Le président de la fondation Centre malien pour le dialogue inter-parti (CMDID) Seydou Nourou Kéïta a présidé samedi au Grand hôtel un atelier d’échanges interpartis sur la situation politique du Mali et les enseignements qui en découlent. C’était en présence du directeur exécutif du CMDID, Moumouni Soumano, qui assurait la modération des débats et de représentants des partis politiques.
Considéré jusqu’à une époque récente par l’opinion internationale comme un exemple de démocratie avec la réussite de deux alternances politiques sans heurts majeurs et une relative stabilité politique, le processus démocratique malien qui s’acheminait visiblement vers une routinisation a été interrompu par le putsch du 22 mars sous la double impulsion de ses faiblesses et de la résurgence de la rébellion touarègue aggravée par l’implication des mouvements djihadistes faisant basculer ainsi le pays dans une crise institutionnelle et sécuritaire sans précédent.
Toutefois, selon le président de la fondation Seydou Nourou Kéïta l’éclaircie progressive des horizons grâce au soutien de nos amis d’Afrique et d’Europe ouvre une heureuse perspective de sortir d’une période trouble caractérisée par la promotion d’idées obscurantistes et rétrogrades. Cet espoir, soulignera t-il, loin d’être une fin en soi ou un motif de satisfaction doit au contraire être le début d’un processus d’introspection pour analyser nos actions politiques et mener des réflexions utiles.
Dans ce sens, on peut noter que, indépendamment des facteurs externes, notamment la chute du régime de Mouammar Kadhafi qui a eu des impacts sur la situation sécuritaire, il importe de relever que le processus démocratique du Mali regorgeait d’importantes faiblesses et de profonds dysfonctionnements comme, entre autres : l’hyperprésidentialisme, la faiblesse des contrepouvoirs, l’absence de fait majoritaire, les difficultés de poser les jalons pour l’ancrage d’une culture démocratique, la corruption et la fraude électorale, l’aggravation des pratiques corruptives, le désintérêt des populations pour la classe politique.
La prise en compte de ces faiblesses interpelle hautement les acteurs politiques et pose des interrogations pertinentes sur leurs responsabilités dans la crise que le Mali traverse. Naturellement, il faut faire remarquer que les niveaux de responsabilités sont différenciés et qu’ils ne sont pas exclusifs l’un de l’autre même si les partis politiques constituent un maillon d’une chaine qui intègre plusieurs acteurs et différents paramètres.
La rencontre de samedi s’inscrivait dans ce cadre et offrait une opportunité aux responsables politiques de se retrouver afin d’analyser de manière critique sans complaisance aucune, leur part de responsabilité dans la crise que traverse notre pays.
L’objectif selon Seydou Nourou Kéïta, n’était pas de distribuer de bons ou de mauvais points mais de mener les réflexions nécessaires pour savoir ce qui a manqué mais surtout comment contribuer de manière efficace à la remise en marche de notre processus démocratique.
Fort de son expérience de plateforme de dialogue politique et conformément à son plan d’action 2013 arrêté par les partis membres, la fondation CMDID souhaite soutenir ces réflexions à même de contribuer de manière positive à la relance du processus démocratique malien.
La rencontre a porté ses fruits car des débats critiques et constructifs ont été engagés par les partis politiques qui n’ont pas manqué de situer leurs responsabilités dans la crise. Des suggestions ont été faites pour la remise en marche du processus démocratique. La rencontre a été marquée par une communication de l’expert Augustin Cissé, des questions de compréhension et des contributions, des travaux de groupes et la présentation d’un projet de déclaration.