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Sirakoro-Diatoula Extension : Une «crise humanitaire» en gestation
Publié le jeudi 8 mars 2018  |  Soleil Hebdo
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La centrale électrique de Sirakoro-Diatoula Extension, mise en exploitation en 2009-2010, ne produit pas que de l’énergie. Elle déverse des molécules d’huile qui sont en train de polluer l’eau et détruisent la nappe d’un rayon plus profond dans le sol.

Les habitants de la cité du Trésor de Sirakoro-Diatoula Extension font face à une crise environnementale provoquée par la centrale thermique électrique installée à proximité. Selon la population, la production énergétique de la centrale électrique a des effets secondaires et risquerait de porter atteinte aux droits humains.

«Les habitants à proximité sont exposés à des nuisances aux conséquences désastreuses sur le plan sanitaire. Dans une étude réalisée par une mission du Laboratoire national des eaux, il s’est avéré que tous les puits se trouvant dans un rayon de 500m de la centrale sont très pollués et que la concentration d’huile dans les puits est perceptible à une distance de quatre km», affirme Djetene Kouyaté, habitante de la cité.

«Les résultats des analyses ont permis de tirer les conclusions que les eaux des puits 1, 2 et l’eau de rejet sont si polluées par les huiles qu’il a été impossible de les analyser. Tous les puits qui sont dans un rayon de 500 m de la situation SOPAM sont pollués et la concentration d’huile dans les puits est perceptible dans un rayon de 4 km de la station. Si l’eau est source de vie, c’est aussi une denrée limitée. Compte tenu des facteurs climatiques sa disponibilité diminue. Donc, prenons garde du gaspillage d’eau. Au-delà de cette disponibilité limitée, l’eau peut être aussi un danger de mort car en consommant de l’eau polluée par les industries, on peut être victime de maladies mortelles telles que le choléra, la diarrhée, les dermatoses graves», précise le rapport national des eaux.

Selon le rapport, la pollution de l’eau souterraine autour de la centrale est due à l’absence de station d’épuration pour traiter l’eau usée avant son rejet dans la nature, et éviter les fuites d’huile. Le Laboratoire a recommandé à la société de maintenir propre l’environnement des points d’eau et des bornes fontaines, respecter les normes de rejet des eaux usées dans la nature, procéder à un essai de pompage des puits contaminés par l’huile de la centrale et analyser l’eau de la nouvelle nappe rechargée pour connaître sa qualité.

Les mêmes travaux ont été repris par les services d’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances de Kati. Suite à une deuxième mission sur le terrain, les services compétents ont constaté le déversement de déchets liquides hors de la crue à plus de 2 km.

Le même rapport indique la pollution des puits avoisinants, des nuisances sonores et atmosphériques (dégagement de la fumée), et la non-réalisation d’études d’impact environnemental et social lors de l’implantation de la centrale.

C’est pourquoi, la société a été pénalisée. Ainsi, par lettre N°22/SACPN-KTI du 14 avril 2011, ledit service a notifié une amende de 400 000 FCFA à la SOPAM ENERGIE et l’avait invitée à réaliser un audit environnemental et à prendre les dispositions nécessaires pour fournir de l’eau potable aux familles voisines dont les puits ont été pollués.

«À ce jour, aucune disposition n’a été prise dans ce sens, et les populations de la zone sont restées dans le besoin d’eau potable et face aux effets environnementaux néfastes de la centrale», soutient Siaka Togo, président de l’Association des habitants de la cité du trésor de Sirakoro. «Le sentiment d’abandon face à cette situation nous anime depuis cinq ans, tant les démarches entreprises auprès des différentes autorités depuis cette date sont restées sans suite», déplore-t-il.

«L’approvisionnement des familles en eau se fait dans des conditions très difficiles, par l’usage inapproprié des eaux des puits pollués ou par l’achat de bidons d’eau des puits pollués à des coûts très élevés. Depuis près de dix ans, la population vit dans ces conditions déplorables. En plus de la nuisance sonore, la production du gaz toxique et d’huile a complètement pollué les puits», rappelle Moustapha Doumbia, secrétaire général de l’association.

Le ministre de l’Energie sur le banc des accusés !

Confrontés à ce problème depuis 2011, les habitants se sentent abandonnés à leur triste sort, d’autant que leurs efforts n’ont jusque-là pas été couronnés de succès. Pourtant, l’association des habitants de la cité du Trésor de Sirakoro aura fait le tour de toutes les autorités impliquées dans la gestion de ce dossier.

Du service du Médiateur de la République, en passant par la direction de la société, le ministre de tutelle, les efforts des habitants sont jusqu’alors infructueux. Ils exigent la mise à disposition de l’eau potable par la Somagep. Puisque les eaux des puits sont polluées par elle.

Selon le secrétaire général, la prise en compte des besoins des habitants devrait être inscrite au programme d’urgences sociales du président de la République. Au risque de provoquer une crise humanitaire.

Zan Diarra

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