Plus d’un an après la mort de Cheick Ag Haoussa, n°2 du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), les résultats de l’enquête menée par la Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) n’ont pas été dévoilés.
Samedi 8 octobre 2016. Au crépuscule, le chef militaire du HCUA, Cheick Ag Haoussa, figure de proue de l’ex-rébellion est mort dans des circonstances troubles. Son véhicule, un pick-up gris, a explosé à environ 300 mètres du camp de la Minusma, situé au sud de la ville de Kidal. Ce jour-là, l’ex-collaborateur d’Iyad Ag Ghali, venait de prendre part à une réunion sécuritaire avec d’autres chefs des groupes armés, de la force française Barkhane et de la mission onusienne au Mali.
Selon les témoins, à la fin de la rencontre, les membres de la délégation ont prié ensemble devant le camp avant de reprendre la route pour la ville. Mais Cheick Ag Haoussa n’a pas suivi ses compagnons. “Il est resté sur le lieu de la prière pendant un bon moment. Les autres étaient déjà partis quand le véhicule explosait”, raconte un des témoins. Notre source, un habitant de Kidal, affirme qu’il était présent sur les lieux de l’incident environ une dizaine de minutes après la déflagration.
“En moins de 30 minutes le véhicule et son occupant ont été complètement calcinés. Aucune force militaire n’est intervenue dans les premières minutes et les autres membres de la délégation étaient déjà loin”, témoigne-t-il.
Ilad Ag Mohamed, membre de la CMA précise : “Le téléphone portable et l’arme AK 47 de la victime ont été propulsés hors du véhicule”.
Un responsable de la jeunesse à Kidal, ajoute que le véhicule a été conduit hors du camp par un officier du HCUA. “Cheick Haoussa était au téléphone. Après la prière, il a récupéré la clef de sa voiture avec son frère d’arme”, affirme-t-il. Ce dernier serait un proche de Mohamed Ag Nazim chef militaire du MNLA. Il est mort en juin 2017 au cours d’un combat entre groupes armés.
Le doute persiste
Le véhicule a-t-il été piégé ou a roulé sur une mine ? Difficile de répondre avec exactitude. Une enquête a été menée par la Minusma, mais les conclusions n’ont toujours pas été publiées. Selon la mission onusienne, le rapport d’enquête a été transmis au secrétariat général des Nations unies en avril 2017.
“C’est la seule autorité en mesure de fournir des informations aux autorités maliennes sur leur demande”, précise Myriam Dessables, attachée à la Minusma. Du côté du ministère des Affaires étrangères, ils affirment n’avoir aucune information sur ce rapport. Idem au sein de la force française Barkhane.
Cependant, plusieurs sources affirment qu’il n’y avait pas de cratère sur les lieux. “Ce n’est pas une mine artisanale. C’est un engin explosif industriel très sophistiqué qui a été placé sur son véhicule”, croit savoir notre source. Plusieurs responsables de la CMA soutiennent cette hypothèse. Toutefois, ils affirment ignorer les éventuels auteurs.
“Nous ne pouvons accuser personne sans preuve”, déclare Ilad Ag Mohamed, cadre de la CMA. Dans le même périmètre, selon plusieurs sources, des véhicules ont déjà roulé sur des mines. Mais, disent-ils, “le cas de Cheick Ag Haoussa était différent des autres par l’absence du cratère et la puissance du feu”.