C’est en présence de la délégation du Secrétariat et du Panel des experts du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs «MAEP» et sous la présidence du représentant du Premier ministre, Mohamed Ag Erlaf, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, que notre pays a eu l’insigne honneur d’abriter la séquence inaugurale de la commémoration continentale du 15è anniversaire du MAEP. C’était le vendredi dernier à l’Hôtel Radisson Blu de Bamako.
Il y a de cela quinze ans, le 9 mars 2003, les États membres de l’Union africaine ont convenu de la création du Mécanisme africain d’évaluation par les Pairs communément appelé le « MAEP ».
Il est un instrument d’évaluation qui examine la gouvernance sur le Continent africain afin d’identifier les forces et les défis dans les quatre domaines thématiques que sont : la Gouvernance démocratique et politique, la Gouvernance et la gestion économique, la Gouvernance des entreprises et le Développement socioéconomique.
Son objectif général est d’encourager et de construire une dynamique de transformation politique, socioéconomique et culturelle positive à tous les niveaux.
Le MAEP a ouvert un espace pour le débat politique et favorisé la culture du dialogue national entre les citoyens et leurs gouvernements.
Le processus a permis de mettre en exergue des problèmes pernicieux, des meilleures pratiques et de faire appel à un grand nombre d’acteurs nationaux en vue de la résolution des problèmes.
Les conclusions des rapports d’évaluation des pays sont aujourd’hui considérées comme des outils de référence et de sensibilisation accrue pour la bonne gouvernance et l’amélioration de la fourniture des services sociaux de base.
Cependant, le MAEP reste encore assez mal connu de la majorité de nos populations et du reste du monde. Cette situation exige une plus grande sensibilisation du public au processus du MAEP.
Le défi est de susciter un intérêt politique et un engagement ainsi qu’une appropriation par les Etats membres pour améliorer la participation au MAEP.
Le vendredi 9 mars 2018, les États membres ont procédé à Bamako au lancement de la commémoration continentale du 15è anniversaire du Mécanisme.
Outre notre capitale, cette commémoration concernera l’ensemble des 38 pays africains participant au Mécanisme sur les 55 Etats de l’Union.
La commémoration de cette année revêt un caractère particulier dans la mesure où, les Chefs d’Etats et de Gouvernements, réunis en Forum du MAEP en janvier 2016, ont instruit au Secrétariat et à l’ensemble des Etats participant, de la célébrer avec éclat, partout et durant toute l’année 2018 pour prendre fin en septembre à New York à l’occasion de la semaine de l’Afrique.
Ces instructions présidentielles ont surtout pour objectif d’amplifier le phénomène de revitalisation en cours depuis 2015 au sein du MAEP et de soutenir les réformes importantes visant à permettre au MAEP de mieux appréhender ses nouvelles missions dans le cadre du mandat élargi qu’il a reçu de ces mêmes Chefs d’Etats et de Gouvernements.
Ce nouveau mandat permettra au MAEP d’aller au-delà de ses missions traditionnelles d’évaluation du système de gouvernance des pays, pour explorer les performances individuelles et globales des Etats africains dans le domaine de la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine et des Objectifs du Développement Durable (ODD).
La prise en charge et l’exécution correcte de ces nouvelles missions constituent les principaux défis auxquels le Mécanisme Africains d’Evaluation par les Pairs (MAEP) doit faire face.
Si au plan continental, elle nécessite des réformes significatives par rapport à la conception et à l’organisation des structures, au plan national les autorités sont conscientes de toutes les implications que la prise en charge de ces nouvelles missions doit entraîner.
Voilà pourquoi, notre pays, par la voix du ministre des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, a pris l’engagement d’y réfléchir et de procéder à une profonde réorganisation de nos structures nationales impliquées dans la mise en œuvre du processus : notamment la Commission Nationale, ses démembrements au niveau régional et même une meilleure organisation du Bureau du Point Focal pour y faire face.
A l’heure du bilan, le ministre Sylla, en sa qualité de Point focal du MAEP s’est félicité des progrès accomplis par ce processus endogène visant à examiner en profondeur les pratiques de gouvernance des pays africains depuis les quinze dernières années.
« Certes, la tâche n’a pas été facile, comme en témoignent les critiques formulées çà et là à l’endroit du processus, mais le Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs a résolument imprimé une marque indélébile sur le continent africain en s’affirmant comme un puissant instrument de diagnostic et d’impulsion de progrès solidaire pour l’amélioration de la gouvernance », a-t-il estimé tout en exhortant les Etats membres à renforcer le MAEP dans le souci de restaurer la confiance envers lui en tant qu’Autorité de gouvernance crédible et principal instrument d’alerte précoce contre les crises en Afrique.
