L’entreprise les Brasseries du Mali (Bramali) tend vers la faillite définitive. Et, pour cause, c’est qu’aujourd’hui rien ne va plus entre sa Direction Générale et les revendeurs de ses produits notamment les grossistes. Ces derniers menacent de boycotter les produits de cette société si toutefois elle n’accepte pas de revenir sur certaines de ses décisions ; à savoir ne plus les permettre de vendre d’abord les produits pour ensuite procéder au paiement. En quelque sorte, ne plus leur faire crédit. Une réunion de dernière chance est prévue pour aujourd’hui entre les deux parties.
«Réunion de dernière chance», c’est en ces termes qu’on qualifie du côté de certains grossîtes la rencontre prévue pour ce mardi matin entre les Responsables de Bramali et le collectif des grossistes. Ainsi, selon une source proche de l’entreprise, ces derniers sont beaucoup remontés contre cette société qui a imposé, ces derniers temps, de nouvelles mesures qui sont en train d’impacter négativement sur leurs activités commerciales au point qu’ils (les commerçants) désirent mettre fin à leur collaboration avec Bramali.
De quoi s’agit-il ?
Selon un Représentant des grossistes, auparavant, ils prenaient les produits auprès de cette société et remboursaient aussitôt après la vente. Maintenant la société exige qu’elle soit payée avant toute livraison. Autre point de discorde, Bramali exigerait maintenant que les grossistes, avant toutes livraisons les apportent l’équivalent des casiers vides du produit qui seront livrés. Ce qui n’était aussi pas possible.
Ces nouvelles mesures, nous a-t-on révélé, ont été même décriées par le Directeur commercial de Bramali, un certain Hyacinthe Amegnaglo qui aurait alerté ses patrons sur la baisse des activités commerciales de la société. Car, selon les estimations, les ventes de la société sont en baisse de plus de 15% cette année par rapport à la même période de l’an dernier.
«Vous êtes en train d’étouffer les grossistes et partant le marché avec vos décisions impopulaires de tous les jours… », aurait adressé M. Hyacinthe Amegnaglo à un responsable de département.
Bramali sur les traces de la brasserie de Guinée
Il se trouve que ces mesures sont à l’actif du Directeur Administratif et Financier, Peton Raphael, et du Directeur Technique, Carlos Loureilo.
En effet, c’était en Guinée-Conakry que Peton Raphael avait déposé ses valises avant d’être au Mali. Son passage à Conakry a été triste pour la Brasserie de Guinée ; car, ce sont les mêmes mesures qu’il a eu, malheureusement, à imposer dans ce pays. Des mesures qui ont été fatales à la Brasserie de Guinée, obligée de déposer la clé sous le paillasson. D’où l’inquiétude des grossistes maliens et certains travailleurs de la société qui jurent la main sur le cœur qu’avec cette nouvelle politique de vente les jours de Bramali sont comptés dans notre pays. Et, déjà, un cadre du service commercial, sentant l’imminence de cette triste fin, a claqué la porte le mois dernier pour une autre entreprise concurrente.
«La démission de ce dernier est un symbole ; car, il a démissionné d’une entreprise occidentale au profit d’une société locale. Ce qui veut dire qu’il voit quelque chose de grave venir », soutient notre source.
Concurrence déloyale
Comme pour rien n’est envisagé pour arranger la situation, le Directeur Technique, le Portugais Carlos Loureilo, a lancé sa propre marque de produit dénommée « Toubabou » qui est déjà sur le marché local. Le hic, selon certains travailleurs, c’est que celui-ci se servirait du personnel de Bramali pour la production de sa boisson. Toute chose qui constitue, aux yeux de certains, une concurrence déloyale.
«Même la cuve qui sert à la production de cette boisson a été fabriquée à Bramali. Avec toutes ces pratiques, on ne peut que craindre du pire pour l’entreprise », ajoute une autre source concordante.
«La grogne sociale est maintenant présente à tous les niveaux ; car, au niveau du personnel, contrairement chez les grossistes, tout le monde voie une épée de Damoclès sur leurs têtes face à ces pratiques peu orthodoxes, mais personne ne bronche. Que ce soit du côté des cadres maliens ou de l’ensemble du personnel en général. D’ailleurs, certains pensent qu’il y a des cadres maliens qui sont complices de la descente aux enfers de l’entreprise. Il s’agit, notamment, le Directeur des Ressources Humaines, Mamadou Diallo », pensent certains agents très perplexes à ces pratiques déstabilisatrices. Notre source ajoute que le DRH a contribué au licenciement de près de 70 agents à Manutentions africaines. Et là encore qu’il serait en train d’étouffer le personnel de Bramali. Il a même mis en cause certains acquis du personnel. A savoir, les primes lors de sa négociation avec le personnel. «Il fait tout cela pour faire les yeux doux à la Direction Générale afin de pouvoir conserver son fauteuil », renchérit la même source.
Les grossistes et certains agents du personnel invitent le Directeur Général de Bramali à mettre un terme à cette situation. « Sans quoi, nous dirons qu’il est complice. Et Dieu seul sait que ce sont des milliers d’emplois qui sont créés par Bramali avec des centaines de millions FCFA comme impôts et taxes à l’État. Si cette entreprise va en faillite, ça sera un coup de massue pour l’économie malienne », craint un autre interlocuteur.
«En tout cas, la rencontre d’aujourd’hui entre la Direction et les grossistes mettra soit de sceller pour de bon le sort de Bramali ou de la donner un nouveau souffle. Mais à condition que Bramali revienne sur ses nouvelles mesures commerciales », conclura notre source.