Le président IBK a salué l’initiative indo-française qui permettra d’améliorer l’accès des populations à cette source d’énergie renouvelable
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a participé, hier à New Dehli en Inde, à la conférence de l’Alliance solaire internationale (ASI). Il y avait également plusieurs autres chefs d’Etat et de gouvernement : Emmanuel Macron de la France, Paul Kagamé du Rwanda, Rock Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, Issoufou Mahamadou du Niger, le Premier ministre indien Narendra Modi et d’autres personnalités d’Asie et des îles de l’Océan pacifique, indien et atlantique.
Ce sommet avait pour but de renforcer la dynamique de l’Alliance solaire internationale, des projets concrets et des stratégies de financement pour la mise en œuvre des objectifs de l’Alliance. Pour faire écho au nombre de pays riches en ressources solaires comme le Mali, l’Alliance prévoit le lancement de 121 projets témoins. L’initiative de l’ASI a été lancée par la France et l’Inde lors de la Conférence de Paris sur le climat en décembre 2015 et depuis le 6 décembre 2017, l’Alliance a acquis le statut d’organisation internationale.
A ce jour, l’accord-cadre définissant ses statuts a été signé par 52 pays et ratifié par 26 d’entre eux, dont le Mali, a rappellé le président Ibrahim Boubacar Kéïta, à la tribune de New Dehli. Il s’agit d’une des coalitions les plus prometteuses pour lutter contre le changement climatique. Et le Mali qui a pris la mesure de cette importante initiative, ne pouvait, d’une part, manquer le rendez-vous de New Dehli, et d’autre part, ne pas faire comprendre la nécessité d’une solidarité internationale autour des questions liées aux changements climatiques et aux solutions solaires, a souligné le chef de l’Etat.
Ibrahim Boubacar Keïta a également relevé que le lancement de cette Alliance va apporter une réponse collective aux défis communs liés à un déploiement massif des ressources d’énergie solaire pour la couverture de nos besoins. Le Mali dispose d’importantes potentialités en matière de sources d’énergies renouvelables en dépit d’un taux d’électrification de 38% au niveau national, dont 22% en milieu rural en moyenne en 2016. Néanmoins, à l’horizon 2030, nous ambitionnons de porter la contribution des énergies renouvelables de moins de 5% à environ 38% dans le mix énergétique national, a indiqué le président Kéïta. Le ministre de l’Energie et de l’Eau, Malick Alhousseini, qui faisait partie de la délégation présidentielle, a fait référence au Programme présidentiel d’urgences sociales d’accès à l’énergie qu’il a présenté comme une volonté manifeste du chef de l’Etat d’améliorer l’accès à l’énergie d’un plus grand nombre de populations. Le ministre a rappelé que le Mali disposait d’une solide et longue expérience en matière d’énergie solaire comme en atteste la création, dans les années 60, du premier laboratoire national qui a, par la suite, donné naissance au Centre régional d’énergie solaire (CRES). Il a aussi rappelé que le Mali est un pays fondateur de l’Alliance à travers la signature et la ratification de l’accord-cadre à Marrakech (Maroc) en novembre 2015.
Expliquant le mix énergétique, le ministre Alhousseini dira qu’il consiste à coupler les deux sources d’énergie (thermique et solaire) en vue d’améliorer l’accès physique et financier des populations les plus démunies à cette source précieuse et capitale. Cette hybridation a pour but essentiellement d’alléger le coût d’accès à l’énergie pour les populations rurales. Le chef du département en charge de l’Energie a cité en exemple la baisse du coût d’accès qui passe de 250 Fcfa le kilowatt/heure à 98 Fcfa en milieu rural grâce à la technologie du mix énergétique. Il a également rappelé l’excellence de la coopération avec l’Inde dans ce domaine. En effet, selon le ministre Alhousséini, ce pays ami a financé les projets d’interconnexion entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Il s’agit en l’occurrence de la ligne haute tension Ferkéssédougou-Sikasso, Koutiala-Ségou de 225 kilowatts et la ligne allant de la Côte d’Ivoire en passant par Sikasso-Bougouni-Sanankoroba et Bamako.