Pour ce faire, il a fait un vibrant plaidoyer afin que le processus d’intégration du MAEP dans le Système de l’Union Africaine se poursuive en vue d’impulser les capacités du MAEP à jouer un plus grand rôle au sein de ce système.
« La redynamisation du MAEP ne peut être réalisée que si toutes les parties prenantes, y compris les gouvernements, les Partenaires stratégiques et les Structures nationales et continentales du MAEP jouent efficacement leur rôle », a insisté le ministre Sylla qui lance par la même occasion un appel fraternel à tous les Etats qui ne l’ont pas encore fait, de se joindre à la grande famille du MAEP, pour aller le plus rapidement possible vers l’accès universel tant recommandé.
Ses deux prédécesseurs, notamment le président du comité des points focaux, Khayar Oumar Deffalah, et le Secrétaire exécutif du MAEP, Pr. Edward Maloka, ont rendu un hommage mérité au Mali qui a été un pays pionnier, un pays en première ligne et partie prenante de beaucoup de missions d’expertises dont les expériences ont été une véritable source d’inspiration de plusieurs pays africains.
De l’avis de ces deux personnalités, le rapport d’évaluation du Mali en 2009 a mis en exergue la culture de dialogue pour la résolution des crises et des conflits.
Heureux d’accueillir la délégation du secrétariat continental et du panel des éminentes personnalités du MAEP, le représentant du Premier ministre a exprimé la gratitude du gouvernement au forum des chefs d’Etat du mécanisme qui a donné des instructions pour impulser la célébration de 15è anniversaire dans tous les pays participants à cet exercice.
«Le Mali est fier de l’honneur qui lui est fait d’abriter cette cérémonie de partage d’expériences et de bonnes pratiques » a indiqué Mohamed Ag Erlaf pour qui le Président de la République entend voir se renforcer chaque jour l’état de droit au Mali. Un Etat de droit garantissant les libertés individuelles et collectives, un Etat qui s’attache à la satisfaction des besoins fondamentaux des citoyens en termes de sécurité, de croissance, d’éducation, de santé et de justice sociale. Cette quête est un honneur et elle constitue, selon le représentant du Premier ministre, la toile de fond du processus démocratique de notre pays que le Président IBK entend renforcer.
« Le gouvernement du Mali, sous ses directives, est convaincu que lorsqu’on implique les citoyens dans le processus décisionnel, les maux dont souffrent le Mali et le reste du continent africain et qui ont pour noms : pauvreté, analphabétisme, insécurité, trafic de drogue et terrorisme, pandémie, trouvent leurs solutions » a encore souligné le ministre de l’Administration territoriale qui ajoute que le Président de la République, comme ses illustres devanciers fondateurs de l’OUA, pense que les pays africains peuvent combler ce retard si tant ils attachent à libérer le génie créateur de nos peuples, mais aussi et surtout ses capacités à réaliser une bonne gouvernance démocratique, économique et culturelle dans nos Etats respectifs.
« Nous pouvons le faire si nous nous orientons résolument vers l’intégration politique et économique de nos Etats. Nous pouvons le faire parce que la population l’appelle de tous son vœu ».
De ce point de vue, il a réaffirmé, au nom du chef du gouvernement, que le peuple du Mali depuis son indépendance, a proclamé sa volonté de renoncer si nécessaire à tout ou une partie de sa souveraineté pour la réalisation de l’unité africaine.
En tout cas, le Mali, par sa voix, a saisi l’occasion pour exprimer sa haute appréciation des progrès significatifs enregistrés par le mécanisme depuis quelques années.
Occasion également pour le ministre Mohamed Ag Erlaf de rappeler que le Mali a été l’un des premiers pays à adhérer au MAEP en 2003, tout en étant le dixième pays à avoir été évalué sur les principes démocratiques. Voilà pourquoi il a réaffirmé la volonté du pays, son engagement et sa détermination à défendre les objectifs de l’Union africaine, du NEPAD, du MAEP et ceux de toutes les initiatives concourant au développement et bien-être du continent africain.
Fidèle aux principes de bonne gouvernance démographique et politique, notre pays, a fait part le représentant du Premier ministre, a pris la décision d’organiser cette année 2018 les élections présidentielles et législatives à bonne date. Il prend ainsi sa réputation en la matière depuis l’avènement de la démocratie pluraliste en 1991.
Ces élections, a rassuré le ministre de l’Administration territoriale, seront transparentes, équitables, crédibles et inclusives. Elles auront lieu dans un pays en guerre contre le terrorisme, mais dans un pays résilient, une résilience qui se fonde, a-t-il dit, avec fierté, sur une culture d’honneur, de dignité multiséculaire qui a permis au Mali, malgré cette guerre contre le terrorisme, de réaliser une croissance de plus de 5%.