PolitiqueATT aux membres du PDES : « Je ne veux en aucun cas me mêler de la politique malienne… Et je ne vais non plus vous indiquer aucune directive à suivre »
Lors de son bref séjour à Bamako après 5 ans d’exil à Dakar, l’ex-président Amadou Toumani Touré n’avait pas porté de gants pour asséner ses quatre vérités aux membres du PDES au cours d’une rencontre tenue à la demande de ceux-ci. ATT n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour opposer un refus catégorique aux propositions venant des cadres du parti resté fidèle à lui depuis sa chute.
La direction du PDES, force politique restée fidèle au président déchu, le général d’armée Amadou Toumani Touré, avait coûte que coûte tenté de faire revenir ATT sur la scène politique nationale.
Ce qui fut manifestement un échec pour les cadres du parti en dépit de toutes les stratégies planifiées à cet effet. Car, ATT, ayant déjà reçu sa dose après l’ensemble des événements qui ont succédé à la chute brutale de son régime, a clairement signifié son refus de se mêler à nouveau, non seulement, de la vie politique du Mali, mais aussi, participer de quelque manière que ce soit, aux activités du PDES pour la reconquête du pouvoir.
Lors d’une rencontre tenue à sa résidence avec l’état-major du parti, à la faveur de son bref séjour au Mali, les cadres du PDES avaient vivement souhaité qu’ATT signe son retour sur la scène publique et participe aux efforts de restructuration et consolidation d’une formation politique (le PDES) que l’on sait aujourd’hui à l’agonie. Cela, en lui demandant également de bien vouloir leur indiquer de nouvelles directives à suivre, principalement, dans le cadre des stratégies de conquête du pouvoir.
Ce à quoi, ATT s’est vigoureusement opposé sans autre forme de tergiversation. Car, lors de la rencontre, le général déchu a ouvertement signifié à ses fidèles alliés qu’il ne prendrait, non seulement, part à aucune activité liée à la politique nationale, mais également, ne leur montrerait non plus aucune directive à suivre en rapport aux perspectives de conquête du pouvoir. Ce qui n’a pas manqué de surprendre, voire désenchanter la direction du parti qui, visiblement, s’attendait à une bien meilleure réaction de la part du mentor.
Après notamment la gigantesque mobilisation qui s’était opérée autour de son accueil, l’instance dirigeante du PDES avait vu en le retour d’ATT, un immense signe d’espoir pour le repositionnement de leur formation politique sur l’échiquier national. Un espoir qui, à son tour, ne tardera pas à être brisé par un ex-président moralement affaissé par les événements et qui, avec le temps, s’était déjà forgé une toute autre opinion des choses.
Les réels motifs d’une réaction inattendue
En effet, tout porte à croire qu’ATT n’a pas véritablement pas confiance en ses propres partisans. Car, le principal justificatif qu’il a explicitement apporté à sa réaction en réponse aux propositions du PDES, consiste dans le fait que si jamais il donnait au parti une quelconque directive à suivre, l’opinion en serait automatiquement informée, notamment, par voie de presse où ses propos feraient certainement la « une » des journaux. Chose qu’ATT, à un tel stade, est encore loin de souhaiter. Ce qui, de façon implicite, signifie qu’il n’a pas suffisamment foi en la discrétion, ou même, la sincérité de ceux qui clament pourtant jour et nuit, leur fidélité à l’endroit de sa personne.
Par ailleurs, l’ex-président préfère plutôt rester à l’écart de la scène nationale et mener tranquillement sa vie loin du brouhaha politique après être sorti par la petite porte de l’Histoire à l’issue d’un coup d’Etat perpétré par des jeunes soldats foncièrement en colère contre la hiérarchie civilo-militaire.
C’est pourquoi, lors de sa courte résidence à l’ACI-2000, ATT a sèchement refusé d’accorder la moindre interview aux médias, tant nationaux qu’internationaux, même à ceux parmi les journalistes restés fortement acquis à sa cause depuis qu’il eût été chassé du pouvoir. L’homme n’a voulu s’exprimer à travers aucun canal de communication juste pour éviter d’enflammer toute polémique à son sujet.
Politesse et fermeté
En revanche, lors du même entretien à huis-clos avec ses partisans, l’ex-président malien s’est montré disposé à aider le parti pour quelque besoin matériel ou financier que ce soit aussi longtemps qu’il sera en mesure de se manifester dans ce sens. Mais, pour ce qui concerne la gestion politique ou stratégique du parti ou sa participation effective à la vie publique, ATT ne passera pas par quatre chemins pour leur indiquer son refus franc et entier de se mêler à nouveau de quoique ce soit.
Une décision personnelle qui a été accueillie avec beaucoup de déception par les membres du PDES, car, le parti peine désespérément à se frayer un chemin et désigner un candidat légitime et consensuel pour ce qui concerne particulièrement les échéances présidentielles à venir.
Du coté du pouvoir en place, si l’intention réelle du président Ibrahim Boubacar Kéita, n’était autre que d’élargir son électorat en réussissant à rallier les partisans d’ATT à sa famille politique à travers son retour tant espéré par ceux-ci, les choses ne seront pas forcément vues dans cette optique par l’ensemble des mouvements fidèles à ATT aussi bien que la direction du PDES.
« IBK s’est personnellement impliqué dans la décision autorisant le retour d’ATT au bercail pour que nous lui servions d’alliés électoraux lors de la prochaine présidentielle. Mais aujourd’hui, je peux vous dire, sans risque de me tromper, que les 90 % des militants du PDES ne sont pas du tout prêts à soutenir IBK lors des élections, car, tous voudraient plutôt qu’ils partent », nous a confié un membre influent du parti fidèle au général déchu, le PDES.
Ce qui rend compliquées les choses pour le camp présidentiel dont les mesquineries et autres calculs politiciens ne cessent de se multiplier dans la perspective d’un second quinquennat, et ce malgré une gouvernance calamiteuse et un bilan aussi indéfendable qu’inexcusable.
Dilika Touré LA SIRENE