Le Premier ministre et sa délégation ont fait leur entrée à Gao en début de nuit du vendredi 23 mars. La Cité des Askia a réservé un accueil populaire à l’un de ses fils qui dirige aujourd’hui l’équipe gouvernementale. Parades de chevaux, chants et danses ont rythmé le trajet de Soumeylou Boubèye Maïga de l’aéroport au pied-à-terre. Le lendemain, le chef du gouvernement a enchaîné les activités : inauguration d’un système d’hydraulique villageois (SHV), visite aux notabilités, remise des kits et rencontre avec des forces vives de la région. Ce fut une journée particulièrement longue qui a démarré avec l’inauguration symbolique de l’adduction d’eau dans le quartier Gadeye. L’infrastructure a été mise en service, en présence de plusieurs ministres, du gouverneur de la Région, le Colonel-major Sidiki Samaké, des autorités locales et d’une foule de personnes venues manifester leur joie.
Au total, 13 SHV ont été réalisés au bénéfice des populations de Gao, dans le cadre du programme présidentiel d’urgences sociales. Ces infrastructures ont coûté plus de 624, 898 millions de FCFA au trésor public. Juste après cette inauguration, le chef du gouvernement et sa suite ont rendu une visite de courtoisie à des leaders communautaires. Le chef Arma, le président du cadre de concertation de Gao, le chef Songhoï, le représentant des Touaregs à Gao, le chef de la communauté arabe et l’imam ont successivement reçu la délégation. Ensuite, le Premeir ministre a procédé à la remise de divers kits (maraîchage, mécanique tricyles…) aux femmes et aux jeunes, avant de rencontrer les cadres de la région dans la salle de conférence du conseil de cercle.
Le gouverneur de la Région, après avoir rappelé que Gao a été durement frappée par la crise multidimensionnelle, a témoigné du retour des agents de l’Etat. Aussi, s’est-il réjoui de la reprise des activités économiques qui se développent grâce, notamment à l’appui des partenaires. Cependant, a déploré le colonel-major Sidiki Samaké, la campagne agricole 2017-2018 fut déficitaire. D’où la nécessité de renforcer certaines zones menacées par l’insécurité alimentaire. Des efforts doivent être également faits sur le plan sécuritaire. La situation peine à s’améliorer à cause des braquages et autres actes de banditisme, particulièrement dans la ville de Gao. Ainsi, le gouverneur a préconisé le renforcement des effectifs des unités des forces de défense et de sécurité et leur dotation en moyens conséquents. L’effectivité du DDR, selon lui, pourrait aussi contribuer à améliorer considérablement le climat sécuritaire.
En réponse aux préoccupations relatives à l’éducation, le chef du gouvernement a autorisé les mairies et les autorités intérimaires à recruter des enseignants bénévoles qui auront un salaire forfaitaire de 50000 FCFA par mois. Les établissements scolaires détruits notamment à Almoustrate et Intillit seront réhabilités. Des cantines scolaires et des forages verront le jour dans tous les établissements où le besoin se fait sentir.
«Nous demandons aux maires et aux préfets de faire des missions de sensibilisation incitant les enfants à fréquenter l’école», a lancé Soumeylou Boubèye Maïga qui promet de rouvrir les écoles fermées du fait de la crise sécuritaire.
La récurrente question de l’emploi n’a pas été occultée. Sur ce chapitre, le chef du gouvernement a annoncé que 900 jeunes des Régions de Gao et de Ménaka vont bientôt suivre une formation professionnelle. Un camp de jeunes sera également réalisé à Gao. Le Premier ministre a demandé au gouverneur de trouver un espace de 5 hectares pour la réalisation de ce projet. Soumeylou Boubèye Maïga a également annoncé la réhabilitation par le gouvernement de la voie reliant la ville à l’aéroport pour un montant de 5,3 milliards de FCFA. Cette somme est déjà disponible, a-t-il assuré. Et pour ces travaux, le gouvernement veillera à ce que les entreprises locales soient favorisées, a-t-il ajouté. Soumeylou Boubèye Maïga a rappelé que le gouvernement a de grandes ambitions pour Gao et pour les autres Régions du Mali. Mais, «rien n’est possible tant qu’on n’aura pas instauré la sécurité», a-t-il fait savoir. Ainsi, la sécurisation des Maliens et de leurs biens tient une place de choix dans l’agenda du Premier ministre. Il a promis que très rapidement les meilleures formules seront trouvées pour mieux sécuriser les axes routiers dans la région de Gao. Il a appelé les populations à jouer leur partition dans le combat contre les forces du mal. Il les a aussi exhortés à s’unir, à cultiver et entretenir la cohésion sociale. «Nous devons tout faire pour surmonter toutes les contradictions entre nous et préserver la paix», a-t-il martelé, rappelant qu’aucun investisseur ne voudra mettre un sou dans une région où les citoyens donnent l’impression d’être permanemment divisés.