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Assassinat de Cabral (17 mars 1980) : Le film du crime
Publié le mardi 13 mars 2018  |  Le 26 Mars
Nécrologie:
© aBamako.com par A.O
Nécrologie: anniversaire de la mort de Abdoul Karim Camara dit Cabral
Dimanche 17 mars 2013. Lafiabougou. Le premier ministre Diango Cissoko a assisté à la cérémonie d`anniversaire de décès de Abdoul Karim Camara
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Le 17 Mars 1980, Abdoul Karim Camara dit Cabral, secrétaire général de l’Union Nationale des Elèves et Etudiants du Mali (UNEEM) est mort, assassiné entre les mains des services de sécurité du Général Moussa Traoré. A l’occasion du 38ème anniversaire du crime, nous vous proposons les circonstances de la mort atroce de cette figure emblématique.

Tout a commencé par l’affaire de Ségou, après l’accalmie observée dans la grève des élèves et étudiants à la mi-novembre 1979. Grève pendant laquelle l’Union Nationale des Elèves et Etudiants du Mali (UNEEM) avait montré qu’elle était la force dirigeante du mouvement scolaire. Le 15 Janvier 1980, à l’ouverture du congrès de l’UNJM à Bamako, le Secrétaire politique de l’UDPM annonce la dissolution de l’UNEEM. Dès cette annonce, la fièvre s’empara de nouveau du monde des élèves et étudiants surtout qu’auparavant, les rencontres entre l’UDPM et l’UNEEM n’avaient pas abouti à des résultats satisfaisants.

Le Bureau de coordination de l’UNEEM devant cette décision, invite les Comités à s’imposer davantage au sein de leurs établissements. On assiste alors à des grèves tournantes dans les lycées à travers le pays tout entier.

Le 13 Février 1980, les élèves de Banankoro (Région de Ségou) déclenchent une grève pour exiger la reconnaissance du bureau UNEEM. A. Kané, membre du bureau de coordination de l’UNEEM, soupçonné d’avoir lancé ce mouvement, est arrêté en plein cours le Jeudi 14 Février. Le même jour à Bamako, Tiéblé Dramé, Secrétaire général de l’UNEEM, est arrêté à son tour.

Le 15 Février, les élèves du Lycée de Ségou, de l’ENTF et des écoles fondamentales décident de marcher sur la brigade de gendarmerie pour libérer leur camarade.

Les forces de l’ordre ouvrent le feu et deux garçons de l’école du Groupe Central sont grièvement atteints. L’un des garçons, Sidi Moctar Sacko, (14 ans) est amputé d’un bras et l’autre Moulaye Diarra (16 ans) a reçu une balle dans le crâne. Le lycéen Macky Touré est arrêté.

Une semaine plus tard, l’UNEEM tient un congrès dans la clandestinité. A l’unanimité, Cabral est porté à la tête de l’organisation.

Les premières revendications, en tant que conséquences de la crise sont : libération immédiate et inconditionnelle des élèves de Ségou ; reconnaissance du nouveau bureau de coordination. Entre temps, la grève a gagné tout le pays. Le 8 Mars 1980, le Palais de Justice de Ségou est en effervescence : A. Kané et l’élève M. Touré doivent passer en jugement.

En ville, une manifestation grandiose est organisée par les scolaires. Néanmoins Kané est condamné à huit mois de prison ferme et l’élève à trois mois.

Dans ce climat de tension et d’indignation, les élèves et étudiants de la capitale, sous la direction de Cabral, décident de faire capoter la conférence des chefs d’Etats des pays sahariens qui se tient à l’Hôtel de l’Amitié.

Ils passent aussitôt à l’action. La répression s’abat : des arrestations sont opérées partout mais les pouvoirs publics restent fébriles et inquiets. Cabral demeure introuvable !

Alors on se saisit de sa mère (pendant qu’elle revenait de la mosquée) et de son frère aîné. Ceux-ci, malgré un interrogatoire poussé, restent muets.

Le lendemain vers 13h, on arrête un autre frère qui ne résiste pas aux épreuves et avoue que Cabral se trouve dans un village situé non loin de la frontière guinéenne, chez leur sœur aînée.

Les policiers C.O.B. et Boré sont envoyés à sa recherche. Cabral est arrêté, (alors qu’il se trouvait dans un camion à une dizaine de km de la frontière guinéenne) et ramené à Bamako le 14 Mars 1980 vers 22 heures.

A son arrivée au commissariat du 2è arrondissement, la “Poudrière”(où se trouve en garde à vue Rokya Kouyaté, secrétaire générale du Lycée de filles) ses parents sont libérés.

On présente Cabral à sa mère qui sanglote et s’écrie “nfa, nfa, on t’a eu ? Tuez-le d’un seul coup au lieu de lui faire subir une mort lente et douloureuse !”.

Après cette action psychologique destinée à le briser, Cabral est mis au “violon”. On avertit alors le Directeur de la Police et le Chef de l’Etat-Major de la gendarmerie qui arrivent sur les lieux.

On déshabille Cabral, (il ne lui reste qu’un slip de couleur verte) et on l’attache. Puis, pleuvent les coups. Cabral tombe et reste immobile au sol. On appelle la Radio-Mali pour que l’on vienne enregistrer les déclarations du prisonnier. On oblige Cabral à lire un texte déjà mis au point. Mais, la qualité de l’enregistrement est altérée par l’épuisement physique et moral de la victime. On recommence une fois, deux fois, trois fois. Ce n’est qu’à la quatrième tentative que les tortionnaires se déclarent satisfaits de l’enregistrement qui sera diffusé le dimanche soir, demandant la reprise des cours pour le lundi matin.

Aussitôt après, Cabral est transférée au Camp Para de Djikoroni où se trouve déjà réunie une brochette de responsables politiques au plus haut niveau. Et les tortures reprennent. Cette fois là, définitivement à bout de forces, Cabral tombe pour ne plus jamais se relever. Faiblement, il réclame de l’eau. Il meurt avant d’en recevoir.

Un héros était mort ; une étoile est née, au firmament de la lutte pour la liberté et la démocratie.

“Cabral”, nous nous souvenons.

B. Sankaré

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