La «respectable institution» judiciaire passe manifestement pour le maillon le plus faible du mécanisme électoral malien. C’est à cette conclusion que sont arrivés tous les observateurs occidentaux du processus électoral suivi de près à quelques mois du scrutin du 29 juillet prochain. Dans le cadre de l’accompagnement dudit processus, en effet, les concertations se multiplient avec les acteurs nationaux impliqués dans les élections.
Et force est de constater que tous retiennent de leur entretien avec les interlocuteurs internationaux la très mauvaise impression que ces derniers gardent du collège de Sages maliens et de leur arbitrage très mitigée des scrutins présidentiels et législatives. Ils trouvent, en clair, que les juges constitutionnels maliens abusent allègrement de l’insuffisance criante des textes régissant leur institution en manipulant les résultats électoraux à la tête des protagonistes du jeu. Et de suggérer par conséquent que soit revisité et corrigé en amont des élections générales de 2018 l’arsenal législatif en vertu duquel il agissent sur les scrutins concernés. Beaucoup de victimes de la Cour constitutionnelle adhèrent d’ores et déjà à ladite suggestion, qui ne semble guère agréer pour l’heure les décideurs.
IBK retire de l’autre ce qu’il donne d’une main à la presse
C’est le grand spleen depuis quelques semaines dans le petit monde malien des médias. Au lieu d’être renforcés en cette veille de période électorale, les journaux vivent l’angoisse et le désarroi d’être privés d’un appui négligeable ou conséquent selon les proportions du partenariat qu’ils entretiennent avec Koulouba. Tous, à de rares exceptions près, ont appris, par correspondance de la Cellule de communication, la réduction drastique du nombre d’exemplaires auquel la présidence de la République est abonnée. Selon la périodicité des journaux, d’aucuns passent d’une cinquantaine à la dizaine et d’autre de la centaine à la vingtaine.
La première institution de la République économise ainsi plusieurs dizaines de millions qu’elle peut réorienter vers d’autres chapitres plus prioritaires que la presse, surtout que cette dernière se distingue au Mali par une qualité très peu enviable doublée d’une gênante liberté de ton. En ponctionnant ainsi sur le budget des abonnements, le chef de l’Etat retire un gros morceau de pain de la bouche des médias maliens qui bénéficient d’une aide annuelle de plusieurs centaines de millions prélevés sur les ressources présidentielles. Ladite aide connaît une hausse progressive depuis deux années, une tendance manifestement contrariée par la baisse des abonnements.