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Soumeylou Boubèye Maïga au nord Mali, le retour mouvementé de l’Etat
Publié le vendredi 23 mars 2018  |  La Tribune Afrique
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© Autre presse par DR
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Pour ce premier retour de l’Etat depuis 2014 à Kidal, l’accueil a été loin d’être chaleureux. Tôt ce jeudi 22 mars (9h, heure locale) à Kidal, le camp servant de base à la Minusma et la Force Barkhane a été la cible d’une attaque à coups de tirs de mortier au cours de laquelle cinq soldats français ont été légèrement blessés en plus des dégâts matériels importants. Arrivé en milieu de matinée, le Premier ministre et huit membres de son gouvernement entament une tournée dans le nord et le centre du Mali pour marquer le retour de l’Etat dans ces zones qui échappent au contrôle de l’Etat dans la perspective de la présidentielle qui devrait se tenir en juillet 2018.

La dernière visite d'un Premier ministre malien dans la région de Kidal remonte à mai 2014. Peu avant de quitter ce fief sous contrôle de la Coordination des Mouvements de l'Azawad (CMA), la visite de Moussa Mara, Premier ministre de l'époque avait déclenché d'intenses combats qui ont conduit à la bérézina de l'armée malienne face aux groupes rebelles réclamant l'autonomie de l'«Etat» de l'Azawad.

Tournée de Maïga, un retour en grâce de l'Etat malien dans le nord et au centre
Trois ans plus tard, pour conjurer la malheureuse expérience de Moussa Mara, l'actuel Premier ministre dit être arrivé à Kidal « [...] où depuis quasiment six ans, il n'y a pas d'administration d'Etat. La meilleure démarche est donc de se rendre sur place, sans arrogance, avec le sens de l'écoute, connaître les attentes urgentes des populations». Après un déjeuner avec des soldats à Tessalit en début d'après-midi, Soumeylou Boubèye Maïga et sa délégation se sont rendus à Kidal. Leur périple devrait se prolonger dans les localités de Gao, Tombouctou, Mopti, Koro, Bankass, Bandjagara ou encore Djenné.

Depuis la rébellion de 2012, l'Etat malien, qui ne contrôle pas l'étendue du 1,2 million de kilomètres carrés de son territoire, a du mal à rétablir son autorité dans ces localités du nord ou du centre du pays aux prises avec les groupes rebelles et/ou terroristes. Malgré l'appui d'une Force Barkhane décriée pour sa présence en «zone rebelle» et de la Minusma, le pays a dû mal à trouver la formule magique de la sécurisation d'une zone devenue le cimetière des soldats maliens et étrangers et le théâtre d'attaques sur des civils. La tournée de Soumeylou Boubèye Maïga sonne donc comme un retour en grâce de l'Etat malien dans ces zones.

La restauration de l'autorité de l'Etat, une nécessité pour la tenue de l'élection
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«Dans chacune de ces localités, le Premier ministre ira à la rencontre des populations afin de s'imprégner de plus près de leurs préoccupations en vue d'y apporter des solutions concrètes, conformément à sa feuille de route et au Programme présidentiel d'urgences sociales», affirme un communiqué gouvernemental. Dans ses valises, le demi-milliard de FCFA promis lors d'une visite en février au centre du Mali, en soutien à l'armée malienne pour ses actions. Le défi se trouve ailleurs.

A quatre mois de la présidentielle de juillet, l'Etat devrait taper du poing sur la table face aux groupes qui lui disputent ses compétences. Le ménagement d'une CMA, qui pousse l'arrogance jusqu'à imposer des conditions préalables lors de la visite de hauts dignitaires d'Etat malgré la reconnaissance de l'autorité de l'Etat sur les territoires sous son contrôle avec l'accord d'Alger, n'aurait que trop duré.

Pour marquer son retour, l'administration malienne devrait nommer des fonctionnaires dans le nord et le centre du Mali. A Bamako, les mauvaises langues inscrivent déjà cette visite du chef de gouvernement dans le cadre d'une «approbation» de la nomination de ces futurs fonctionnaires. La restauration de l'autorité de l'Etat devient une nécessité. Peut-être même que la crédibilité d'une élection en dépend.
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