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Entre nous : Les hôpitaux de « merde »
Publié le mardi 20 mars 2018  |  Le challenger
Cérémonie
© aBamako.com par Didier Kpassassi et Didier Assogba
Cérémonie d`ouverture du Caucus africain 2016 à Cotonou.
Jeudi 04 Aout 2016. Palais des Congrès de Cotonou. Réunions des directeurs des deux institutions de Breton Woods, des ministres des finances, de l`économie du développement et des gouverneurs des banques centrales des 54 pays d`Afrique. Photo : Le président béninois Patrice Talon
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En fin février, le Président de la République du Bénin, Patrice Talon, lors d’une rencontre avec l’union islamique, a fait une sortie musclée contre l’état du système sanitaire de son pays. Le n°1 béninois a vigoureusement dénoncé les évacuations sanitaires qui coûtent des dizaines de milliards de francs CFA à l’Etat.

Selon le Président Talon, ce sont le Président de la République, la famille du Président, les parents et amis du Président, les parents des amis du Président, les hauts fonctionnaires et leurs parents qui ont le privilège de bénéficier d’une évacuation sanitaire à l’étranger. Dans ses critiques, Patrice Talon ne s’épargne pas lui-même. Face à ce constat, le successeur de Boni Yayi promet d’assainir les évacuations mais aussi d’y mettre fin en construisant un hôpital de référence unique dans la sous-région qui soignera le Président, les ministres et les moins nantis.

Du Bénin au Mali, il n’y a qu’un pas. Ce sont plusieurs milliards de francs qui quittent le pays chaque année lors des évacuations sanitaires. Les hôpitaux publics sont devenus des établissements de « merdre ». Sans équipement de pointe, le personnel médical qui ne manque pas de talent, travaille dans une débrouillardise totale. L’état de ces établissements n’intéresse nullement ceux qui ont bénéficié de la confiance des populations pour gérer les affaires publiques.

C’est au Mali que des centres hospitaliers peuvent faire plusieurs mois sans scanners et autres équipements radiographiques en cette période de révolution technologique. Ne demandez pas aux médecins du service des urgences du centre hospitalier et universitaire Gabriel Touré et aux accompagnateurs des malades de vous raconter leur misère. De nombreux citoyens sont obligés de faire le tour de la ville avec leurs malades à la recherche d’un scanner. C’est au Mali que la médiocrité du plateau technique a conduit les patients à se tourner vers des laboratoires privés dont les actionnaires se recrutent généralement dans le cercle des plus aisés du pays.

Ils ne sont pas nombreux les dirigeants du pays qui sont les pensionnaires de ces hôpitaux de merdre. C’est pourquoi ils n’ont pas goûté à cette souffrance. Ils partent se soigner au Maroc, en Tunisie, en France ou aux USA ou dans certaines cliniques privées de la place. Et ce, avec l’argent de tout le monde. Cela est inadmissible et intolérable. Rien ne peut justifier la situation actuelle. Personne ne peut empêcher quelqu’un d’aller se soigner là où il veut. Seulement, il n’est pas juste que certains dirigeants puisent dans les caisses publiques pour se soigner ailleurs alors que la majorité de la population trime dans les établissements sanitaires publics du pays.

Les sommes qui servent à l’achat des billets d’avion pour des contrôles médicaux à Paris, Bruxelles ou Ankara pourraient équiper combien de centres de santé où des pauvres citoyens partent chercher un remède à leurs maux ? Il faut juste une dose de courage et une forte volonté politique pour doter les hôpitaux d’équipements performants mais aussi lutter contre la mafia née d’une complicité entre les cadres véreux de l’administration et les opérateurs économiques. Il faut cette même volonté politique pour mettre au centre des préoccupations la formation des ressources humaines. Le Mali en a la capacité et les moyens.

Par Chiaka Doumbia
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