Le Groupement patronal de la presse a marqué les 27 ans de l’avènement démocratique au Mali par une conférence-débat, dimanche matin, autour du thème «Mouvement démocratique : défis et perspectives 27 ans après». Ont été conviés pour la circonstance des acteurs historiques de l’époque comme Ali Nouhoum Diallo pour le compte du Mouvement ou encore Choguel Maiga, proche du régime emporté par les événements de 1991.
C’est au président du Groupement patronal en personne, Chahana Takiou du journal 22 Septembre, qu’il est revenu d’assurer la modération du débat à l’entame duquel il a déploré l’absence d’un représentant du RPM et de Me Mountaga Tall. Suivront ensuite les interventions des invités, à commencer par Ali Nouhou Diallo qui s’est insurgé de prime abord contre l’absence de Choguel Maiga pourtant annoncé dans décor, avant de déplorer l’absence de l’ancien Président Alpha Oumar Konaré et de son PM d’alors Ibrahim Boubacar Keita. L’ancien député de Douentza, qui s’est montré très évasif sur le bilan des 27 années écoulées, estime que chacun de ses deux camarades avait sa place dans le débat pour donner des explications aux Maliens. Et de mettre en garde par la même occasion sur les risques d’effritement d’un pays qui échappe à toute gouvernance, à l’exception de l’Ouest et d’une partie du Sud.
Le Dr Choguel Kokala Maiga s’est dit pour sa part heureux d’être invité pour la première fois au genre de rendez-vous où seuls les acteurs démocratiques se retrouvent souvent pour se contredire. À ses yeux, le mensonge d’Etat a pris une ampleur qui a eu raison du Mali et c’est parce que les acquis du régime défunt de Moussa Traoré que les pouvoirs successifs ont patiné dans la gestion de l’Etat pendant que le Mali ne se résume pas à la seule période démocratique.
Mais Choguel Maiga aura jeté un grand pavé dans la mare en soutenant que la presse malienne doit une fière chandelle au régime défunt pour le vote de la loi de 1988. Et de taxer de «plus répressif» le texte de 1993 sur la corporation. Quant au système éducatif, il est plus tourné vers la quantité que la qualité, estime l’ancien ministre de la Communication en magnifiant l’ordre ancien de son mentor Moussa Traoré et en suggérant comme alternatif à la dérive actuelle de mettre l’accent sur les écoles professionnelles.
Les prises de position biaisées du président du MPR ont inspiré une réaction sèche au confrère Belco Tamboura, lequel lui a rappelé que la fameuse loi sur la presse de 1988 ne contenait qu’un seul aspect : la reconnaissance de la liberté d’imprimer. Pour le Directeur de la Publication du journal l’Observateur, le Dr Maiga évoque les acquis du régime Moussa Traoré en éludant le fait qu’ils sont rendus caducs par certaines revendications sociales et populaires : justice sociale, la liberté d’expression et de réunion, etc.
Tamboura saluera néanmoins les organisateurs pour avoir invité Choguel Maiga, d’autant qu’aucun adepte des idéaux de Moussa Traoré n’avait eu l’occasion par le passé de prendre part aux débats commémoratifs du 26 Mars. Quant aux 27 ans, il estime que l’heure n’est plus au bilan, plutôt les acquis et faiblesses de l’ère démocratique.
En tirant les rideaux sur la confrontation de trois heures d’horloge, le modérateur Chahana Takiou a annoncé que d’autres débats de portée similaire sont inscrits au programme d’activités du Groupement patronal de la presse et donneront l’occasion à d’autres acteurs de se prononcer sur les péripéties de la démocratie malienne.