Galant homme, je suis, et je n’ai donc pas manqué de m’associer pleinement aux différentes célébrations de la Journée internationale des femmes, déclinée aussi en Journée internationale des droits de la femme ou Journée internationale de défense des droits de la femme. Peu importent l’appellation et la thématique !
Ce qui compte à mes yeux, c’est l’esprit du 08 mars, la mobilisation autour de l’évènement, les moyens, les mécanismes et les modalités mis en place par les Etats et leurs émanations, les entreprises, la société civile ou des leaders qui, telle une locomotive, tirent le mouvement vers le haut en montrant la voie à suivre.
Pour peu que nous nous intéressions à l’actualité, nous pouvons prétendre connaitre la petite histoire de cette mobilisation planétaire pour la défense des droits de la femme. Mais combien sommes-nous à aller au-delà de l’actualité pour remonter le courant de la lutte des femmes (et des hommes, leurs compagnons) pour leur émancipation.
Très peu ! Pour celles et ceux qui sont intéressés à monter à bord de la machine à remonter le temps, j’ai choisi quelques sites internet qu’ils trouveront en pied de ce texte. Le premier d’entre eux, journee-mondiale.com, nous renvoie à l’antiquité grecque où une certaine « Lysistrata avait lancé une "grève sexuelle" contre les hommes pour mettre fin à la guerre ». Un autre repère qu’il évoque, c’est la Révolution française (1789-1799) au cours de laquelle « des Parisiennes demandant "liberté, égalité, fraternité" ont marché sur Versailles pour exiger le droit de vote des femmes ». Mais, précise-t-il, c’est au tournant des XIXe et XXe siècles, période caractérisée dans le monde industrialisé par l’expansion et l’effervescence, une croissance démographique explosive et l'émergence des idéologies radicales que l’idée d’une Journée internationale de la femme s’est fait jour.
Selon les repères chronologiques plantés par journee-mondiale.com, la première Journée nationale de la femme a été célébrée sur l’ensemble du territoire des États-Unis, le 28 février 1909 conformément à une déclaration du Parti Socialiste américain. L’année suivante, en 1910, « … l’Internationale socialiste réunie à Copenhague a instauré une Journée de la femme, de caractère international, pour rendre hommage au mouvement en faveur des droits des femmes et pour aider à obtenir le suffrage universel des femmes. La proposition a été approuvée à l’unanimité par la conférence qui comprenait plus de 100 femmes venant de 17 pays, dont les trois premières femmes élues au Parlement finlandais ».
1911 marque un tournant décisif dans la lutte des femmes puisque « … la Journée internationale de la femme a été célébrée pour la première fois, le 19 mars, en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse, où plus d’un million de femmes et d’hommes ont assisté à des rassemblements… ».
Au cours de ces rassemblements, les mots d’ordre étaient clairs : « Outre le droit de voter et d’exercer une fonction publique, elles (les femmes) exigeaient le droit au travail, à la formation professionnelle, et la cessation de la discrimination sur le lieu de travail ».
Le 25 mars 2011, il y eut le tragique incendie de l’atelier Triangle à New York qui a coûté la vie à plus de 140 ouvrières, pour la plupart des immigrantes italiennes et juives, note le site. Pour de nombreuses féministes, ce drame est un évènement fondateur qui a catalysé le combat des femmes à travers le monde pour arracher des droits qu’on leur déniait et exiger l’amélioration de leurs conditions de travail.
En 1913-1914, redoutant les affres de la guerre (Première Guerre mondiale), les femmes russes ont célébré leur première Journée internationale de la femme le dernier dimanche de février 1913. Dans les autres pays d’Europe, le 8 mars ou à un ou deux jours de cette date, les femmes ont tenu des rassemblements soit pour protester contre la guerre, soit pour exprimer leur solidarité avec leurs sœurs. Leur appréhension était juste puisqu’en 1917, plus de deux millions de soldats russes avaient été tués pendant la guerre.
Pour manifester leur rejet de cette boucherie, les femmes russes ont de nouveau choisi le dernier dimanche de février pour faire la grève, avec comme mot d’ordre, obtenir " du pain et la paix ". Malgré la dénonciation par les dirigeants politiques de la date choisie pour cette grève, elles ont tenu bon. L’histoire s’est accélérée : « … quatre jours plus tard, le tsar a été obligé d’abdiquer et le gouvernement provisoire a accordé le droit de vote aux femmes. Ce dimanche historique tombait le 23 février dans le calendrier julien qui était alors en usage en Russie, mais le 8 mars dans le calendrier géorgien utilisé ailleurs ».
A présent, vous connaissez tout ou presque tout du 08 Mars que nous n’entrevoyons malheureusement qu’à travers les pagnes évènementiels, des manifestations folkloriques… ou des discours parfois totalement creux qui ne sont compris de personne, en tout cas pas des femmes ordinaires auxquelles ils sont censés s’adresser.
Depuis, le système des Nations Unies a pris le leadership du combat en mettant en exergue la réalisation des droits des femmes et leur participation au processus politique et économique. Aujourd’hui, « l’action menée par l’ONU en faveur de la promotion de la femme a pris quatre orientations précises : promotion de mesures juridiques; mobilisation de l’opinion publique et de l’action internationale; formation et recherche, y compris compilation de statistiques ventilées par sexe; et assistance directe aux groupes désavantagés ».
En cette période de célébration, s’il m’était donné d’exprimer un souhait, ce serait que les clans qui s’étripent au sein de la CAFO, la grande faîtière des femmes du Mali, reviennent à de meilleurs sentiments. De la sérénité, il leur faudra pour affirmer leur leadership et être des interlocutrices crédibles vis-à-vis de leurs troupes et de l’Etat. Les querelles de clocher qui les opposent en ce moment les éloignent totalement des préoccupations réelles des femmes maliennes et les discréditent aux yeux de l’opinion nationale et internationale. Le savent-elles seulement !