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Alternance politique au Mali : Au risque que la passion tue la raison ?
Publié le mercredi 14 mars 2018  |  Midi-Info
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© aBamako.com par mouhamar
Politique: Une délégation du Parti FARE rencontre l`URD
Bamako, le 16 avril 2014 au siège de l`URD.Le secrétariat exécutif national du parti FARE avec à sa tête son président Modibo Sidibé a été reçu ce mercredi par le bureau politique de l`URD avec en sa tête Soumaïla Cissé, à son siège à Badalabougou.
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A quelques mois de l’élection présidentielle de juillet prochain, le concept de l’alternance est devenu le maître-mot. Ils sont nombreux, les acteurs politiques maliens qui soulignent la nécessité d’opérer un changement de cap dans la gouvernance du Mali. Mais, attention ! Tous ceux chantent l’alternance au Mali ne sont crédibles pour porter ce projet. Certains se d’entre eux excellent dans la duperie et d’autres défendent avec conviction, une véritable vision de changement qui serait synonyme de salut national.



Pour la première catégorie d’acteurs politiques, le slogan de l’alternance est banalement une stratégie pour atteindre une masse critique d’électeurs au profit de leur ambition de conquérir le pouvoir.

Ils ne se préoccupent point véritablement de sortir des chantiers bâtis pour ériger un Mali nouveau par la prise en compte des vraies aspirations des maliens, restées des rêves depuis plusieurs décennies.

Dans leur approche, le paradoxe se situe dans le fait qu’ils ont été parties prenantes des déboires qui justifient de nos jours, l’impératif d’une alternance crédible. Le Président de l’URD, Soumaila CISSE occupe majestueusement la tête de cette liste d’hommes politiques qui confondent honteusement rupture et continuité. Ils s’entêtent à ne comprendre le besoin du rajeunissement ou de renouvèlement du corps politique au Mali, exprimé ici et là par les maliens.

Dans une deuxième catégorie, nous pouvons trouver des jeunes leaders et certaines nouvelles figures de la scène politique nationale qui s’organisent pour fédérer leurs efforts dans le cadre d’un projet de société qui offrira des solutions alternatives aux maliens.

Ils ne furent pas impliqués dans la gestion scandaleuse qui a émaillé la période politique allant de l’avènement de la démocratie jusqu’au coup de force de mars 2012 au Mali. Un putsch qui a mis à nu le niveau lamentable de l’effondrement d’un Etat qui avait cessé de mériter son nom à cause de certains phénomènes tels que la corruption, etc.

Les hommes politiques de cette deuxième catégorie tiennent leur légitimité dans leur noble ambition de construire leur réussite sur les échecs de l’ère démocratique qui expliquent très explicitement aujourd’hui toute la complexité de la crise que le Mali traverse.

C’est pourquoi, évoquer l’alternance dans le contexte actuel du Mali équivaut à un regard rétrospectif sur le Mali pour permettre entre autres de cerner ses problèmes structurels, situer les responsabilités pour savoir les acteurs politiques qui sont aujourd’hui crédibles ou pas pour réclamer et conduire le projet du changement.

Il serait prétentieux dans cet article, de vouloir traiter tous les problèmes de gouvernance du Mali depuis l’indépendance jusqu’à nos jours. En effet, il nous faudra trouver des repères historiques.

Nous estimons que l’accession du Mali à la démocratie dans les années 1990 et ses évolutions jusqu’au coup d’Etat de mars 2012, constituent une période de référence pour analyser les zones de turbulences que notre pays a traversées et continue d’en souffrir.

Il faut rappeler que la démocratie malienne a été présentée régulièrement à la face du monde entier comme un exemple dans la sous-région jusqu’au coup de force du 22 mars 2012 qui venait à l’interroger.

Dès lors, l’on se demande comment nous en sommes arrivés à un coup d’Etat dans un modèle de démocratie et quels sont les facteurs qui ont bien pu fragiliser l’Etat malien au point de s’écrouler de manière «banale».

En tentant de répondre à ces deux questions, il sera nécessaire de dire en quoi consiste la raison d’Etat. Sans vouloir donner un cours introductif de science politique sur le concept d’Etat, il faut simplement dire que l’idée d’Etat se singularise par le fait qu’il a le monopole de la violence légitime.

En d’autres termes, il dispose des moyens de répression sur tout contrevenant à l’ordre public librement consenti. Des forces armées et de sécurité constituent cet appareil de répression.

Elles servent à contenir les menaces à la cohésion de l’ensemble national et défendent l’intégrité du territoire national contre toute agression.

En revenant au coup d’Etat de 2012, il faut savoir que les faits produits ont prouvé l’existence d’un Etat malien failli. Il était vidé de sa substance et n’existait que de nom. Il a été incapable de contrer des menaces qui se dirigeaient sur lui.

Par ailleurs, ce qui témoigne qu’avant les évènements de 2012, la mauvaise gouvernance dans les secteurs publics dont les forces armées et de sécurité, aura été la principale cause dans l’affaiblissement progressif de l’Etat.

La corruption, le bas niveau de la formation, la vétusté des équipements, la mauvaise gestion des ressources humaines, sont entre autres phénomènes qui ont rendu inopérantes nos forces de sécurité et de défense face aux ennemis mieux préparés. Le manque de vision politique pour construire de manière efficace ces secteurs vient s’ajouter au lot.

D’autres domaines vitaux de la nation comme l’éducation et la justice n’ont pas échappé aux mêmes vices. L’anarchie semblait se confondre à la démocratie. Telles sont les circonstances générales dans lesquelles le coup d’Etat du 22 mars a été perpétré.

