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Chantiers des logements sociaux 2011-2012 : A L’arrêt partout
Publié le mercredi 6 juin 2012   |  L'Essor




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La crise a grippé le programme qui prévoyait la livraison de 1552 habitations cette semaine

L’accès à un logement décent pour tous les Maliens relève d’une volonté politique qui a sous-tendu ces dix dernières années les initiatives du gouvernement en matière de promotion et de développement social dans notre pays. Le programme de réalisation des logements dits « sociaux » participe de cette dynamique publique d’offrir aux citoyens un cadre de vie agréable et assaini. Ainsi de 2002 à 2010, environ 20 000 logements de type social ont été mis à la disposition de nos concitoyens sur le territoire national. Et la joie des bénéficiaires à la publication des listes est à la mesure de la difficulté d’acquérir une maison à soi. Les programmes de logements sociaux ont donc largement fait la preuve de leur pertinence et de leur utilité pour des demandeurs démunis.

Jusqu’ici ces programmes s’étaient déroulés sans anicroches. Les maisons ont été, à quelques exceptions près, livrées dans les délais contractuels. Une manière pour les autorités de l’époque de célébrer le 8 juin, date anniversaire de l’investiture du président de la République. Aujourd’hui, la machine s’est grippée et les éventuels bénéficiaires des nouvelles maisons prévues dans la tranche 2011-2012 du programme de logements sociaux vont devoir prendre leur mal en patience. Car depuis le coup d’Etat du 22 mars, les chantiers de construction des quelques 2000 logements sociaux à travers le pays sont à l’arrêt. 1552 logements sociaux étaient prévus à Bamako et 320 autres à Kayes (60), Koulikoro (20), Ségou (30), Mopti (140) et Gao (70). Ces maisons sont de type F3A, F3B, F4 et F5. A ce jour, les taux d’exécution des travaux confiés à différentes entreprises adjudicatrices sont très variables. Dans la capitale, les taux d’exécution varient entre 10 et 50% pour des taux de consommation de délais contractuel se situant entre 70 et 85%. Les chantiers de Tabacoro fournissent une bonne illustration de la situation. On y trouve des maisons qui attendent leur crépissage, qui s’apprêtent à recevoir leur dalle ou qui végètent encore au ras des fondations. Le site est presque à l’abandon actuellement. Et les quelques rares ouvriers présents sont réduits à l’oisiveté. La trentaine d’entreprises en charge des différents lots ont considérablement réduit leurs effectifs de main d’œuvre. Si les « nationales » ont opté pour le service minimum, certaines « expatriées » ont simplement choisi de plier bagages. Pourtant les choses avaient bien démarré à la signature des contrats entre l’Etat et les entreprises. Certaines de ces dernières, pour s’assurer d’être dans les temps, n’ont pas attendu de percevoir les 20% du montant global du marché. Cette somme représente l’acompte devant être versé par l’Etat aux entreprises pour commencer les travaux, explique Mamadou Dembélé, le promoteur de l’Entreprise malienne de construction et de gestion immobilière (EMACOGI). Comme la plupart de ses semblables, EMACOGI s’est tournée vers les banques pour effectuer les premiers investissements. Mais aujourd’hui, le climat a changé et l’Etat n’inspire qu’une confiance limitée. « Nous sommes à l’arrêt. Nous ne pouvons plus continuer les travaux car nous sommes à court de financements. Aujourd’hui, les lignes de crédit sont fermées. L’Etat ne nous a encore pas donné d’argent jusqu’ici. Nous nous sommes débrouillés avec nos partenaires pour préfinancer les travaux des 50 logements dont nous avons la charge. Mais aujourd’hui, nous avons besoin de l’aide de l’Etat afin de pouvoir honorer nos engagements. Car nos partenaires se rétractent. Ils ne font plus confiance à l’Etat pour être remboursés », souligne Mamadou Dembélé, promoteur de EMACOGI. A la Direction nationale de l’urbanisme (DNU), l’on explique sans vraiment démentir. « C’est vrai, les chantiers devaient être livrés d’ici le 8 juin. Malheureusement, les événements du 22 mars dernier ont bouleversé le déroulement des travaux sur les chantiers. Aujourd’hui, ils sont tous à l’arrêt aussi bien à Bamako qu’à l’intérieur du pays. Cela est dû au fait que les programmes sont financés sur le budget d’Etat. Et actuellement, le pays traverse une période de crise aussi bien économique qu’institutionnelle », explique Sékou Mounkoro, le chef de la section ingénierie, chargée du suivi des logements sociaux à la Direction nationale de l’Urbanisme. Le non-respect des délais contractuels pour la réalisation du programme entrainera-t-il des sanctions contre les entreprises adjudicatrices qui ne sont pas fondamentalement fautives ? Nous n’en sommes pas là encore, répond Sékou Mounkoro. Le responsable de la DNU annonce qu’au pire des cas, des dispositions sont prévues dans les clauses contractuelles pour parer à de telles éventualités. « Nous sommes devant une situation qui ne dépend de personne, ni des services de l’Etat, encore moins des entreprises. Dans ces circonstances, nous sommes obligés de faire des dérogations en faveur des entreprises pour leur permettre de finir les travaux dans une période plus ou moins courte. Il est prévu dans les contrats qu’en cas de force majeure, l’Etat soit obligé de prendre ses responsabilités. Certes, rien n’est encore établi. Mais je précise que des négociations seront entamées pour voir ce qu’il y a lieu de faire », annonce Sékou Mounkoro. Les logements sociaux sont importants, au point de devoir, de son point de vue, être inscrits sur la feuille de route du gouvernement de transition. Il est, en effet, impératif pour l’Etat de mener à bien ces programmes, estime Sékou Mounkoro. Faute de quoi, ce serait une très grosse perte pour l’économie nationale en général et le budget national en particulier. Un coup d’arrêt prolongé s’avèrerait surtout catastrophique pour des entreprises aujourd’hui sur la paille après avoir engagé leurs réserves financières. Le retour au calme donne une chance à un redémarrage des travaux si les finances publiques soumises à une sévère cure d’amaigrissement et assaillies d’urgences, parviennent à dégager quelques ressources. La probabilité n’est cependant pas très forte. Du moins à brève échéance.

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