Le djihadiste français Gilles Le Guen, arrêté dans notre pays fin avril, est arrivé hier matin en France, à l’aéroport d’Orly, où il a immédiatement été pris en charge par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Le Guen, qui se fait appeler Abdel Jelil, est arrivé peu après 8 heures à l’aéroport parisien, sur un vol régulier en provenance de notre capitale, a précisé une source proche du dossier. Des agents de la DCRI l’ont alors pris en charge en vue de lui notifier son placement en garde à vue. « Il va être interrogé. Nous devons savoir quel a été son parcours », a commenté le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, sur la radio Europe 1.
Gilles Le Guen, âgé de 58 ans, avait été arrêté dans la nuit du 28 au 29 avril dans la Région de Tombouctou par les forces spéciales françaises. Il avait été transféré la semaine dernière de Gao à Bamako. Une procédure d’expulsion à son encontre avait aussitôt été engagée.
Selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, « il avait combattu manifestement déjà dans les groupes jihadistes ». Le ministre a décrit « une dérive individuelle de fanatisme ». « C’est un paumé qui devient terroriste », avait-il expliqué après son arrestation.
Né le 21 février 1955 à Nantes et titulaire d’un brevet de la marine marchande obtenu à la fin des années 80, l’homme a beaucoup voyagé avant de s’installer au Maroc, en Mauritanie puis au Mali depuis cinq ans avec sa deuxième épouse, une Marocaine.
Le parquet de Paris avait ouvert, mi-février, une enquête préliminaire le concernant, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.
Il avait été repéré en septembre 2012 dans les rangs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sur un cliché récupéré par les services secrets français. Une source sécuritaire malienne avait alors expliqué qu’il vivait avec sa famille dans le nord avant l’arrivée des islamistes et qu’il avait « épousé leurs idées », mais que l’engagement réel de cet aventurier breton était loin d’être avéré.
Dans une vidéo mise en ligne début octobre 2012 sur le site d’information mauritanien Sahara Media, il avait mis en garde « les présidents français, américain » et l’ONU contre une intervention militaire dans notre pays en préparation contre les groupes islamistes armés qui contrôlaient alors les régions du nord.
En novembre 2012, Gilles Le Guen avait été fait prisonnier durant quelques jours par les responsables d’Aqmi à Tombouctou, certains le soupçonnant d’être un espion. Selon d’autres sources, il aurait été arrêté parce qu’il se serait interposé pour empêcher des jihadistes de malmener des femmes. Sa femme et ses cinq enfants avaient été évacués vers la France il y a deux semaines.