En réalité, les effets de la situation politique en Lybie n’ont servi que de prétexte pour mettre à nu un Etat qui était déjà en lambeau.

Le débat suscité après le « coup d’Etat » de 2012, a présenté le processus démocratique comme un échec.

Pour l’histoire, en 1992, après le changement de régime, la plupart des dirigeants du mouvement démocratique ont accédé au pouvoir. Cet état de fait semble avoir fait prendre un coup à la revendication démocratique. Les querelles de leadership se seraient substituées à la légitime préoccupation de créer un environnement social prospère à la vie démocratique.

Comme on le dit, un régime démocratique n’est pas synonyme d’une société démocratique.

Les organisations sociales et politiques qui ont vu le jour le lendemain de l’ascension du Mali à la démocratie ont été affaiblies par une crise de démocratie interne. Les dissensions se sont soldées par la création de nombreuses nouvelles organisations fragiles.

Les réalités actuelles au Mali conduisent à croire que l’idéal démocratique a été détourné par un leadership qui a réussi à instrumentaliser le Peuple dont les soucis légitimes ont été superbement ignorés.

Pendant près de 20 ans, que très peu d’efforts consentis en faveur de la construction de la démocratie. C’est pourquoi, aujourd’hui, il n’est pas surprenant pour les observateurs crédibles de l’histoire politique du Mali, qu’une frange importante de maliens croit peu en la démocratie. Le bilan de 20 ans de pratique démocratique, à leur entendement, aura servi plus de désolation que d’espoir.

Le rêve d’une démocratie présentée comme une panacée aux contraintes d’alors n’a pas été réalisé. Les améliorations attendues dans notre système de gouvernance n’ont pas vu le jour.

Au contraire, les maux décriés hier, restent d’actualité. Ils ont même été aggravés pour certains d’entre eux.

La loi a accordé tous les droits aux citoyens et édicté de grands principes de l’Etat démocratique. Paradoxalement, cette loi supposée être l’émanation du Peuple, se trouve non seulement méconnue mais aussi allègrement violée non seulement par l’Etat mais aussi par la société. L’impunité face à ces violations de loi a concouru à faire prévaloir des intérêts privés au détriment de l’intérêt général.

Ce qui explique, après plus de deux décennies de pratique démocratique que les droits à la sécurité, à l’éducation de qualité, à l’emploi, à la santé, au logement, à une alimentation saine, à l’eau, à l’électricité, constituent des luxes pour la plupart des citoyens maliens qui préfèrent désormais passer par des voies illégales ou peu recommandables pour résoudre leurs problèmes au lieu de compter sur un Etat agonisant.

Nous comprenons ensemble que pendant près de 20ans, la construction d’un Etat fort, capable de faire face à ses devoirs régaliens et la formation du malien citoyen, conscient de ses obligations et droits au sein de la cité ; ont été les principaux tendons d’Achille d’une période politique (1992-2012) dominée par une génération d’hommes politiques dont les compétences ont atteint leurs limites objectives.

Alors, dans ce contexte de double crise de citoyenneté et de légitimité étatique, quelle place pouvons-nous faire à l’idée d’une alternance au pouvoir ?

Vu les frontières qui s’érigent entre l’Etat et la société, un certain nombre de mesures peuvent être utiles à restaurer l’Etat et à construire un nouveau type de citoyen au Mali.

D’abord, il y a lieu de conclure un nouveau pacte social issu de discussions nationales très inclusives. Il ne s’agira donc pas comme nous avons l’habitude de le voir, d’organiser des concertations directement à l’échelle nationale par un système de représentation. Mais d’évoluer selon un schéma pyramidal qui va de la base vers le sommet.

Cette approche aura le mérite de donner la parole à une majorité silencieuse de maliens afin qu’elle exprime d’elle-même, ses véritables et légitimes préoccupations dans la gestion de la collectivité. Le sentiment d’appartenir à la même nation qu’elle fera naître, éveillera à son tour un sursaut patriotique et citoyen en faveur de toute la nation.

Ce dialogue direct, sincère et fécond avec le Peuple pour l’amener à dire avec raison et cœur ce qui le préoccupe dans la gouverne collective.

Dans la même dynamique, le processus de décentralisation pourra être recadré de manière à accorder aux maliens les voies et moyens d’avoir les solutions aux problèmes auxquels, ils sont confrontés sur dans leurs territoires respectifs. Il est regrettable de constater après plus de 20 ans de marche vers la décentralisation que nos institutions locales soient à l’image de l’Etat qui concentre encore les ressources diverses qui garantissent aux pouvoirs locaux, une relative autonomie.

La lutte contre la corruption au sommet de l’Etat doit devenir une priorité. Ce phénomène affecte tout notre système de gouvernance et le fragilise énormément. Aucun secteur n’est épargné par cette gangrène. L’éducation, l’emploi, la sécurité, la justice, etc sont tous proies de d’un phénomène qui bloque notre progrès national. Pour y remédier, il est indispensable non seulement que les élites montrent la voie de l’intégrité aux citoyens mais aussi que l’impunité cesse.

Enfin, il faut insister sur le nécessaire rajeunissement ou renouvellement du corps politique. Ceux qui ont dirigé le Mali durant ces 20 ans ont réalisé des résultats qui sont connus de tous. Ils lui valent aujourd’hui, la crise multidimensionnelle qui le secoue de manière très inquiétante. Est-il logique de créer un problème et se proposer comme acteur pour sa solution ? Certainement non. Le moment est venu d’essayer des « hommes neufs » à la tête de la République.

En tous les cas, le Mali vit une période historique qui marque une transition générationnelle née du déclin d’une vielle classe politique en panne d’inspiration et d’innovation face à des enjeux nouveaux d’édification nationale.

A suivre !

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