Le fleuve Niger est fortement en danger. Pour sa protection, la Banque mondiale met la main à la poche. Elle vient de débloquer 27,8 millions de dollars, plus de 15 milliards de F CFA. Une bonne nouvelle pour les riverains du plus grand fleuve africain menacé.
A l’origine de cette catastrophe environnementale, le réchauffement de la planète, l’avancée du désert, la diminution des pluies, l’érosion accélérée, la multiplication des dunes, ajoutés à la déforestation et à la pollution. Le Niger, menacé d’ensablement, le grand fleuve africain se meurt petit à petit d’asphyxie.
Pour sauver ce qui reste de cette ressource majeure, la Banque mondiale a approuvé le Projet de réhabilitation économique et environnementale du fleuve Niger (PREEFN). Ce projet est doté de 27,8 millions de dollars et financé par un crédit et un don de l’Association internationale de développement (Ida) de 13,9 millions de dollars chacun.
Le Niger s’étend sur près de 4200 km, ce qui en fait le troisième plus long fleuve d’Afrique et le premier d’Afrique de l’Ouest. Le delta intérieur du Niger, situé au Mali entre le barrage de Markala, dans la région de Ségou, et la région de Tombouctou, offre de nombreux services aux populations, notamment en matière de transports, d’alimentation en eau ou d’accès aux biens produits localement.
Le projet bénéficiera aux opérateurs de transport, groupements ruraux, agriculteurs, pêcheurs, organisations de la jeunesse, femmes et personnes vulnérables dans les trois principales localités du delta ; à savoir : Kolongo, Kokry et Macina, soit environ 100 000 personnes.
“Parce qu’il contribue à la mise en œuvre du Business Plan pour le climat en Afrique, présenté à la Cop-21 en novembre 2015 à Paris, le PREEFN marque un tournant pour la Banque mondiale”, souligne Benoît Bosquet, chef de service chargé de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale au Pôle environnement et ressources naturelles de la Banque mondiale.
Le projet s’attèlera au défi de la sécurité alimentaire et de la réduction de la pauvreté et s’efforcera, en parallèle, de renforcer la résilience au changement climatique et d’atténuer la concurrence autour des ressources du fleuve. En plus de promouvoir une gestion durable des transports et de l’accès à l’eau, le projet permettra aussi de réaliser les principaux objectifs du cadre de partenariat avec le Mali en créant des débouchés économiques pour les femmes et les jeunes et en luttant contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire.
Cap sur les priorités
“La réhabilitation du fleuve figure parmi les priorités des autorités maliennes et s’inscrit dans le Programme national de sauvegarde du fleuve Niger, adopté par le gouvernement en 2016. Le projet PREEFN contribuera donc à rendre la navigation et les services portuaires plus efficaces tout le long du fleuve et prouvera qu’il est possible de restaurer l’environnement et d’améliorer les moyens de subsistance dans l’un des écosystèmes les plus fragiles du pays”, analyse Soukeyna Kane, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Mali.
Le projet procèdera à des opérations ciblées de dragage des bancs de sable et participera à la remise en état des ports à Macina, dans la région de Ségou, et à Diafarabé, dans la région de Mopti.
“La restauration de l’environnement dans le bassin de fleuve Niger conjuguée à l’amélioration des systèmes de transport soutiendra l’amélioration des moyens de subsistance des communautés qui dépendent de cette ressource pour vivre”, conclut Hocine Chalal, chef d’équipe du projet à la Banque mondiale.
Le projet PREEFN est le fruit d’une approche participative qui a permis de consulter des membres de la société civile, les autorités locales et les départements techniques décentralisés dans les zones retenues pour les investissements envisagés. Ce processus de consultation a privilégié l’identification d’opportunités pour les groupes les plus fragiles de la population, notamment les femmes et les jeunes.
L’Association internationale de développement (Ida) est l’institution de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres de la planète. Fondée en 1960, elle accorde des dons et des prêts sans intérêt en faveur de projets et programmes de nature à stimuler la croissance économique, à réduire la pauvreté et à améliorer la vie des plus démunis.
L’Ida figure parmi les principaux bailleurs de fonds des 75 pays les plus pauvres de la planète, dont 39 se trouvent en Afrique. Ses ressources * permettent d’apporter des changements positifs dans la vie de 1,5 milliard de personnes résidant dans les pays éligibles à son aide.
Depuis sa création, l’Ida a soutenu des activités dans 113 pays. Le volume annuel des engagements est en constante augmentation et s’est élevé en moyenne à 18 milliards de dollars au cours des trois dernières années, 54 % environ de ce montant étant destinés à l’Afrique.
Avec cette action, la Banque mondiale répond à un souci, celui des nombreuses associations qui se battent pour la sauvegarder de ce patrimoine qui arrose une bonne partie du pays.