Il appelle à la guerre sainte contre nos soldats et détient en otage une humanitaire française… Qui est donc cet opportuniste du djihad devenu un Ben Laden du désert ?
Raymond Depardon vient de passer sans encombre la série de checkpoints tenus par l’armée algérienne. Il franchit la frontière et parcourt une vingtaine de kilomètres de piste en territoire malien. Des chameaux morts, des cadavres laissés sur les dunes, victimes des troupes maliennes. Puis, enfin, le campement des rebelles.
C’est alors qu’il entend un chant mélancolique jailli des sables. Le petit groupe de Touaregs qui terrifie Bamako a posé la kalach pour gratter la guitare. Le photographe n’en revient pas. "J’étais venu avec l’idée de rencontrer des guerriers. Je tombe sur des rockers du désert." La guerre semble s’être perdue dans les dunes. Mais à l’écart, un homme veille. Regard noir fixé sur l’horizon, kalachnikov en bandoulière, épaisse moustache sud-américaine.
"Ce jeune garçon très beau, avec son chèche et son treillis, m’intrigue. On me dit que c’est leur chef, Iyad Ag Ghali. Il est réservé, presque timide. Il parle bien français, mais ne me pose aucune question. Je m’approche à 1,20 mètre de lui, j’ai mon 21 Leica qui me porte chance, celui avec lequel j’ai photographié plus tard Mandela, Hissène Habré, François Hollande. Jamais je n’aurais pu imaginer que je photographierais ce jour-là le futur ennemi de la France…"
Vingt-sept ans plus tard, Emmanuel Macron a mis sa tête à prix : "C’est un terroriste et un criminel, il n’y a qu’à mener la guerre contre lui de manière claire", a-t-il déclaré en décembre.
Raymond Depardon : "
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