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Opinion : Le choix d’un bon candidat s’impose pour le bonheur des Maliens Ni IBK ni Soumaïla Cissé
Publié le mardi 20 mars 2018  |  confident
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© aBamako.com par A S
Le Président IBK a reçu le chef de file de l`opposition Soumaila Cissé à Koulouba
Le Président de la République, BK a reçu le chef de file de l`opposition Soumaila Cissé à Koulouba, le 3 Mars 2017.
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Contrairement à une idée répandue chez nous, notre pays n’a pas besoin d’une nouvelle génération de démocrates ni de technocrates bardés de diplômes aussi nombreux qu’inutiles, moins corrompus et plus patriotes que compétents. En fait, le Mali n’a aucun besoin d’une guerre de génération qui mènerait au pouvoir une nouvelle génération de leaders prétendument patriotes et honnêtes prête à faire exactement la même chose que la précédente par pure stupidité, par ignorance, par incompétence, et par manque de préparation. It’s about being smart, stupid.

“It’s the economy, stupid”. C’est un Bill Clinton particulièrement inspiré qui a lancé cette petite phrase choc dans la campagne présidentielle américaine de 1992, dans l’espoir de renverser une situation qui semblait au départ fort compromise. En effet, l’adversaire de Bill Clinton à l’époque, George Bush père, venait de mener de main de maître l’armée américaine à sa première victoire militaire depuis sa défaite humiliante au Vietnam, et l’Amérique à la plus grande victoire politique et diplomatique de son histoire.

Sur le plan politico-diplomatique, George Bush senior avait réussi la prouesse exceptionnelle de mettre en place et surtout d’entretenir jusqu’au bout une coalition mondiale contre l’Irak, constituée d’ennemis traditionnels des Etats-Unis comme la Russie et la Chine, et d’antagonistes aux positions irréconciliables comme Israël et les pays arabes.

Sur le plan militaire, la guerre fut menée avec une maîtrise totale par le trio Bush-Powell-Schwarzkopf, tant et si bien que c’est un George Bush au sommet de sa gloire, avec une popularité fluctuant entre 94 et 96 % dans les sondages d’opinion, qui se présenta devant le Congrès pour faire le bilan de sa guerre à quelques mois seulement de la campagne pour sa réélection. C’est donc un euphémisme que de dire que le candidat Clinton avait particulièrement intérêt à déplacer le débat du terrain politique entièrement miné au terrain économique.

Sur ce terrain, il avait beau jeu de rappeler régulièrement à George Bush père sa propre petite phrase choc prononcée quelques années auparavant : “read my lips : no new tax” (lisez-le sur mes lèvres : pas de nouvelles taxes). Cette phrase, qui avait fait le tour des chaînes de télévision en Amérique et dans le reste du monde, n’avait pas pu résister au déficit abyssal créé dans le budget américain par les réductions d’impôt massives du reaganisme qu’aucune des mesures compensatoires proposées et appliquées à l’époque comme les coupes sombres dans l’administration et les services sociaux n’était parvenu à résorber. A la surprise de nombre d’observateurs de la scène politique américaine, Bill Clinton finit par remporter l’élection présidentielle de 1992, moins d’un an après la brillante victoire de Bush père en Irak.

Ce petit détour historique pour rappeler aux Maliens en cette période de précampagne, l’importance de saisir l’opportunité des élections pour initier des débats sérieux sur les vrais problèmes de notre pays, et de nous éloigner des attaques personnelles, des querelles de personnes qui n’apportent à chaque fois que désillusion à notre peuple. Plus d’un quart de siècle après l’instauration de la démocratie chez nous, il est plus que temps de sortir des débats stériles et futiles sur le patriotisme de nos candidats, leur probité et leur intégrité morales, les valeurs si chères aux nostalgiques de notre passé glorieux que plus personne, y compris ces mêmes nostalgiques, ne respecte, et de nous focaliser sur les problèmes réels de notre pays. D’autant que nous ne pouvons de toute façon jauger ces qualités et valeurs chez nos hommes politiques qu’à l’épreuve du pouvoir.

Le cas de l’actuel locataire de Koulouba est éloquent à cet égard. Cinq ans plus tôt, IBK a été élu par plus de 77 % des Maliens, non parce que le programme et le projet qu’il proposait pour le Mali étaient meilleurs que ceux proposés par les autres candidats. En fait, IBK n’a même pas proposé de programme ni de projet aux électeurs, se contentant de quelques promesses vagues comme la restauration de l’honneur et du bonheur des Maliens, la création de 200 000 emplois pour la jeunesse, etc. IBK a été élu à cause de la perception de plus de 77 % de Maliens qu’il réunissait toutes les qualités citées ci-dessus.

Si IBK est tant décrié aujourd’hui, en particulier par ces partisans de 2013, c’est moins à cause du sentiment diffus que les promesses faites n’ont pas été tenues que de la perception qu’il ne réunit pas les qualités que ces mêmes partisans lui attribuaient, de manière arbitraire d’ailleurs, en 2013. Le pire, c’est qu’aucune de ces perceptions n’est basée sur des faits concrets ou un jugement rationnel. Malheureusement la perception qu’auront les Maliens du patriotisme des futurs candidats, de leur probité et de leur intégrité morales, en d’autres termes les considérations d’ordre purement personnel, basées sur rien, risque d’être déterminante encore une fois dans le choix qu’ils feront dans quelques mois.

