Tessalit (Mali), 22 mars 2018 (AFP) - Le Premier ministre malien, Soumeylou
Boubeye Maïga, a entamé jeudi une visite dans le nord et le centre du pays qui
doit le mener à Kidal, ville sous contrôle de l'ex-rébellion, une première
depuis 2014.
Cette étape hautement symbolique, prévue dans l'après-midi, a été reportée
à vendredi, officiellement pour des raisons météorologiques. Dans la matinée,
une attaque contre le camp de la Mission de l'ONU (Minusma) et de la force
française Barkhane y a fait cinq blessés légers parmi les militaires français,
selon l'état-major des armées à Paris, ainsi que des dégâts matériels.
M. Maïga est arrivé en milieu de matinée avec sa délégation comprenant huit
ministres à Tessalit (nord-est), où il a rencontré les habitants et les
militaires maliens stationnés dans cette localité proche de la frontière
algérienne, a rapporté un correspondant de l'AFP.
Il devait y passer la nuit avec sa délégation à cause de mauvaises
conditions météorologiques, a-t-on indiqué de source officielle. L'avion "du
Premier ministre n'a pas pu décoller vers Kidal, à cause du mauvais temps.
L'étape de Kidal se fera donc demain vendredi", a déclaré à la presse une
personne chargée de l'organisation du voyage.
Dans un communiqué, le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, qui
participe à ce voyage, a condamné l'attaque, qualifiée de "tentative lâche
perpétrée par les ennemis de la paix dans le but d'entraver ces évolutions
positives symbolisées par la visite du Premier ministre à Kidal, qui est un
signal fort pour la paix et la réconciliation au Mali".
La ministre française des Armées, Florence Parly, a également estimé à
Paris qu'il existait "très probablement un lien entre cette attaque et
l'intention exprimée par le Premier ministre malien de se rendre à Kidal".
Lors de sa rencontre avec les militaires maliens, M. Maïga leur a promis de
les "mettre dans les meilleures conditions pour faire face à l'ennemi commun
qui est le terrorisme". "Il est important que vous sachiez que vous n'êtes pas
seuls".
'Sans arrogance' -
La députée de Tessalit, Aïcha Belco Maïga, s'est félicitée de cette visite.
"C'est la première fois depuis six ans qu'une haute autorité malienne vient à
Tessalit", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Le Premier ministre a pris bonne note de
nos problèmes", a-t-elle ajouté, citant les questions d'éducation et de santé.
Il doit également se rendre à Gao et Tombouctou, également dans le nord du
Mali, ainsi que dans plusieurs localités du centre du pays.
"Je me rendrai à Kidal, où depuis quasiment six ans, il n'y a pas
d'administration d'Etat", a expliqué mardi M. Maïga, en référence à la
rébellion de 2012 dans le nord du Mali. "La meilleure démarche est donc de se
rendre sur place, sans arrogance, avec le sens de l'écoute, connaître les
attentes urgentes des populations".
En octobre 2016, la rentrée des classes à Kidal s'était tenue en présence
du gouverneur désigné par le gouvernement, Koïna Ag Ahmadou, lors d'une
cérémonie avec levée du drapeau malien. Depuis, la présence de l'Etat était
très réduite.
L'Etat malien n'avait pas repris pied à Kidal depuis des combats en mai
2014 pendant une visite du Premier ministre de l'époque, Moussa Mara, qui
s'étaient soldés par une lourde défaite de l'armée face aux rebelles.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes
jihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l'armée face à la
rébellion, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.
Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en
2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire
internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et
étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la
signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix, censé isoler définitivement
les jihadistes, dont l'application accumule les retards.
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