Depuis l’année dernière, quand elle a décidé (avec l’accord du ministre de l’Economie et des Finances) de migrer du logiciel 10 G vers le 3.0, la Direction générale des impôts (DGI) ne fait qu’entasser des problèmes colossaux dans son système de recouvrement avec un manque à gagner estimé à plusieurs milliers de milliards à l’Etat. Cela simplement par manque de maîtrise de ce nouveau logiciel importé du Canada à coût de milliards.
D’abord, il faut d’entrée dénoncer l’incompétence notoire des chefs des cellules informatiques de la DGI qui, malgré les formations suivies au Canada sur l’utilisation du nouveau logiciel, peinent à bien l’utiliser.
Ce nouveau logiciel, le 3.0, importé du Canada à coût de milliards F CFA, selon nos sources, comportent beaucoup de problèmes. Il doit remplacer l’ancien logiciel utilisé, le 10 G. Quand les premiers responsables de la DGI décidaient de migrer vers le nouveau logiciel, les cadres avertis avaient vainement exprimé leurs réticences.
Aujourd’hui, l’on se rend compte que le 3.0 crée beaucoup plus de problèmes techniques qu’il n’en résout, en particulier pour ce qui concerne le ressort des restes à recouvrer (RAR) de 2017, impossible d’être traité dans les normes. « Ces RAR sont cousues d’énormes erreurs », se désole un haut cadre de la DGI.
Le syndicat des travailleurs des impôts avait déjà et vivement demandé d’arrêter la migration vers ce logiciel pour rester avec le 10 G, mais la cellule informatique avait catégoriquement refusé sous le prétexte que le 3.0 ne contient aucune erreur et était performant. Ce qui ne semble pas être le cas !
Il y a une semaine, la DGI avait convoqué les receveurs, les chefs de centres des impôts et la cellule informatique pour travailler afin de faire sortir le compte des restes à recouvrer (RAR) de 2017. Pour le seul centre de la commune IV de Bamako, il a été ressorti un RAR avec des erreurs évaluées à plus 14 000 milliards de nos francs. L’on peut alors imaginer ce que cela peut être des erreurs sur le RAR au plan national.
Les receveurs ont, à cette occasion, décidé de ne pas prendre ce RAR en charge. Et ce sont les chefs de centre qui se sont retrouvés au centre commune III pour décider de ce qu’il faut faire de ce RAR truffé d’erreurs ; alors que cela ne relève pas de leur compétence. Car, la loi N° 081-70 du 15 août 1981 responsabilise les seuls receveurs pour le travail sur le RAR.
Cette situation pousse donc les chefs de centre à se substituer illégalement aux receveurs pour atténuer ou tenter de masquer l’énorme manque à gagner que l’utilisation de ce nouveau logiciel engendre pour l’Etat. C’est ainsi qu’au centre I, rapportent nos sources, le chef de centre et le receveur se regardent actuellement en chien de faïence.
En définitive, l’adoption du logiciel 3.0 engendre d’énormes pertes financières pour les recettes de l’Etat en ces temps de vaches maigres pour les finances publiques avec l’Etat malien, confronté à d’énormes charges du fait de la crise. Elle occasionne aussi un climat conflictuel entre chefs de centre et receveurs, les premiers voulant se substituer aux seconds, sans oublier les énormes problèmes de paiement des impôts.
Une situation qui interpelle le ministre de l’Economie et des finances, Dr Boubou Cissé et le patron de la DGI, Sidima Dienta.