Loin de moi l’intention de prétendre que ces qualités ne sont pas importantes dans le choix de l’homme qui doit occuper pendant cinq ans la plus haute fonction dans notre pays, mais contrairement à la quasi-totalité de mes compatriotes, je considère qu’elles ne doivent pas être le seul critère ou le critère essentiel de choix de nos populations. Si ces critères devaient à eux-seuls ou principalement déterminer le choix que nous ferons en juillet prochain, nous nous retrouverions dans cinq ans dans les mêmes récriminations stériles sur la personne que nous aurons choisie, exactement comme nous le faisons aujourd’hui. Car en fait, chez nous aujourd’hui comme aux Etats-Unis à l’époque, “It’s the economy, stupid”. En effet, le problème du Mali en 2013 comme aujourd’hui, est que notre pays, comme tous les pays de l’Afrique sub-saharienne, a été vidé de toute activité économique.

C’est cette réalité que les débats stériles sur le patriotisme de nos hommes d’Etat, leur probité et leur intégrité morales, la perte de nos valeurs prétendues, etc., qui ressurgissent à l’occasion de chaque campagne électorale, vise à couvrir aux yeux de nos élites. La quasi-absence de toute activité économique génératrice d’emplois et de richesse dans notre pays comme ailleurs en Afrique est le résultat d’un travail intellectuel continu, méticuleux et méthodique, qui a mobilisé les élites du reste du monde au sein de think-tanks et autres cercles d’intellectuels créés spécialement à cet effet.

Pendant ce temps, nos élites sont confinées dans des débats stériles sur des questions périphériques sans pertinence aucune par rapport aux vrais enjeux. Le Mali, comme le reste des pays africains, a aujourd’hui moins besoin d’une élite patriote mais incompétente, de politiciens honnêtes qui n’existent nulle part dans le monde mais incompétents, que d’une élite et d’une classe politique capables de réfléchir au point d’identifier ses vrais défis, et de leur apporter de vraies solutions.

Nous avons besoin d’hommes d’Etat qui refusent de perdre la guerre intellectuelle qui fait rage dans le monde. L’un des mots favoris de l’actuel locataire de la Maison Blanche, Donald Trump, lors de la dernière campagne présidentielle américaine était “outsmart”, qui veut dire littéralement être plus malin que, pour expliquer comment selon lui, les dirigeants chinois en particulier, abusaient intellectuellement leurs homologues américains pour entretenir le déficit commercial abyssal des Etats-Unis vis-vis de la Chine. Outsmart est le mot approprié pour décrire la défaite quotidienne de nos élites dans la guerre intellectuelle qui fait rage dans le monde, dont ils ne sont même pas conscients, et qui explique la quasi-absence d’activité économique dans notre pays, qui à son tour explique notre dépendance de l’aide au développement.

Ni IBK ni Soumaïla Cissé

Je ne fais pas partie des plus de 77 % de Maliens qui ont voté IBK en 2013 sur la seule perception qu’il était “l’homme de la situation”. Le premier passage au pouvoir de ce combattant de la liberté des années 90 sous Alpha Omar Konaré avait déjà créé en moi la perception qu’il avait tendance à se croire au-dessus de la loi. Ce comportement de Mandé massa, qui n’a pas été démenti depuis par les faits, était à mon sens la menace la plus grave pour l’autorité derrière laquelle court notre Etat depuis 1991, et aurait été le coup de grâce au civisme dont il a tant besoin.

Je ne voterai pas non plus IBK en juillet prochain, parce que sa gestion irresponsable de ce qui est finalement devenu la crise du football malien a fini de confirmer à mes yeux cette propension qu’il a à se croire au-dessus de la loi. Je ne voterai pas non plus Soumaïla Cissé, un autre compagnon de lutte des années 90 (je n’étais qu’un des foot soldiers anonymes de cette lutte, qui n’avaient pas toujours l’opportunité de rencontrer sur le terrain plusieurs de ses grands acteurs comme Soumaïla Cissé).

Je ne voterai pas pour Soumi, pas pour des raisons personnelles, mais parce qu’il a été pendant une dizaine d’années le président de la Commission de l’Uémoa. Je le considère donc à ce titre comme complice passif et actif de l’escroquerie de classe mondiale qui a permis à des étrangers de faire main basse sur notre argent, les ressources financières dans nos banques, le peu de ressources générées par les rares activités commerciales et les services chez nous, aux fins de les détourner de leur objectif premier d’investissement dans la création de l’industrie indispensable au décollage économique de notre pays vers la spéculation boursière dans des contrées lointaines, nous rendant totalement dépendant d’investisseurs étrangers qui se font attendre depuis plus d’un demi-siècle, et de l’aide au développement qui n’a jamais rien développé dans aucun pays du monde.

Je ne voterai pas Tatam Ly, un homme que j’aurais choisi sans hésitation s’il n’avait pas servi pendant si longtemps à la BCEAO, qui sert d’interface entre nos banques et le marché international de la spéculation boursière dans la même combine honteuse. Quid de Mamadou Igor Diarra, qui fait valoir son appartenance à la nouvelle génération, sans nous expliquer ce qu’il a fait concrètement contre le détournement de nos ressources financières vers la spéculation boursière aux différents postes qu’il a occupés dans diverses banques dans notre pays et dans la sous-région ?

Kandioura

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