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Le PM malien à Kidal: Une revanche sur l’histoire
Publié le jeudi 22 mars 2018  |  lepays.bf
Passation
© aBamako.com par A S
Passation des pouvoirs à la primature
Bamako, le 02 janvier 2018 la Passation des pouvoirs à la primature entre Boubèye Maïga et Abdoulaye Idrissa Maiga
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C’est en principe aujourd’hui, 22 mars, que le Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maïga (SBM), foulera le sol de Kidal. La grande question qui taraude tous les esprits est de savoir si oui ou non, ce déplacement sera effectif. Et dans l’hypothèse où il mettrait les pieds dans la citadelle imprenable de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad), une autre question est de savoir si les maîtres absolus des lieux vont l’accueillir en tant qu’ami ou en personne indésirable.





Ces questions sont d’autant plus pertinentes que dans le passé, les déplacements des Premiers ministres dans cette localité, ont toujours été mouvementés. En rappel, le Premier ministre Oumar Tatam Ly a été le premier à faire face à l’hostilité de Kidal vis-à-vis de l’Etat malien. Son avion n’avait pas pu y atterrir et pour cause : la piste avait été occupée par des manifestants, visiblement instrumentalisés par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).

Soumeylou Boubeye Maïga réussira-t-il là où Oumar Tatam Ly et Moussa Mara ont échoué ?

La deuxième personnalité à avoir appris à ses dépens qu’il ne suffit pas d’être Premier ministre du Mali pour se rendre à Kidal, est Moussa Mara. En effet, répondant en son temps aux sollicitations des forces vives de la Nation, Moussa Mara y avait conduit une importante délégation gouvernementale. Mara, lui, en avait pris pour son grade. Les éléments de l’armée malienne qui l’avaient accompagné, ont tout simplement été massacrés pas les rebelles touaregs. Les soldats qui n’ont pas connu ce sort, ont eu la vie sauve grâce à leur talent d’athlètes. Moussa Mara, en tout cas, n’est pas prêt d’oublier cette chaude journée, puisque c’est grâce aux éléments de la Minusma (Mission des nations unies de soutien au Mali) qu’il n’était pas passé de vie à trépas. De ce point de vue, il n’est pas superflu de se demander si l’actuel Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maïga, réussira là où Oumar Tatam Ly et Moussa Mara ont lamentablement échoué. Cette question s’impose parce que la visite de SBM à Kidal, était annoncée depuis longtemps. Seulement, elle avait été repoussée ; car les maîtres des lieux avaient, comme toujours, posé des conditions. C’est pour n’avoir pas voulu s’y plier que Oumar Tatam Ly et Moussa Mara avaient été éconduits comme des malpropres. L’on peut donc supposer que l’actuel PM, tirant leçon du passé, n’a négligé aucun détail avant d’annoncer sa visite à Kidal. En tout cas, les propos qu’il a tenus peu avant son déplacement, permettent de dire qu’il y va avec la fleur au fusil. Extrait : « La meilleure démarche est de se rendre sur place, sans arrogance, avec le sens de l’écoute ». Par ces propos au ton lénifiant, Soumeylou Boubeye Maïga traduit toute sa différence d’approche de la question de Kidal. Et cela n’est pas pour déplaire à la CMA qui a toujours considéré la région de Kidal comme sa chasse gardée. L’honneur donc des ex-rebelles touaregs n’a pas été égratigné. De ce point de vue, Kidal a de fortes chances de ne pas lui fermer ses portes au nez. En plus de ces discours d’apaisement et d’humilité, Soumeylou Boubeye Maïga dispose d’autres atouts pour ne pas être humilié à Kidal comme l’avaient été, avant lui, Oumar Tatam Ly et surtout Moussa Mara. Le premier atout est qu’il connaît par cœur tous les contours de la problématique de la rébellion touarègue. A l’époque du Général Amadou Toumani Touré, c’est lui qui avait été mandaté par le président pour porter cet épineux dossier. Sans doute en a-t-il profité pour se faire beaucoup d’amis au sein de la CMA.

L’occasion est belle pour réaffirmer que Kidal fait toujours partie du Grand Mali

Le deuxième atout et non des moindres, de Soumeylou Boubeye Maïga, est que contrairement à ses prédécesseurs, il n’est pas un ouvrier de la 25e heure. Son troisième et dernier atout est qu’il est lui-même natif du Nord. Cette donne, surtout en Afrique, est capitale dans toute initiative tendant à pacifier et à calmer le chaudron de Kidal. Il réunit donc, l’un dans l’autre, les conditions objectives et subjectives pour relever le défi. Un autre élément à relever par rapport à cette visite, est le suivant : Soumeylou Boubeye Maïga, on se rappelle, a payé cher la déculottée de l’armée malienne suite à la visite de Moussa Mara. A l’époque, on se souvient, il avait été débarqué de son poste de ministre de la Défense. Sans être forcément responsable du drame, il avait accepté avec dignité son sort. Mieux, il n’a pas vacillé un seul instant par rapport à sa fidélité à Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK). Voir un tel homme rebondir au point de conduire une délégation du pouvoir à Kidal en tant que PM, peut être décrypté avant tout comme une façon pour lui de prendre sa revanche sur l’histoire. Au-delà des lauriers individuels que l’on ne manquera pas de lui tresser si sa visite à Kidal venait à être couronnée de succès, l’on peut dire que c’est tout le Mali qui gagne. Ce point de vue est d’autant plus pertinent que cette visite peut recevoir la double lecture suivante. D’abord, c’est son côté symbolique qui peut être mis en avant. En effet, la dernière visite d’une personnalité de son rang, remonte à Moussa Mara. L’occasion est donc belle pour réaffirmer à la face du monde et à celle de tous ses compatriotes, que Kidal, malgré son statut de chauve-souris, fait toujours partie du Grand Mali. La deuxième lecture qui peut être faite de ce déplacement, est d’ordre électoral.

En effet, à la veille de la présidentielle de 2018, IBK aura beau jeu de brandir cela comme un signe qui montre le caractère inclusif du scrutin à venir. Mais tout de même, sur la question de Kidal, il convient d’observer une prudence de Sioux. Car, à l’image du sable, tout y est mouvant. En attendant de vérifier aujourd’hui l’effectivité du déplacement du PM à Kidal, il est passé par le Centre du pays. Et tout le monde sait pourquoi. Dans cette partie du pays, il est en train de se développer un autre chaudron intercommunautaire. Et les djihadistes n’en demandent pas mieux.

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