Il ne faut pas, dans le débat sur les départs des jeunes Africains vers l’Europe et leurs corolaires que sont les naufrages en Méditerranée, chercher à tout prix un coupable à guillotiner quand on sait que les mouvements des populations sont malgré tout aussi un phénomène naturel dont les causes sont demeurées invariablement les mêmes au cours de l’histoire : soit ce sont les pays de départ qui chassent les migrants, soit ce sont les pays d’accueil qui exercent de l’attrait sur eux.
La nouveauté du phénomène réside dans le sens des migrations et des conditions dans lesquelles elles s’opèrent. Et c’est particulièrement là que la responsabilité des dirigeants doit être indexée ; eux qui devraient définir et mettre en œuvre des politiques migratoires qui ne compromettent pas l’équilibre du monde et qui respectent la dignité humaine.
Pour finir, l’on peut s’interroger en particulier sur le bien-fondé de la colère du président malien. L’on peut se demander, en effet, si ce tour de sang n’est pas feint.
Car, la responsabilité des dirigeants africains est largement engagée dans le fait que la Méditerranée soit devenue un cimetière à ciel ouvert de migrants africains et l’on aurait mieux compris un sursaut d’orgueil du gouvernement malien à plus d’engagement dans la lutte contre l’exode de ses jeunes compatriotes.
Le Mali bénéficie de la part de la communauté internationale de nombreux fonds aux fins de fixer les jeunes sur place, mais leur gestion, la formation des bénéficiaires et le suivi des projets posent problème.
IBK gagnerait donc à concentrer plus son regard sur ces dysfonctionnements qu’à vouloir jouer au corsaire en Méditerranée.