Djénéba & Fousco ont mêlé leurs destins sur scène comme à la ville. Ce nouveau couple malien originaire de la région de Kayes s’est forgé une réputation dans toute l’Afrique de l’Ouest par le biais des télé-crochets Tounka-Gouna et L’Afrique a un incroyable Talent. Kayeba Khasso, leur premier album, est enraciné dans la tradition griotique dans laquelle ils ont grandi l’un comme l’autre, tout en s’autorisant de délicats pas de côtés qui font le charme des neuf titres de cet album.
C’est à Marseille où ils peaufinaient, avec le reste de la troupe, la mise en scène de 2147 et si l’Afrique disparaissait, le spectacle de Moise Touré chorégraphié par Jean-Claude Gallotta et mis en musique par Rokia Traoré et eux-mêmes, que Djénéba Kouyaté et Fousseyni Sissoko, dit Fousco, reviennent sur Kayeba Khasso, l’autre raison qui fait que ce couple officiellement unis par les liens du mariage depuis 2012, ne se quitte plus.
Tous deux ont grandi dans des familles de griots, "de grands-parents en parents et de parents à enfants" précise Djénéba dont le patronyme (Kouyaté) est lié à celui du tout premier griot (Ballaké Fasséké Kouyaté) de l’Empereur Soundiata Keita (1190-1255). "J’ai suivi ma mère à chacun de ses déplacements (mariages, baptêmes), et me suis nourrie de son enseignement. La mère de Fousco, elle, est partie à Paris à l’invitation d’un couple de Maliens qui souhaitait se marier dans la tradition. Appelée pour un deuxième, puis un troisième, elle y est restée. C’est donc au contact de Mamadou Laye Sissoko, son père, qu’il a appris la musique à l’âge de 12 ans."
"On est tous les deux originaires du Khasso, une région frontalière du Sénégal et de la Mauritanie, au nord-ouest de Bamako" ajoute Fousco. "Djénéba est née à Toukoto, un village et moi à Kayes, la ville créée par le colon français. Kayes fut la première capitale du Mali"
"En 2005, Djeneba qui n’avait pas encore treize ans est venue à Kayes, travailler cinq mois avec mon père, afin de préparer la Biennale artistique et culturelle. C’est lors de cette manifestation que s’affrontent par le biais de présélections locales et régionales et de sélections nationales, tous les talents du Mali. Moi, j’avais 17 ans et venais d’obtenir mon diplôme de l’Institut National des Arts (l’INA) à Bamako où j’avais passé quatre ans. En vacances pendant plusieurs mois chez mon oncle à Sikasso (une ville malienne à la frontière burkinabé, au Sud-Est du pays – NdR), je ne l’ai pas rencontrée. C’est ma grande sœur qui, plus tard, m’a parlé d’elle, car Djénéba avait animé son mariage."
Fousco et Sidiki
Pendant ses années à l’INA, Fousco se lie d’amitié avec Sidiki Diabaté, le fils du virtuose de la kora, Toumani Diabaté. "On nous prenait pour des jumeaux, mêmes habits, mêmes motos. Après l’INA, Sidiki était devenu beat-maker pour la scène hip hop et m’a proposé de faire un featuring avec Iba One, un rappeur très célèbre au Mali. Djougouya (La Méchanceté) a été un succès et m’a permis de tourner dans les 8 régions du Mali. Ensuite, avec Sidiki, on a monté Djeliya, notre propre groupe. Malheureusement, ses activités de producteur et les tournées à travers le monde avec son père ne lui ont pas laissé de temps pour notre aventure. Un groupe qui ne répète pas, n’est pas un groupe" lâche-t-il résigné.