Le Comité syndical de l’IUG demande l’audit des fonds de l’Unité de Formation et de Production (UFP, communément appelée ‘’Cours du soir’’).
Cette requête du syndicat intervient à la suite du non-paiement depuis janvier 2018 des heures supplémentaires dues aux enseignants de l’IUG dans le cadre des cours dispensés justement à l’UFP. S’il intervenait, cet audit pourrait causer d’énormes ennuis à plusieurs responsables ayant eu à gérer lesdits fonds, qui ont servi ou servent encore à l’IUG/UFP, mais aussi et surtout au rectorat dirigé d’une main de fer et de façon paternaliste par le ‘’très arrogant’’ professeur Samba Diallo,comme le qualifient de nombreux enseignants dont le recteur n’avait même pas daigné rencontrer les représentants pour discuter de la crise liée au non-paiement des heures supplémentaires. Non-paiement, du reste, non justifié puisque ce sont des fonds disponibles et générés par les enseignants de l’IUG.
Une manne de quelque 150 millions par an
Rappelons que, bon an mal an, l’UFP génère quelque 130 à 150 millions de francs CFA par an. En tant que tutelle, c’est le rectorat qui est l’instance suprême de gestion desdits fonds. Aux dires de nombreux enseignants de l’établissement, il n’y a jamais eu de transparence dans la gestion des fonds : « On ne sait tout simplement pas ce qu’on en fait depuis de nombreuses années. Personne ne rend compte, et pire, malgré qu’elle génère tous les ans des dizaines de millions, l’école continue à manquer de salles de cours. Au point que professeurs et étudiants de la première année sont obligés d’errer d’école à école (Lycée Kankou Moussa d’abord, ensuite Institut Cheick Zayed, Lycée Kankou Moussa à nouveau) dans des conditions souvent déplorables », dénonce un enseignant.
Alors, où va l’argent de l’UFP ?
Qui en profiterait illégalement ? Et pourquoi crée-t-on tant de problèmes à des enseignants qui, contrairement à la plupart de leurs collègues, contribuent à alimenter les caisses de ‘’l’Etat’’ (à moins que ce ne soient les poches de quelques indélicats individus) ? Autant de questions que l’on se pose à juste titre, et auxquelles un audit permettrait d’apporter des réponses vivement attendues.
C’est dire que le recteur, Samba Diallo, à quelques mois de la fin de son mandat de recteur (mai 2018, dit-on) et de la retraite (décembre 2018) pourrait ne pas profiter d’une retraite paisible. Toutefois, même s’il est la première autorité concernée dans l’affaire, il est loin d’être le seul responsable concerné. Les millions de l’UFP ont, semble-t-il, fait les beaux jours de bien de responsables du monde universitaire malien. Mais, quand on sait la nature des relations entre ces responsables et des personnalités haut placées, il semble peu probable que la requête du syndicat soit suivie d’effet ; difficile, en effet, de se faire harakiri.
« Institut Universitaire de Guerre »
Pour mémoire, l’UFP est une initiative des enseignants de l’IUG de retour du Canada dont ils s’étaient inspiré du modèle, visant à la fois à assurer la formation continue (notamment d’agents de l’Etat ne pouvant suivre les cours du jour), mais aussi une source de revenus supplémentaires, dont une partie reviendrait à l’établissement d’accueil, en compensation de l’utilisation de ses infrastructures, du genre donnant donnant.
Usurpation par l’Etat
Malheureusement pour ces enseignants visionnaires, n’ayant pas pris les précautions juridiques nécessaires, et avec la complicité de camarades mécontents ou jaloux, l’Etat, à travers certains cadres félons, s’est approprié le joyau visiblement jugé ‘’trop important’’ pour de pauvres enseignants trop prétentieux. La vérité saute à l’œil. L’Etat n’est pas un opérateur économique, encore moins dans le secteur de l’éducation dont la gratuité est garantie par la Constitution elle-même. Voilà sommairement ce qui a fait de cette école ‘’l’Institut Universitaire de Guerre’’.