Kidal (Mali), 23 mars 2018 (AFP) - Le Premier ministre malien Soumeylou
Boubeye Maïga est arrivé vendredi à Kidal, une première depuis près de quatre
ans dans ce bastion de l'ex-rébellion dans le nord du Mali, où une attaque
jihadiste la veille a blessé cinq militaires français.
L'hélicoptère amenant M. Maïga et sa délégation s'est posé peu après 10H00
GMT sur la base de la Mission de l'ONU (Minusma), où le chef de la Minusma,
Mahamat Saleh Annadif, est venu l'accueillir, a constaté un correspondant de
l'AFP.
Il devait ensuite rencontrer les autorités locales.
M. Maïga a entamé jeudi avec huit de ses ministres une tournée dans le nord
et le centre du pays, par une étape à Tessalit (nord-est), près de la
frontière algérienne, où il a dû passer la nuit après le report à vendredi de
l'étape hautement symbolique de Kidal, officiellement pour des raisons
météorologiques.
Jeudi matin, une attaque contre le camp de la Minusma et de la force
française Barkhane y a fait cinq blessés légers parmi les militaires français,
selon l'état-major des armées à Paris, ainsi que des dégâts matériels.
Le "Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans", principale alliance
jihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda, formée en 2017 et dirigée par le chef
islamiste touareg malien Iyad Ag Ghaly, a revendiqué cette attaque.
Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, le groupe affirme que
ses combattants sont parvenus à tirer une salve de roquettes sur le camp,
"malgré les strictes mesures de sécurité prises par l'ennemi pour accueillir
le Premier ministre du gouvernement collaborateur malien".
Le chef de la Minusma a condamné l'attaque, qualifiée dans un communiqué de
"tentative lâche perpétrée par les ennemis de la paix dans le but d'entraver
ces évolutions positives symbolisées par la visite du Premier ministre à
Kidal, qui est un signal fort pour la paix et la réconciliation au Mali".
La ministre française des Armées Florence Parly a également estimé jeudi à
Paris qu'il existait "très probablement un lien entre cette attaque et
l'intention exprimée par le Premier ministre malien de se rendre à Kidal".
- Difficile retour de l'Etat -
La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante
touareg) n'a pas officiellement posé de conditions à la venue de M. Maïga.
En octobre 2016, la présence lors de la rentrée des classes du gouverneur
de Kidal lors d'une cérémonie avec levée du drapeau malien avait esquissé un
début de retour de l'Etat dans cette zone.
L'Etat malien n'avait pas repris pied à Kidal depuis des combats en mai
2014 pendant une visite du Premier ministre de l'époque, Moussa Mara, qui
s'étaient soldés par une lourde défaite de l'armée face aux rebelles.
A Tessalit, M. Maïga a rencontré les habitants et déjeuné avec les
militaires maliens stationnés dans cette localité.
Il a promis aux militaires maliens de les "mettre dans les meilleures
conditions pour faire face à l'ennemi commun qui est le terrorisme". "Il est
important que vous sachiez que vous n'êtes pas seuls", leur a-t-il dit.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes
jihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l'armée face à la
rébellion, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.
Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en
janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire
internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et
étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la
signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix, censé isoler définitivement
les jihadistes, dont l'application accumule les retards.
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