C’est arrivé dans la matinée d’hier, lundi 26 mars au quartier du fleuve, dernière le siège d’Ecobank, dans une cour contiguë à l’ex-siège de la BSIC, en face de la base B. En effet, un enfant de moins de 5ans a trouvé la mort, suite à un litige foncier opposant l’opérateur économique Oumar Niagadou, alias « Petit Barou » à l’ancien ministre des finances d’ATT, et non moins ami personnel de l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé. Il s’agit de Sanoussi Touré, ancien cadre de l’UEMOA, en retraite apaisée dans son champ de Tabakoro. De quoi s’agit-il ?
Oumar Niagadou a acheté avec les héritiers de feu Seydou Koné un grand terrain dans ce quartier huppé de Bamako. L’ancien ministre des finances, réputé être un propriétaire terrien, conteste l’acquisition de ce terrain par l’homme d’affaires. Rapidement la justice est saisie par les parties. Première instance, Oumar Niagadou sort victorieux. Cour d’Appel, Sanoussi Touré trouve un jugement favorable. Ainsi, sans entendre la grosse, l’ex-argentier du Mali saisi Me Moussa Berthé, huissier de justice pour expulser le gardien de Oumar Niagadou par force, des lieux, en défonçant le grand portail, portes et fenêtres de la chambre du gardien.. Au même moment, ce dernier envoie des ouvriers sur le site pour démarrer rapidement les travaux, avec les grands moyens. Ce n’est pas tout. Un détachement de la garde nationale sécurise l’exécution correcte des travaux.
Seulement voilà : le grand portail défoncé n’a pas été solidement fixé. Résultat : il tombe, à la grande surprise de tout le monde, sur le petit garçon du gardien qui meurt sur le champ. Celui-ci est vite transporté à la morgue de l’hôpital Gabriel Touré.
Informé de cette nouvelle, votre fidèle serviteur se rend immédiatement sur les lieux, constate d’un côté les parents du gardien, regroupés autour d’un grand manguier pour organiser le deuil, de l’autre, des ouvriers qui continuent de travailler, sous l’œil vigilant des gardes, comme si rien était, comme s’il s’agissait de la mort d’un chien, excusez-moi du peu.
Sur place, nous avons rencontré l’avocat de Oumar Niagadou, Me Mohamed Bakary Bouaré. Celui-ci nous explique qu’il a porté plainte à la gendarmerie du camp I pour homicide involontaire. Le père de l’enfant tué était déjà en interrogatoire chez les bidasses. La plainte concerne à la fois l’huissier, l’entrepreneur le prétendu propriétaire des lieux, en l’occurrence Sanoussi Touré.
Ce qu’est inacceptable, c’est qu’au moment où nous quittions les lieux, aux environs de 15h, il n’y a eu aucune compassion du trio impliqué dans cette homicide involontaire. Au contraire, les travaux se poursuivaient. Aucun soutien moral ni matériel n’a été manifesté selon les proches du défunt. C’est bien cette situation inhumaine, qui jure avec nos valeurs traditionnelles, musulmanes, qui justifie de notre point de vue cette plainte.
Cette attitude de Sanoussi Touré prouve à suffisance l’indifférence des intellectuels embourgeoisés à l’endroit des pauvres, rappelle que les spéculateurs fonciers ne reculent devant rien y compris la mort. Que Dieu ait pitié de l’enfant et donne beaucoup de courage à ses parents.
Rappelons que depuis le vendredi 23 mars l’huissier a été mis en garde de l’exécution du jugement avant la signification de l’arrêt de la Cour d’appel. Ce document devant faire courir les voies de recours. Sachant bien que l’appel devant la Cour suprême est suspensif en matière mobilière et foncière, l’huissier a exécuté une décision, qui est loin d’être définitive. On comprend bien que celui-ci ait été mis en mission par le plaignant Sanoussi Touré, sur la base d’un jugement non définitif. Pour un ancien ministre de la République, il n’y a point de circonstances atténuantes, avec le drame qui s’en est suivi. La loi est dure mais c’est la loi. L’huissier de justice doit aussi répondre de cette forfaiture. Quant à l’entrepreneur, son manque de rigueur, en fixant légèrement la porte dans un endroit où passent des enfants, doit lui être reproché conformément à la loi. A suivre