La sagesse populaire dans notre environnement a fréquemment recours à des raccourcis par le biais de dictons et autres adages pour véhiculer sa perception de phénomènes auxquels la société peut être confrontée. Ainsi le caractère inéluctable de l’apparition occasionnelle de dissensions et mésententes dans les relations humaines est résumé dans la parabole des coups de dents que reçoit de temps à autre la langue au hasard de leurs activités. Réunis dans une cohabitation supposée à vie, l’un de ces éléments n’en est pas moins mis à mal quelques fois par le fait de l’autre. L’essentiel n’est cependant pas remis en cause en ces circonstances.
Au sein des communautés musulmanes, l’un des principes cardinaux régissant les rapports entre croyants est la préservation du concept d’unité, de fraternité qui doit exister entre ses membres. Au-delà des liens de sang, sont aussi concernées les relations entre individus à travers la religion commune. Cette conception est fondée sur divers passages du Saint Coran. Il est attesté notamment : « Les croyants ne sont que des frères. Établissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu’on vous fasse miséricorde. » (49:10)
Rappelée régulièrement dans les lieux de culte et autres assemblées, cette référence est invoquée aussi bien pour souligner le devoir d’assistance auquel le fidèle est astreint, que pour réitérer l’impératif de conciliation qui est de rigueur quand viennent à apparaître des divergences entre individus ou groupes. «Ne vous fuyez pas les uns les autres», relève-t-on dans les recueils des dires du Messager (PSL). Et s’il devait en être ainsi à la suite de quelque désaccord, est-il rappelé, «que ce ne soit guère au-delà de trois jours». Car selon les oulémas, deux musulmans qui meurent en se fuyant l’un l’autre s’exposent à des châtiments.
Dans les récits d’eschatologie, il est rapporté notamment qu’en des jours déterminés de la semaine, sont favorisées les grâces divines. Et en ces occasions le pardon est accordé à tout serviteur qui n’avait associé aucune autre divinité à son Créateur. A l’écart de ces faveurs est cependant tenu celui qui avait de l’inimitié contre son frère. Aux protagonistes qui se seront figés dans cette attitude du haut de leurs susceptibilités et de leurs vanités, il sera accordé un délai leur permettant de se réconcilier. Selon les oulémas au-delà de trois jours, leurs bonnes œuvres seront rejetées. Ils rappellent à ce propos que le fidèle qui affiche des penchants de querelleur est mis à l’index au même titre que l’incroyant à qui est refusé toute miséricorde. En outre le chamailleur qui refuse de s’entendre avec son frère est répertorié au nombre des individus dont les invocations ne seront pas rétribuées. En contrepoint, les théologiens exaltent les entreprises des fidèles œuvrant à la réconciliation entre individus. Les mérites de cette action sont évoqués dans un entretien du Messager (PSL) et de ses compagnons. «Ne vous ferais-je pas savoir quelle serait l’aumône aisée et aimée du Créateur Suprême», leur avait-il demandé un jour. Recevant leur assentiment, il déclara «le rétablissement de la concorde entre des gens qui avaient rompu les liens».