Au moins 150 personnes ont protesté mercredi à Kidal contre la présence des islamistes dans cette ville du Nord malien, contrôlé par des groupes armés, au lendemain d`une manifestation similaire violemment dispersée, a affirmé à l`AFP un habitant.
"Ce matin, entre 150 et 200 personnes, en majorité des jeunes et des femmes, se sont rassemblées près du stade de Kidal pour protester contre la présence des groupes islamistes", a déclaré un témoin joint par téléphone.
Les manifestants ont dit être "pour l`indépendance (du Nord malien) mais pas pour la charia (loi islamique). Ils ont hissé le drapeau du MNLA (Mouvement national pour la libération de l`Azawad, rébellion touareg) sur un mât", près du stade, a-t-il indiqué sous couvert d`anonymat.
Durant plus de deux heures, les manifestants, à pied, à moto ou en voiture, ont parcouru la ville, au son des klaxons. Ils ont promis d`organiser d`autres manifestations similaires.
"Les gens d`Ansar Dine et d`Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) ne sont pas intervenus", a poursuivi le témoin. A la fin de la manifestation, des islamistes à bord d`une vingtaine de pick-up sont arrivés et ont enlevé le drapeau du MNLA, a-t-il ajouté.
Une manifestation de femmes et de jeunes protestant contre les islamistes avait été violemment dispersée mardi dans cette ville du Nord-Est, selon un habitant.
Kidal est tombée fin mars, comme l`ensemble de l`immense Nord malien, aux
mains de rebelles touareg et d`islamistes armés, Ansar Dine et son allié Aqmi,
mouvance composée de nombreux jihadistes étrangers.
Kidal, dont est natif Iyad Ag Ghaly, le chef d`Ansar Dine, est devenue une place forte de son mouvement. Comme dans les autres cités du Nord malien, ce groupe islamiste s`applique à y imposer la charia dans les quartiers qu`il contrôle.
Un projet de fusion entre Ansar Dine et le MNLA, groupe se proclamant laïc, a achoppé ces derniers jours sur la question de la charia.