Aminatou a été amenée en urgence, tôt le matin, à la maternité du centre de santé d’Ansongo 14 jours après son accouchement à domicile, sans assistance médicale. Mourante, elle a piqué la crise d´éclampsie en quatre reprises pendant l’examen clinique. Toute l’équipe MSF s’est mobilisée au niveau de la maternité. Son état s’est beaucoup stabilisé et sa vie ne serait plus en danger.
Wanli, originaire d’Ansongo, au nord du Mali, porte l’enfant de sa nièce Aminatou. Victime de complications après son accouchement à domicile, Aminatou est hospitalisée à la maternité du centre de santé de référence d’Ansongo, où elle bénéficie de la prise en charge gratuite de MSF.
Wanli l’accompagnante de Aminatou nous raconte : « Tout a commencé à cinq heures du matin lorsqu’elle a pris son petit-dejeûner. C’est à ce moment que sa crise d’éclampsie a commencé. Elle s’évanouissait, elle tremblait sans cesse. On a cherché un véhicule pour l’amener ici à l’hôpital. Mais comme c’était la nuit, il n’y avait pas d’homme pour nous accompagner à l’hôpital. On a eu peur de sortir, d’emprunter seules la route à cause de l’insécurité.
Le lendemain matin, on l’a amenée au centre de santé communautaire où elle avait suivi ses consultations pendant sa grossesse ; sa dernière consultation remontait à trois jours avant son accouchement. Ma nièce souffre des complications liées à son accouchement à domicile sans assistance médicale. Je sais qu’accoucher en dehors de l’hôpital, des fois ça peut marcher, mais des fois cela peut aussi occasionner de graves conséquences. Mais vu l’insécurité, les femmes n’ont pas le choix d’accoucher à domicile pendant la nuit. On est conscientes des conséquences que cela peut causer».
Dr Sidiki Amadou est le médecin de MSF qui s’occupait de la prise en charge de la patiente (Aminatou) dans la salle de consultation d’urgence à la maternité.
« Grâce aux différents traitements reçus, sa crise d’éclampsie s’est estompée. L’accouchement à domicile, c’est quelque chose qu’il faut bannir à tout prix. Surtout pour les populations de la ville d’Ansongo, car après l’accouchement il y a souvent des complications, comme le cas de cette mère.
La crise d´éclampsie est mortelle, la patiente avait mordu sa langue très fortement, alors qu’on essayait de la sortir de son état de crise. Comme beaucoup d’autres, sans prise en charge, elle aurait pu perdre la vie. Pour lutter contre les accouchements sans assistance médicale, à domicile, MSF communique avec les femmes pendant les consultations prénatales. Il est important aussi de diffuser les messages sur les antennes, de faire une sensibilisation à grande échelle afin que les populations comprennent les conséquences liées avant, pendant et après l’accouchement ».
« J’étais très inquiet pour sa survie »
Fatoumata, femme nomade et mère de cinq enfants, viens de Dala à 5 km de Douentza, au centre du Mali. Elle est arrivée presque mourante à la maternité du centre de santé de référence à Douentza. L’équipe de MSF est parvenue à stabiliser son état, sa vie n’est plus en danger.
Le mari de Fatoumata nous restitue les faits : « J´accompagne ma femme qui est malade. Nous sommes arrivés à 11 heures ce matin, elle s´était complètement évanouie. Ses douleurs ont commencé il y a environ trois jours. Elle me disait qu’elle avait mal à la poitrine. Mais nous n’avons pas été dans un hôpital pour voir de quoi elle souffrait. C’est seulement lorsque sa santé s’est aggravée qu’on a pris une moto-taxi pour venir à l’hôpital de Douentza. Lorsqu’on est arrivés ici au centre de santé, elle a été reçue par les médecins. Elle ne bougeait plus alors. J’étais très inquiet pour sa survie. Ils l’ont conduite dans une salle à l’aide des bras de plusieurs sages-femmes. Je suis resté en dehors de la salle. Et après quelques instants, les docteurs m’ont demandé si je savais de quoi elle souffre ; j’ai répondu non.
Et c’est là qu’ils m’ont informé de la grossesse de ma femme, qui datait de 5 à 6 mois. Personne de la famille ne s’en doutait ! Ni moi, ni elle ne s’était rendu compte de cette grossesse. Les soignants m’ont dit que son malaise était lié à sa grossesse. Maintenant son état s’est amélioré, elle s’est réveillée. Désormais elle viendra suivre ses consultations prénatales».
Aissata Koné, la sage-femme en charge de la patiente explique : «Les accompagnants ont été questionnés à propos des causes de l’état de la patiente, ils nous ont répondu qu’elle était tout simplement malade. Alors, nous avons examiné la patiente et nous nous sommes rendu compte qu’elle était enceinte de 5 ou 6 mois, sans le savoir et sans qu’aucun membre de sa famille ne le sache. Nous leur avons expliqué l’importance de venir au centre de santé lorsque des douleurs comme celle de la patiente se font sentir. Cette dernière avait connu un accouchement à domicile autrefois qui s’était mal passé. Heureusement pour cette nouvelle grossesse, nous avons pu la rencontrer à temps et lui dire l’importance de suivre des consultations prénatales ».