Malgré ces efforts déployés par le gouvernement à travers notamment le programme présidentiel d’urgences sociales, l’accès des populations aux énergies modernes et durables reste marginal et constitue l’un des principaux défis que nous devons relever si nous voulons véritablement endiguer la pauvreté dans nos Etats membres, a fait remarquer le chef de l’Etat. Le développement des nombreuses solutions innovantes issues des énergies renouvelables au centre de nos politiques et stratégies permet de maintenir un cadre de vie durable et d’accélérer particulièrement l’accès à l’énergie pour tous, a soutenu Ibrahim Boubacar Kéïta. Il a, par ailleurs, salué l’initiative conjointe de l’Inde et de la France de porter l’Alliance sur les fonts baptismaux. Le président Kéïta a aussi exprimé la détermination de notre pays à relever le défi de la transformation de nos ressources solaires abondantes en de multiples opportunités. Ces opportunités concernent le développement des services énergétiques et des solutions innovantes dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’éducation, de l’industrie, de la promotion des investissements à moindre coût dans le secteur de l’énergie et le renforcement des capacités en vue de faciliter et d’accélérer l’opérationnalisation des stratégies.
Le chef de l’Etat a, enfin, souhaité que l’Alliance s’attaque à relever des défis spécifiques majeurs comme l’accès simplifié et direct des pays au financement des projets ainsi que la réduction des coûts de transaction associée et la levée des barrières légales, règlementaires et institutionnelles empêchant le déploiement massif des investissements et des solutions innovantes de financement. Le président indien, Ram Nath Kovind, a offert samedi un banquet à ses invités.
Envoyé spécial
Moriba COULIBALY
LES PROJETS PROMETTEURS DU MALI
Le directeur général de l’Agence des énergies renouvelables et point focal de l’Alliance au Mali, Dr Souleymane Berthé, a pris part à la réunion des experts du sommet. Il a détaillé quelques projets et les ambitions que nourrit notre pays pour ce sommet.
Dr Berthé a ainsi expliqué que l’importance du sommet de New Dehli résidait dans le lancement officiel de l’organisation qui a pour but de faciliter le financement des projets innovants des pays à fort ensoleillement situés entre les deux tropiques (Cancer et Capricorne).
Pour sa part, notre pays attend de cette rencontre le financement de projets dans le domaine de l’agriculture à travers la promotion du pompage solaire des périmètres irrigués ou maraîchers, la construction de centrales solaires, l’électrification rurale, a dit l’expert.
Le sommet doit, a-t-il ajouté, aboutir à la création d’une plateforme en vue du financement de projets solaires qui permettront de créer de l’emploi en milieu rural. Ce qui contribuerait par ricochet à réduire l’exode rural et la migration irrégulière.
Le chef de l’Etat n’est pas venu à ce sommet les mains vides. Ibrahim Boubacar Kéïta a présenté et défendu un certain nombre de portefeuilles de projets comme la réalisation de la centrale solaire photovoltaïque de 50 mégas crêtes à Fana (d’un coût de 63 milliards Fcfa), le projet village durable par le biais de l’irrigation solaire photovoltaïque sur 2500 hectares (d’un coût de 11,18 milliards Fcfa), le programme d’équipements en pompes solaires de 150 villages du Mali (PEPSM) d’une valeur de 1,8 milliard Fcfa.
A ceux-ci, on peut ajouter l’amélioration de l’accès aux services d’énergie solaire à 20 communautés en milieu rural pour un coût de 6,3 milliards Fcfa, le projet d’électrification de 100 localités par système photovoltaïque pour 12,1 milliards Fcfa, le programme de promotion de chauffe-eau, séchoirs et cuiseurs solaires pour 5,8 milliards Fcfa.
La participation de notre pays à ce sommet n’a pas été vaine. Car le gouvernement indien aussi bien que des investisseurs privés indiens ont montré de l’intérêt à investir dans le solaire au Mali.
Nul doute que les différents projets présentés lors de ce sommet connaîtront très rapidement un début d’exécution grâce à la volonté affichée et maintes fois réaffirmée du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta, de promouvoir cette source d’énergie inépuisable, mais presque inaccessible pour le commun des citoyens. Grâce à son leadership, l’accès de l’énergie à tous les citoyens sera bientôt une réalité pour le bonheur des populations, surtout rurales.