l’opérationnalisation de groupes de sécurité, le retour de l’éducation citoyenne dans les établissements scolaires et universitaires, l’implication des parents d’élèves et des chefs de quartiers, la formation continue des enseignants, le filtrage des entrées et sorties dans les établissements scolaires et universitaires, l’installation des caméras de surveillance dans les amphithéâtres, le déguerpissement des alentours des établissements, l’arrêt des interférences politiques et religieuses dans le milieu scolaire et universitaire, l’éclairage de l’espace scolaire et universitaire, la formation des CGS, la maîtrise des flux d’étudiants, la prise en compte du genre dans toutes les activités scolaires et universitaires, une meilleure adéquation entre la formation et l’emploi, l’application stricte des lois et des règlements intérieurs, le bannissement de toute forme de violence, la rétrocession de l’ensemble des activités sociales et financières au CENOU.
Notons que l’AEEM qui devrait prendre part à cette rencontre a brillé par son absence.
Selon une source proche du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, elle avait pourtant pris part aux travaux préparatoires mais a décidé de bouder le forum proprement dit.