Le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) a rendu public son bulletin d’information humanitaire couvrant les mois de janvier et février 2018. Le présent bulletin humanitaire donne des informations détaillées sur l’évolution de la situation alimentaire, la situation des écoles fermées dans le nord et le centre du pays, entre autres.
Selon l’aperçu des besoins humanitaires, au Mali la population ayant besoin d’assistance humanitaire, en 2018, est estimée à 4,1 millions de personnes, soit 400 000 personnes de plus qu’en 2017. Cette augmentation est liée, précise le rapport, aux conséquences du déficit pluviométrique, de la décrue précoce du fleuve Niger, de l’insuffisance des financements reçus en 2017, mais également de l’extension de l’insécurité du nord vers certaines parties des régions au centre de notre pays.
Ainsi, sur les 4,1 millions de personnes en besoin d’assistance humanitaire, les partenaires ciblent 1,5 million de personnes, soit 36 % à travers le Plan de réponse humanitaire, lancé le 14 février à Bamako. Ledit Plan humanitaire s’articule autour de différents plans et programmes humanitaires de l’État dans une dynamique de complémentarité afin de répondre aux besoins les plus urgents des communautés affectées et de renforcer leur résilience.
Le bulletin humanitaire du Bureau de coordination des affaires humanitaires indique qu’à la date du 2 mars, le Plan humanitaire du Mali n’était financé qu’à 4 %, soit des contributions estimées à un peu plus de 9 millions de dollars. À la même date, des financements de l’ordre de 37 millions de dollars ont été alloués à des projets en dehors du PRH, précise-t-il.
Pour rappel, les organisations humanitaires recherchaient, en janvier 2017, à travers leur appel initial, 293 millions de dollars. Cet appel a été revu à la hausse à mi-parcours pour atteindre 305 millions de dollars. Au 31 décembre 2017, grâce aux contributions des donateurs, 135 millions de dollars, soit 44 pour cent des fonds requis, ont été mobilisés.
Malgré l’insuffisance des financements, des réalisations importantes ont été effectuées par les partenaires humanitaires en appui aux actions du Gouvernement. De façon non exhaustive, les interventions des organisations humanitaires, ont permis à un million de personnes de bénéficier de soins de santé, à 424 000 enfants d’accéder à l’éducation, à 519 000 personnes de recevoir un appui agricole ou en élevage, à 194 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère d’être traités, à 456 000 personnes d’accéder à une source d’eau potable et à 2 900 survivants des violences basées sur le genre de recevoir un soutien.
Pour les humanitaires, un meilleur financement permettra de faire plus cette année et réduire la vulnérabilité des communautés affectées. Depuis 2015, les appels de fonds des organisations humanitaires intervenant dans notre pays dans le cadre du Plan de réponse humanitaire peinent à atteindre 50 % des fonds requis.
Selon les résultats du Cadre harmonisé (CH), la population en insécurité alimentaire passera de 291 000 personnes en phase 3 « crise » et en phase 4 « urgence » en novembre 2017 à près de 800 000 durant la période de soudure de 2018 (de juin à septembre).
Pour rappel, 424 000 personnes étaient en insécurité alimentaire durant la période de soudure de 2017. Cette année, le CH estime à 4,1 millions les personnes en phase de crise, d’urgence et sous pression2, soit 22 % de la population du pays.
Des analyses ponctuelles montrent des niveaux de récoltes plus dégradés qu’estimés, pouvant conduire, si aucune action d’atténuation n’est prise maintenant, à une hausse du nombre de personnes en insécurité alimentaire.
Par ailleurs, la faible pluviométrie a eu un impact négatif sur la production de la biomasse entrainant ainsi une transhumance précoce des troupeaux, une pression accrue sur les ressources disponibles et une augmentation des risques de tensions entre agriculteurs et éleveurs.
Dans notre pays, l’accès à l’éducation dans les zones affectées par le conflit reste toujours un défi. La fermeture des écoles affecte des centaines de milliers d’enfants. En janvier 2018, le cluster Éducation avait recensé 673 écoles fermées pour des raisons principalement liées à l’insécurité dans le nord et le centre du pays. Le Bulletin humanitaire de OCHA souligne que le nombre d’écoles fermées dans la région de Tombouctou a presque doublé entre novembre 2017 et janvier 2018, en passant de 38 à 75. Cette situation prive près de 11 000 enfants de leur droit fondamental à l’éducation.
La population des enfants en âge d’être scolarisés est estimée à 300 000 dans les régions concernées. Au total, les six régions du nord et du centre du pays touchées par les fermetures d’écoles comptent normalement 4 580 établissements primaires et secondaires.
Pour minimiser l’impact de la fermeture des écoles sur les enfants, les partenaires humanitaires soutiennent les autorités éducatives à travers la mise en place de cantines scolaires ; la construction et la réhabilitation de salles de classe, de latrines et de forages ; la mobilisation communautaire ; la formation des enseignants et la distribution des kits scolaires et pédagogiques. En 2017, plus de 250 000 élèves vivant dans les zones affectées par la crise ont bénéficié d’un appui en kits scolaires.