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Chronique de Banou : Le haro de l’imam Dicko contre les ennemis du Mali
Publié le vendredi 16 mars 2018  |  soloni
Cérémonie
© aBamako.com par Androuicha
Cérémonie de signature de l`accord de paix d`Alger
Bamako, le 15 mai 2015 au CICB. Le Gouvernement malien et les groupes rebelles du nord ont procédé en présence de nombreux chefs d`Etats africains et de la médiation internationale à la signature du document de paix issu du processus d`Alger. (Photo Mahmoud DICKO, imam et président du Haut Conseil Islamique du Mali)
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Le Mali glorieux d’antan est aujourd’hui sujet à des tribulations. Il n’est plus ce fleuve tranquille qui traversa des âges ni cet arbre millénaire qui de sa sève de valeurs sociétales nourrit des générations et des générations. Jadis synonyme de grandeur, de vivre ensemble, de fraternité et de solidarité entre plusieurs peuples qui le constituaient, il vit de nos temps des jours sombres, des nuits troubles, un avenir incertain. Le poisson a peu de chance de survie hors de l’eau, tout comme les maliens coupés de leur histoire aux valeurs si riches, magnifiées par des voyageurs et aux chercheurs qui s’y rendirent. C’est ainsi que Ibn Battuta rapporta : « Les actes d’injustice sont rares chez eux, de tous les peuples c’est celui qui est le moins porté à en commettre, et le sultan ne pardonne jamais à quiconque s’en rend coupable. Dans toute l’étendue du pays il règne une sécurité parfaite, on peut y demeurer et voyager sans craindre le vol ou la rapine ». Ce récit d’un voyage en terre malienne, écrit entre 1352 et 1353, nous édifie largement jusqu’à quel point le pays à l’heure de la soit disant démocratie et des religions monothéistes est tombé si bas.

L’imam Mahmoud Dicko, faisant une lecture de la situation actuelle, nous dit clairement que la démocratie n’a pas échoué au Mali puisqu’elle est une valeur universelle, mais notre problème est la classe politique. C’est elle qui a échoué ! « Nous avons un problème d’élite », affirme-t-il, qui n’a pas su valoriser ce que le peuple malien a de commun : valeurs sociétales, identitaires, religieuses. Pourtant, nous pouvions en faire de ses valeurs des supports de notre démocratie. Un haro de l’imam contre la mauvaise pratique démocratique.

Il me plaît ici de féliciter l’imam Mahmoud Dicko pour ses diatribes contre cette mauvaise gouvernance, le mimétisme de nos gouvernants, leur insouciance des problèmes du peuple, tout cela dans une interview accordée au site web “Mondafrique”. Même si durant deux décennies nos politiciens ont mené le pays dans l’abîme devant le silence coupable de nos autorités religieuses, l’imam Dicko nous a fait honneur par son réveil. Il a accompli son devoir de chef religieux dont nous attendions fort longtemps les dénonciations et les griffes contre la gestion dramatique des affaires de l’Etat, la généralisation de la corruption.

Dans cet entretien, il fait un rappel historique très intéressant en ce qui concerne les valeurs communes qui ont toujours caractérisé le Mali pluriel. Il démontre avec satisfaction que les singularités religieuses et autres n’ont jamais eu le dessus sur le partage et la cohabitation pacifique entre nos peuples. Il insiste sur le fait qu’aucune notion de minorité religieuse ne vienne perturber notre traditionnelle cohésion sociale. Aucun malien n’est minoritaire, affirme-t-il, quoiqu’il soit chrétien !

Avec intelligence, il nous propose d’inventer une démocratie qui reflète nos réalités sociales. J’ose espérer que son message d’un Mali pluriel puisse continuer à exister, comme jadis, en ces temps où des obscurantistes veulent nous imposer une vision unique.

Ensemble nous arriverons par l’instruction, le devoir de sacrifice et l’intégrité morale.

Marcel Banou, auteur de « Trois jeunes, trois continents, un rêve »

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